Ces appareils du quotidien qui vous espionnent

Ces appareils du quotidien qui vous espionnent
Ces appareils du quotidien qui vous espionnent

Voici une histoire qui vous est peut-être familière. Vous êtes chez vous, en train de discuter avec un proche autour d’une table. Au cours de votre conversation, vous décidez de lui parler, disons, au hasard, d’un super site d’actualités scientifiques et technologiques que vous avez découvert il n’y a pas longtemps. Intrigué par ce média qui lui semble, eh bien, très fascinant, votre proche sort son téléphone portable, bien décidé à voir à quoi il ressemble. Il ouvre le moteur de recherche de GoogleGoogleet dès qu’il tape un F dans la barre de recherche, le mot Futura lui est suggéré. Pourtant, c’est la première fois qu’il entend parler de ce site, il ne l’a jamais visité auparavant. Alors comment Google a-t-il deviné ce qu’il cherchait ? La réponse est assez alarmante, et va bien plus loin qu’on pourrait l’imaginer. Préparez-vous à découvrir que nos smartphones sont loin d’être les seuls à nous espionner.

Pas le temps de lire ? Découvrez la chronique audio à l’origine de cette transcription. Cliquez sur Play et laissez-vous porter. © Futura

De l’État aux GAFA : l’évolution de la surveillance

Le concept d’espionnage téléphonique est probablement aussi vieux… que les téléphones eux-mêmes. Si l’on en croit les sources historiques américaines, il aurait fallu moins de 20 ans après l’avènement de cette nouvelle technologie, ce qui nous amène à peu près aux années 1890, pour que la police s’en saisisse et mette les criminels sous surveillance. Avec l’évolution des télécommunications, il fallait donc s’attendre à ce que les méthodes d’espionnage se diversifient et prennent de l’ampleur, apportant avec elles leur lot de préoccupations. Le sujet revient particulièrement sur le devant de la scène lors des périodes et contextes politiques tendus. Guerres, chasses aux sorcières, dictatures, troubles civils, ou tout simplement climatclimat de la méfiance : la crainte d’être mis sur écoute par son gouvernement ou par Interpol revient sans cesse – et pas toujours sans raison. Mais depuis quelque temps, il semble que ces craintes s’étendent de plus en plus… aux entreprises privées.

En effet, la police n’aurait plus le monopole de l’espionnage. Aujourd’hui, on murmure tout aussi fréquemment que Google, AmazoneAmazone Ou PommePomme surveillerait nos conversations. Et il faut dire que les scandales provoqués par AlexaAlexaL’assistant vocalassistant vocal Les dernières annonces d’Amazon n’ont pas aidé à dissiper les rumeurs. En 2018, plusieurs conversations auraient été enregistrées par les enceintes connectées de l’entreprise, les Amazon Echo, avant d’être envoyées à des contacts aléatoires dans le carnet d’adresses de leurs propriétaires. Difficile de nier que ces appareils faisaient bien plus que simplement répondre à des questions et oublier promptement tout ce que vous veniez de leur dire. Petit à petit, Amazon a été contraint d’admettre que les commandes et conversations prononcées par les propriétaires d’Echo peuvent être enregistrées ou stockées, voire écoutées, par des opérateurs humains du monde entier. Alors que l’enceinte est censée ne déclencher ces enregistrements et leur stockage que lorsque le mot « Alexa » est prononcé, les malentendus sont possibles et même fréquents. Ainsi, selon un rapport de Bloomberg, les employés d’Amazon sont régulièrement exposés à des données sensibles, comme des informations personnelles, des coordonnées bancaires, voire, dans le cas de deux témoins, des situations de harcèlement sexuel. Les autorités, de leur côté, peuvent émettre un mandat pour accéder à ces enregistrements en cas d’enquêtes criminelles. Faut-il alors se débarrasser de ces assistants domestiques pour retrouver un peu d’intimité ? C’est un bon début… mais ce n’est pas suffisant !

Ordinateurs et smartphones sur écoute

Pour en revenir aux smartphones, on peut légitimement se demander si l’assistant virtuel de Google ne serait pas un peu trop à l’écoute. Si l’entreprise a réussi à rester dans l’ombre pour l’instant, ses utilisateurs se montrent de plus en plus méfiants. Par exemple, le moteur de recherche sera souvent un peu trop précis dans ses suggestions pour avoir simplement deviné votre requête sur un coup de tête. D’autres fois, Google vous présentera des publicités pour des produits que vous auriez pu mentionner dans une discussion sans jamais les rechercher en ligne. Ces problèmes sont d’autant plus visibles sur les smartphones. AndroïdeAndroïdedonc pour ceux concernés, sachez que vous pouvez modifier les paramètres dans la section Activité Web et dans le applicationsapplicationspour que le smartphone ne réagisse plus à votre voix. Pour les iPhones, ce sera dans les réglages de Siri qu’il faudra aller.

Alexa écoute tout ce que vous dites, vrai ou faux ?

