Chaque automne à Carhaix, la Fête du Livre de Bretagne rassemble la quasi-totalité des maisons d’édition bretonnes et quelque 300 auteurs. La 36ème édition, qui se tiendra les 25 et 26 octobre 2025, fera escale en Kabylie. Une première dans l’histoire de l’événement organisé par Egin, le centre culturel breton. « Depuis trois-quatre ans, Nono (un dessinateur bien connu des lecteurs de Télégramme) nous incite à nous pencher sur la civilisation berbère. En y regardant de plus près, nous avons trouvé le sujet trop vaste et avons choisi de nous concentrer sur une de ses composantes : la Kabylie », explique Charlie Grall, président du festival.
Une résonance avec la Bretagne
Les organisateurs y ont vu une résonance avec la Bretagne. « La Kabylie a aussi une histoire et une langue très riches et les Kabyles défendent bec et ongles leur culture », explique Charlie Grall. Une fois le thème choisi, les responsables d’Egin se mettent en quête d’un président d’honneur et, par l’intermédiaire de Kabyles vivant à Paris, entrent en contact avec Ferhat Mehenni, réfugié politique en France. Cet écrivain, poète et chanteur, né en 1951, est le fondateur du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), né au lendemain du « Printemps kabyle » de 2001. Il est également président du Mouvement kabyle provisoire. Gouvernement en exil (Anavad). « Ferhat Mehenni s’est produit à la Fête du Peuple Breton à Brest en 1982. Il a été enthousiaste lorsque nous lui avons proposé la présidence d’honneur du festival et a tout de suite dit oui », souligne Charlie Grall.
Initiative bretonne pour la libération des prisonniers d’opinion en Algérie
Une rencontre avec l’auteur de « La question kabyle » a eu lieu le 11 janvier à Quimper à l’occasion de sa visite pour le nouvel an berbère. Le Festival du livre de Carhaix a profité de cette rencontre pour lancer une initiative bretonne en faveur de la libération immédiate de l’écrivain Boualem Sansal, emprisonné depuis mi-novembre en Algérie pour atteinte à la sûreté de l’Etat, « et de tous les prisonniers d’opinion en Algérie.
Cet accueil de Ferhat Mehenni intervient dans un contexte marqué par les tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie. «C’est une coïncidence. Lorsque nous avons choisi le thème du prochain festival, dans les jours qui ont suivi la 35e édition, ce n’était pas le cas. Nous espérons que ces tensions s’apaiseront et que les relations entre les deux pays se normaliseront», confie le président d’Egin.
-Et ce dernier indique que la fête carhaisienne s’attachera à mettre en valeur l’identité culturelle et linguistique de la Kabylie. “Nous allons essayer de faire venir une délégation d’une dizaine d’écrivains kabyles et monter tout un stand comme nous l’avons fait pour le Québec.” Un film devrait également être projeté et une exposition montée. Les organisateurs espèrent également pouvoir proposer de la musique kabyle.
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