Le gouvernement israélien a approuvé samedi après minuit le plan de trêve avec le Hamas prévoyant la libération des otages détenus à Gaza en échange de ceux des prisonniers palestiniens, selon un bref communiqué officiel.
« Le gouvernement a approuvé le projet de libération des otages », indique ce texte publié par le cabinet du Premier ministre Benjamin Netanyahu. “Le plan de libération des otages entrera en vigueur le dimanche 19 janvier 2025”, ajoute le texte.
Le cabinet de sécurité israélien a donné vendredi son feu vert à l’accord de cessez-le-feu avec le Hamas dans la bande de Gaza, ouvrant la voie à l’entrée en vigueur de la trêve dimanche et à la libération le même jour des premiers otages en échange de détenus palestiniens.
“Après avoir examiné tous les aspects politiques, sécuritaires et humanitaires de l’accord proposé et considérant qu’il soutient la réalisation des objectifs de guerre”, le cabinet de sécurité “a recommandé au gouvernement d’approuver ce projet”, a indiqué le cabinet du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Malgré l’annonce d’un accord par le Qatar et les Etats-Unis, après plus de 15 mois de guerre, l’armée israélienne a poursuivi ses frappes aériennes sur le territoire palestinien, tuant plus d’une centaine de personnes depuis mercredi, selon les secours. .
L’accord destiné à mettre fin à la guerre prévoit dans une première phase de six semaines la libération de 33 otages détenus dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre, en échange de centaines de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
La fin définitive de la guerre sera négociée lors de cette première phase.
Les premières libérations devraient intervenir dimanche, a annoncé le gouvernement. Les familles des otages ont été informées et des préparatifs étaient en cours pour les accueillir.
Selon deux sources proches du Hamas, le premier groupe devrait être composé de trois femmes israéliennes.
En échange, Israël a accepté « de libérer un certain nombre de prisonniers importants », a indiqué l’une de ces sources.
Les autorités israéliennes ont désigné vendredi 95 détenus à libérer dimanche, en majorité des femmes et des mineurs, pour la plupart arrêtés après le 7 octobre, et ont indiqué avoir pris des mesures pour « empêcher toute manifestation publique de joie » à leur libération.
Deux Franco-Israéliens, Ofer Kalderon, 54 ans, et Ohad Yahalomi, 50 ans, figurent sur la liste des premiers otages à libérer, selon Paris.
Tous deux ont été kidnappés au kibboutz Nir Oz avec plusieurs de leurs enfants, libérés lors de la première trêve en novembre 2023.
“C’est le moment que nous attendions […]J’espère vraiment que nous verrons mon grand-père rentrer à la maison, debout, vivant », a déclaré vendredi à Tel Aviv Daniel Lifshitz, petit-fils d’Oded Lifshitz, 84 ans, kidnappé à Nir Oz.
« Retournez à notre terre »
Avant même le début de la trêve, les Palestiniens déplacés, chassés par les bombes et les combats, se préparent à rentrer chez eux.
-” Je vais […] enlevez les décombres de la maison et posez ma tente sur les décombres», anticipe Oum Khalil Bakr, réfugiée à Nousseirat.
« Nous savons qu’il fera froid et que nous n’aurons pas de couvertures pour dormir, mais ce qui compte c’est de retourner sur nos terres », ajoute cette mère de dix enfants.
Beaucoup « verront tout leur quartier détruit » sans aucun service essentiel, prévient Mohamed Khatib, de l’organisation Medical Aid for Palestine à Gaza. « Les souffrances continueront […] mais au moins il y a de l’espoir », ajoute-t-il.
La guerre, qui a provoqué à Gaza un niveau de destruction « sans précédent dans l’histoire récente », selon l’ONU, a été déclenchée le 7 octobre 2023 par l’attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien.
Elle a entraîné la mort de 1.210 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles israéliennes. Sur 251 personnes enlevées, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l’armée.
Au moins 46 876 personnes, pour la plupart des civils, ont été tuées dans la campagne militaire israélienne de représailles à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement Hamas, jugées fiables par l’ONU.
Accord en trois phases
L’accord, fruit de laborieuses négociations, a été débloqué à l’approche du retour de Donald Trump à la Maison Blanche lundi.
Outre les premières libérations d’otages, la première phase comprend, selon le président américain Joe Biden, “un cessez-le-feu total”, un retrait israélien des zones densément peuplées et une augmentation de l’aide humanitaire.
La deuxième phase doit permettre la libération des derniers otages, avant la troisième et dernière étape consacrée à la reconstruction de Gaza et à la restitution des corps des otages morts en captivité.
Durant la première phase, les modalités de la seconde seront négociées, à savoir « une fin définitive de la guerre », selon le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.
Déjà minée par un blocus israélien imposé depuis 2007, la pauvreté et le chômage, la bande de Gaza assiégée a été ravagée par la guerre et la quasi-totalité de ses 2,4 millions d’habitants ont été déplacés.
Le cessez-le-feu laisse planer le doute sur l’avenir politique de Gaza, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007.
L’Autorité palestinienne, rivale du mouvement islamiste, est prête à “assumer pleinement ses responsabilités” à Gaza, a déclaré vendredi son président, Mahmoud Abbas, dans sa première déclaration après l’annonce de l’accord.
Quinze mois de guerre ont considérablement affaibli le Hamas, mais il est encore loin d’être anéanti, contrairement à l’objectif fixé par Benjamin Netanyahu, selon les experts.