L’application qui permet d’épingler ses lieux favoris sur une carte et de les partager avec ses amis a décidé fin octobre de passer d’un modèle gratuit à un modèle freemium, en demandant aux utilisateurs les plus actifs de passer à la caisse.
« Alors maintenant, on doit payer 70 € pour voir où nos amis vont manger leur banh mi ? Sur les réseaux sociaux, la nouvelle offre payante de Mapstr fait sourciller. L’application, créée par les Français en 2015 et qui permet de sauvegarder sur une carte ses lieux favoris à partager avec ses amis, a annoncé fin octobre que les utilisateurs les plus actifs devront désormais souscrire un abonnement. Au-delà de 300 adresses enregistrées, vous devrez payer 9,90 euros par mois (soit 69,99 euros sur un an).
“Personne ne va payer plus que son forfait mobile ou Spotify pour épingler des restaurants”se demande un internaute sur X, quand un autre aurait “Je préférais avoir de la publicité sur l’application”. Mapstr, qui n’a jamais été rentable en neuf ans d’existence, n’a néanmoins eu d’autre choix que d’abandonner la gratuité totale pour ce modèle freemium, explique son créateur et patron, Sébastien Caron, qui défend une mesure Who “ne concerne que 100 000 utilisateurs sur 4,5 millions”.
Des abonnements moins chers
Mapstr va toutefois baisser le prix de son abonnement vers la mi-novembre, annonce Sébastien Caron à Figaro. « Nous allons aligner le tarif mensuel sur le tarif annuel »il explique : celui-ci passera à 5,90 euros par mois, et deux mois seront offerts aux utilisateurs abonnés à l’année. Un abonnement familial sera également créé, partageable par six utilisateurs, pour 9,90 euros par mois.
Sébastien Caron rappelle avoir testé plusieurs modèles économiques, sans succès. « Nous pensions notamment pouvoir nous financer en B2B, mais cela nécessite une équipe commerciale importante et coûte très cher. » La publicité n’était pas non plus une option, selon le patron : « Ce business repose sur le temps passé dans l’application, alors que notre modèle est que les utilisateurs passent le moins de temps possible à profiter des lieux. » Mapstr assure également ne pas vendre les données personnelles de ses utilisateurs, se coupant ainsi d’une autre manne habituellement juteuse pour les acteurs du numérique.
D’où la décision de faire contribuer directement les utilisateurs, avec « une limitation du nombre d’adresses fixée le plus haut possible afin qu’elle touche le moins de personnes possible »défend le patron. « Nous facturons ceux qui utilisent le plus Mapstr : ils voyagent grâce à nous, sortent beaucoup… Payez six euros par mois [le tarif annuel rapporté au mois, NDLR] pour ce service qui leur est utile, cela nous semble juste et ce n’est pas grand chose dans un budget de voyage ou de sorties.
500 emails de « pures insultes »
Les cinq employés de Mapstr ont reçu plus d’un millier d’e-mails critiques suite à la mise en place des abonnements, “dont 500 pures insultes”. L’équipe de candidature a pris le temps de répondre à chacun, d’expliquer sa décision et sa situation. Notamment, sachant que les utilisateurs possédant plus de 300 adresses peuvent toujours y avoir accès et consulter les cartes de leurs amis, ils ne peuvent tout simplement pas en ajouter davantage. “Et rien ne vous empêche de souscrire pendant un mois pour un voyage par exemple, lorsqu’il faut ajouter des adresses, puis de vous désinscrire tout en continuant d’avoir accès à votre carte”underlines Sébastien Caron.
Il est encore trop tôt pour constater un effet de l’introduction de ce nouveau modèle sur l’usage de l’application. Mais malgré la polémique, le fondateur de Mapstr préfère voir le verre à moitié plein : “La bonne nouvelle dans tout cela, c’est que cela montre à quel point les gens sont attachés à cette application.”