L’acide polylactique (PLA) est un bioplastique conçu à partir de plantes, que l’on retrouve dans de nombreux objets à usage unique comme les tasses, les couverts, les capsules de café, les pots de yaourt. Le problème est qu’il ne se dégrade pas en dessous de 60°C. Des chercheurs d’un laboratoire du campus de Rangueil, le Institut de Biotechnologie de Toulouse (CNRS/INRAE/INSA Toulouse) avec des scientifiques et ingénieurs belges et thaïlandais de la société Carbios à Clermont-Ferrand a développé une enzyme, puis l’a intégrée au PLA pour qu’elle le dégrade à l’air libre, dans l’eau ou dans le sol quelle que soit la température. Publié dans la célèbre revue scientifique Naturece travail permet au PLA de se désintégrer en moins de six mois dans un composteur domestique.
Les industriels à la recherche d’une solution pour recycler leurs plastiques
Si sa biodégradabilité est souvent mise en avant par les industriels, ce plastique biosourcé n’est quasiment jamais composté dans la réalité. Nos chercheurs ont donc développé une solution pour intégrer enzymes suffisamment fortes pour être intégrées dans ce plastique façonné au four à plus de 170°C. “Notre équipe est spécialisée dans le développement de catalyseurs utilisant la biologie pour dégrader les plastiques ou produire de nouvelles molécules par des voies chimiques complémentaires.», développe Isabelle André, directrice de recherche au TBI. Une fois « enzymisé », le plastique se désintègre en moins de six mois, soit plus vite que la durée maximale légale d’utilisation en compostage domestique.
Cet acide polylactique (PLA) ne représente actuellement que 0,1% des tonnages mondiaux de plastique mais les fabricants s’y intéressent beaucoup. Car ils doivent répondre à des normes de recyclage et de biodégradabilité mais aussi en termes d’image. “De nombreuses annonces ont été faites et des solutions sont recherchées. Le temps du greenwashing est derrière nous, ces grands groupes subissent la pression des consommateurs et des gouvernements, ils veulent trouver des solutions», poursuit Alain Marty, directeur scientifique de Carbios. L’entreprise concentre également ses recherches sur les plastiques plus répandus comme polyéthylène téréphtalate (PET) qu’elle travaille également à dépolymériser et à recycler pour de grandes majors comme L’Oréal, Pepsico ou Michelin.
Carbios s’associe également au groupe français Manchonqui possède une usine près de Toulouse à Saint-Sulpice (Tarn). Sleever produit des « manchons », ces plastiques qui permettent soit en bandes de contenir deux produits pour les vendre par lots à un prix attractif, soit en étiquettes collées sur les contenants pour écrire la marque, les ingrédients, etc. Bientôt, ces « manchons » seront constitués de PLA enzymatique, prêts à finir leur vie dans votre compost au fond du jardin.