Sorti le 23 septembre Petite clairière est un jeu qui ne pourrait pas être plus simple. Il s’agit de créer de petits dioramas de bâtiments de style médiéval avec un nombre d’outils extrêmement limité. Un jeu avec ambiance froideurun peu de musique douce pour accompagner nos constructions et une direction artistique colorée et mignonne. Bref, Petite clairière est parfait pour une soirée relaxante et créative après une dure journée de travail. Sauf que Petite clairière a révélé mes plus bas instincts et m’a amené à me remettre en question.
L’excitation de la découverte
Quand j’ai commencé, j’ai construit un petit château au sommet d’une colline avec quelques maisons en contrebas. J’ai l’impression d’utiliser à peine les outils proposés par Petite clairièremais je suis plus ou moins satisfait de ma première build. J’active le mode photo pour avoir un écran spécifique à mon projet et je m’arrête là. En effet, le jeu est cosy et contrairement à des jeux comme Planet Coaster qui propose 1000 objets différents, le jeu Pounce Light nous apprend à créer de la beauté avec le strict minimum.
Puis vient le lendemain, quand je décide d’aller au moyeu Communauté Steam pour voir ce que font les gens. Je vois de la magie noire à l’œuvre, des choses folles, et je me demande comment ces autres joueurs font pour faire des escaliers comme celui-ci, ou des ponts avec des arches. Et c’est là que l’on découvre toute la profondeur de Petite clairière. Une structure ne prendra pas la même forme si elle est posée sur l’eau, sur l’herbe ou sur un chemin. Une tour circulaire peut devenir une place de village si le toit est enlevé et son niveau abaissé au minimum possible. Un bâtiment sans toiture et placé au rez-de-chaussée à proximité d’un autre bâtiment est alors transformé en escalier. Deux fenêtres placées côte à côte feront une fenêtre plus grande.
Vient ensuite le temps des expérimentations. On essaie des tonnes de choses, on essaie de reproduire ce qu’on a vu sur écrans d’autres joueurs, avec le sentiment de copier sur son voisin lors d’une épreuve de mathématiques. Quel plaisir de voir que Pounce Light a réussi à faire autant avec si peu, et même s’il lui manque cruellement un outil de copier-coller ou la possibilité de sauvegarder un bloc de plusieurs éléments pour faire un schéma, on continue de creuser, d’obtenir inspiré, recommencez. Peu importe que vous ayez ou non un talent de base pour ce type de jeu créatif, la courbe de progression et d’amélioration à chaque nouveau diorama est palpable et très concrète.
Mon esprit malade dans un diorama
Les choses auraient pu en rester là, avec le plaisir d’apprendre prioritaire, mais c’est à ce moment précis qu’entre en jeu mon cerveau malade. N’étant pas le plus créatif sur ce type de jeu, j’accepte qu’il y ait toujours quelqu’un de plus talentueux, mais un esprit de compétition malsain s’est néanmoins emparé de moi. C’est notamment la faute à un super concept communautaire mis en place par le studio : le thème du jour. Toutes les 24 heures, nous aurons droit à un thème différent. Atelier d’alchimiste, hameau au sommet d’une colline, auberge au bord d’un lac, château au sommet d’une colline… Bref, l’occasion rêvée de comparer directement vos créations à celles des autres.
Même si je tire certainement beaucoup de leçons et d’idées de ces thèmes, je ne peux m’empêcher de ressentir une certaine frustration lorsque je vois une idée que j’avais exécutée d’une bien meilleure manière, ou avec un sens de l’esthétique bien plus aiguisé. Être complètement dépassé par le talent des joueurs Planète Coaster C’est une chose, car la complexité et le nombre d’outils font qu’il y a un niveau d’expertise assez élevé à acquérir. Le nombre limité d’outils Petite clairière donne au moins l’illusion que nous pourrions y arriver aussi.
Lorsque j’arrive très fier de ma création sur le sujet « Daily Theme » des discussions Steam pour poster ma création, et que je vois ensuite celles des autres, je change vite d’avis tant mon projet paraît ridicule d’un point de vue esthétique. Pas de quoi me laisser déprimé ou me sentir mal dans ma peau, je vous l’assure, mais un soupçon de frustration malgré tout, qui me fait dire que je ferais aussi bien la prochaine fois. Comme le dirait un ancien journaliste de Gamekult dont je ne citerai pas le nom : « Il n’y a aucun classement ou notation mais vous voulez tuer des gens 24 heures sur 24. »
Ma contribution pour le thème « Auberge sur un lac » vs quelques exemples de design :
Mes années passées à jouer à des jeux compétitifs comme League of Legends ou Apex Legends (pour n’en nommer que quelques-uns) ont définitivement ravagé mon cerveau au point de me rendre compétitif en matière de baise. Petite clairière ? C’est en tout cas la question que j’ai été amené à me poser après quelques heures dessus. Mon introspection me fait dire (ou me convainc en tout cas) que tant que je ne suis pas toxique avec les autres, c’est mon problème. Et tant que cela ne me dissuade pas d’y retourner, ce n’est pas un problème et c’est juste le fait que je suis un psychopathe. Bref, jouez Petite clairièrec’est un super jeu.