Aujourd’hui, une capsule SpaceX Dragon amarrée à la Station spatiale internationale effectuera une manœuvre sans précédent : elle démarrer ses moteurs sans se séparer de la station afin de corriger son orbite.
Techniquement, ce n’est pas la première fois qu’un engin effectue ce type de manœuvre. Il s’agit en fait d’un partie cruciale de la maintenance de la gare. Sur son orbite d’origine, à environ 400 km d’altitude, l’ISS n’est pas entièrement sortie de l’atmosphère. Il reste quelques particules d’air capables de générer des frottements importants, ce qui a pour effet de ralentir la machine. Cet effet est presque imperceptible d’une heure à l’autre ; mais à long terme, c’est tout sauf négligeable, car cela signifie que la station perd progressivement de l’altitude. Il faut donc lui donner des boosts réguliers pour éviter une rentrée atmosphérique catastrophique.
Une alternative aux machines russes
Traditionnellement, ce sont presque toujours les machines russes de la famille Progress qui héritent de cette responsabilité. Mais les relations entre les agences spatiales des deux pays se sont sensiblement refroidies depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, au point que l’ancien directeur de Roscosmos, le sulfureux Dmitri Rogozine, a laissé entendre que la Russie pourrait abandonner l’ISS à son sort en cas d’ingérence américaine.
Heureusement, l’intéressé a fini par être licencié par Poutine lui-même avant d’avoir pu mettre à exécution ses nombreuses menaces. Depuis, son successeur Yuri Borissov s’est montré beaucoup plus pragmatique et coopératif. Mais le contingent russe compte toujours prendre ses distances avec l’ISS et entamer la construction de sa propre station en 2028. L’agence américaine a donc estimé qu’il serait judicieux de disposer de sa propre machine capable de booster l’ISS en cas de retrait russe, si uniquement par principe de précaution. La manœuvre du Dragonle premier du genre pour une machine SpaceX, sera donc un grand pas dans cette direction.
Préparer la fin de vie de l’ISS
Mais cette initiative ne signifie pas que les Dragons s’apprêtent à prendre le relais des machines russes. Sauf nouvelle friction majeure, ces derniers resteront sans doute les garants du maintien de l’ISS en orbite au cours des prochaines années. En réalité, le véritable objectif de cette mission est tout autre. Il ne s’agit pas seulement d’un entretien de routine, bien au contraire ; il s’agit avant tout de préparer la désorbitation de l’ISS.
Pour situer le contexte, l’ISS est une structure vieillissante qui commence à approcher de la retraite. Même si elle joue depuis plus de 25 ans un rôle absolument central dans les sciences spatiales, elle commence à souffrir de nombreux problèmes structurels liés à son vieillissement. La NASA a donc pris la décision de mettre un terme à cette superbe aventure ; une machine spécialement conçue pour l’occasion se chargera de le ralentir afin de le désorbiter définitivement d’ici quelques années. En juillet dernier, La NASA a officiellement déclaré avoir choisi SpaceX pour jouer le rôle de bourreau.
L’entreprise d’Elon Musk a été chargée de concevoir un version modifiée de sa capsule Dragonqui a déjà rejoint l’ISS à de nombreuses reprises pour des missions de ravitaillement et de transfert d’équipages. Ce nouveau modèle sera plus imposant, et bénéficiera d’un système de propulsion nettement plus puissant afin de pouvoir déloger cette station de 450 tonnes de son perchoir.
Mais concevoir un nouveau système de propulsion sur mesure ne s’improvise pas. SpaceX profitera donc du prochain coup de pouce de l’ISS pour récolter des tas de données, afin de préparer ce Dragon modifié dans les meilleures conditions possibles. Cela évitera toute mauvaise surprise le jour J.
Il sera donc intéressant de suivre cette mission, qui sera sans doute une formalité pour SpaceX, mais aussi et surtout le développement du remorqueur qui tirera la station vers sa dernière demeure au début de la prochaine décennie.
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