En effet, la Clinique de santé multidisciplinaire, qui devait éventuellement devenir un nouveau point de service pour la clientèle référée par le Bureau d’accès de première ligne ou le 811, a tout simplement fermé ses portes. Annoncé il y a quelques mois comme un projet pilote qui permettrait de désengorger le réseau tout en offrant des activités pédagogiques et un environnement de stage pour les étudiants à la maîtrise en sciences infirmières, le lieu a récemment été complètement fermé. Nous avons même supprimé les panneaux de stationnement réservés aux clients.
Au cœur de cette fermeture, la grande difficulté de recruter des infirmières praticiennes spécialisées (IPS), grâce auxquelles ce projet pilote devait voir le jour. Devant ce constat, le CIUSSS MCQ a choisi de relocaliser cette clinique IPS au sein de ses installations déjà existantes.
Les IP, formées avec une maîtrise en sciences infirmières, ont la possibilité d’effectuer davantage d’interventions médicales qui ne pourraient pas être réalisées par une infirmière clinicienne. Nous espérions, grâce à ce modèle, désengorger le réseau public en ayant accès à ces spécialistes qui, pour des problèmes de santé précis, peuvent souvent réaliser une action sans que le patient ait besoin de consulter un médecin.
Dans la philosophie du réseau que nous martelons depuis de nombreuses années, à savoir « le bon patient au bon endroit », il répondait à 100 % à cette vision. Mais cela n’arrivera pas.
« La clinique, en effet, n’a jamais eu d’ouverture officielle, en raison du grand défi de recrutement d’IPS. Oui, c’est une déception pour nous car nous avons travaillé très dur sur ce projet.
— Adel Omar Dahmane, vice-recteur aux études et à la formation à l’UQTR
Adel Omar Dahmane, vice-recteur aux études et à la formation à l’UQTR. (Stéphane Lessard/Le Nouvelliste)
Techniquement, résume-t-il, la clinique n’a jamais fonctionné sous le modèle de la présence d’IPS. Cependant, depuis son ouverture, il permet, une journée par semaine, d’accueillir des patients qui seraient vus par une infirmière clinicienne. Elle offrait notamment des services de dépistage, de contraception, de mesure de la tension artérielle, de test Pap et de traitement des verrues plantaires, pour ne nommer que ceux-là.
Avec la présence d’IPS, on devinait que l’offre aurait été beaucoup plus large, en plus d’offrir un environnement de stage intéressant et des activités pédagogiques aux candidats à la maîtrise en sciences infirmières.
Certaines sources internes m’ont dit que la décision avait fait sourciller et soulevé plusieurs questions. Toutefois, M. Dahmane assure que la décision a été prise en consultation avec le CIUSSS MCQ, compte tenu de la difficulté évidente du recrutement.
Le CIUSSS confirme également cet état de fait. « Plusieurs facteurs ont mené à la décision de relocaliser la clinique au sein de nos installations. Entre autres choses, la question du recrutement des IP constituait un défi pour assurer une prestation continue de services de qualité et sécuritaire au sein de la clinique. Une évaluation est en cours pour identifier un emplacement pour la relocalisation des activités de la clinique IPS au sein de nos installations », a déclaré le CIUSSS par courriel.
Au total, le CIUSSS avait investi environ 25 000 $ dans l’aménagement des locaux de la clinique de santé multidisciplinaire de l’UQTR, qui a accueilli près de 800 usagers au cours de l’année 2023-2024. Des patients qui avaient tous été référés par le bureau d’accès de première ligne. (Archives Le Nouvelliste)
Au total, le CIUSSS avait investi environ 25 000 $ dans l’aménagement des locaux, qui ont accueilli près de 800 utilisateurs au cours de l’année 2023-2024, des patients qui avaient tous été référés par le Bureau d’accès vers la première ligne.
Le constat de la difficulté de recrutement arrive en même temps qu’une mobilisation provinciale est active pour que les étudiants à la maîtrise en soins infirmiers à travers la province puissent être rémunérés pour leurs stages durant leurs études. Un enjeu qui nuit directement au recrutement des infirmiers qui souhaiteraient poursuivre leurs études de master, et ainsi devenir à leur tour IPS.
En fait, j’ai écrit sur ce problème il y a quelques semaines à peine. Une pétition est en ligne sur le site de l’Assemblée nationale, et a recueilli à ce jour plus de 1 800 signatures.
Difficile de ne pas faire un parallèle entre cette difficulté de recrutement et les enjeux de formation qui, selon les étudiants actuels en master, découragent beaucoup de se lancer, ou ont incité certains à abandonner les études parce que, financièrement, elles n’étaient tout simplement plus tenables.
Cela dit, l’UQTR n’entend pas abandonner sa volonté de voir naître une clinique de santé dans ces lieux. Toutefois, cela ne serait pas pensé selon le modèle que nous avons proposé avec le CIUSSS.
« Le département réfléchit déjà à la prochaine étape, pour faire vivre cette clinique 2.0 et continuer à former notre monde et pousser cette formation. »
— Adel Omar Dahmane, vice-recteur aux études et à la formation à l’UQTR
Cette dernière suggère que ce modèle pourrait s’inspirer de celui d’autres cliniques déjà présentes à l’UQTR, comme celles de chiropratique, de podologie ou encore de psychologie. Des cliniques gérées de manière indépendante, et qui permettent à la fois un service à la population ainsi qu’un contact entre étudiants et patients.
Quoi qu’il en soit, le vice-recteur assure que la fermeture actuelle de la clinique multidisciplinaire n’affectera en rien la qualité de la formation offerte aux étudiants à la maîtrise en sciences infirmières.
Par ailleurs, d’autres collaborations entre le CIUSSS MCQ et l’UQTR se poursuivent et ne sont pas remises en cause par cette fermeture, insiste-t-on d’un côté ou de l’autre.