Alors, est-ce que tout cela est bon une fois que tout cela est fait ? Toujours pas ! Car outre les systèmes d’exploitation de vos appareils, les applications que vous téléchargez sur eux sont également susceptibles d’accéder à votre microphone, à votre appareil photo ou même à vos fichiers. Chaque fois que vous téléchargez une application, la meilleure pratique serait de lire ses conditions d’utilisation du début à la fin et de vous assurer de ne déverrouiller aucune application. portesportes uniquement lorsque cela est nécessaire. Par exemple, il est normal d’autoriser une application àenvoi de courrier électronique pour accéder à vos fichiers si vous devez joindre un document à votre message ; une application GPS devrait pouvoir accéder à votre localisation ; mais il n’y a aucune raison pour que l’application SNCF, par exemple, ait besoin d’accéder à votre microphone, ce qu’elle ne fait pas, à notre connaissance. Et même dans ces cas-là, il est difficile de contrôler à 100 % qui vous écoute. Récemment, par exemple, l’entreprise américaine Cox Media Group, qui collabore activement avec FacebookFacebooka suscité un véritable tollé lorsqu’il a été révélé qu’il espionnait les micros connectés des utilisateurs pour diffuser des publicités ciblées avec une précision redoutable. La meilleure option est donc de garder son smartphone loin de soi jusqu’à ce qu’on l’utilise, et d’éviter d’avoir des conversations avec lui ? Ouais… Pas facile !

La même vigilance est également requise sur un ordinateurordinateur. Autorisez l’accès à vos appareils d’enregistrement uniquement lorsqu’il existe un besoin légitime et sur les sites de confiance, faites attention à ce que vous téléchargez et à ce que vous partagez. InternetInternetpour éviter que votre activité ne soit stockée et analysée, vous pouvez télécharger des bloqueurs de publicités et traqueurstraqueurscomme l’extension Ghostery ou Privacy Badger.

Surveillance commerciale, surveillance policière

Eh bien, une fois que nous aurons réglé tout cela, nous devrions pouvoir dormir tranquilles… Nous devrions. Parce que la réalité des appareils connectés… Eh bien, ils sont connectés. montre intelligentemontre intelligenteton aspirateuraspirateur Votre smartphone ou même votre téléviseur de dernière génération peuvent accumuler un certain nombre de données sensibles vous concernant. Cela ne garantit pas que ces informations seront inévitablement dispersées aux quatre coins du monde. ventsventsmais dans une société où les données sont la nouvelle monnaie, il ne faut pas non plus céder à la naïveté. Rien que sur Internet, l’UFC-Que Choisir alerte qu’un consommateur qui visite à peine 10 sites web serait suivi plus de 4 000 fois par 1 000 entités différentes. Alors, imaginez l’aubaine pour les services commerciaux de pouvoir exploiter les données de tous vos appareils pour déterminer votre profil de consommateur avec toujours plus de précision. Dans une étude publiée en octobre 2023, un groupe de chercheurs met en évidence la quantité phénoménale d’informations sensibles collectées au sein d’une maison connectée. Ils révèlent que ces informations sont compilées sur serveursserveurs externe et logiciellogiciel tiers, où ils dressent une carte de vos interactions quotidiennes avec ces objets. Bien qu’un seul appareil ne permette pas nécessairement de dresser un portrait-robotrobot De votre domicile, la combinaison de votre compteur communicant, de votre smartphone, de votre box et de votre télévision par exemple, peut vous permettre d’extrapoler une partie non négligeable de vos habitudes de vie, des personnes que vous fréquentez, des lieux que vous fréquentez et de vos goûts. Autant dire que ce que l’on appelle la « surveillance commerciale » a encore de beaux jours devant elle.

Voler vos mots de passe via votre ampoule intelligente est possible

Et quoi Et la surveillance policière ? Elle ne s’arrête pas aux frontières de nos smartphones et de nos recherches sur Internet. Par exemple, selon Fanny Guibert, rédactrice en chef de rubrique chez 60 Millions de Consommateurs et interrogée par Info, les relevés d’un compteur Linky peuvent être demandés par la justice pour savoir quand une personne était chez elle. Plus récemment, la police américaine a créé un nouveau précédent en utilisant le mode sentinelle du TeslaTesla. Si vous ne le savez pas, ces voitures autonomesvoitures autonomes disposent de caméras haute définition qui servent bien sûr à surveiller la route pour savoir où l’on va, mais aussi à surveiller les alentours lorsque le conducteur est absent. Ces caméras s’activent dès que quelqu’un s’approche trop près de la voiture, et les vidéos obtenues sont stockées sur une clé USBUSB situées dans la boîte à gants. Pourtant, depuis cet été 2024, à San Francisco, les forces de l’ordre demandent aux propriétaires d’accéder à ces fameuses clés dans l’élucidation de certaines affaires. Et si le propriétaire de la voiture n’est pas là… pas de problème, le véhicule est remorqué !

Un exemple d’enregistrement réalisé par le mode sentinelle d’une Tesla. © Leo Chen, YouTube

Ah, et peut-être faut-il aussi noter que depuis novembre 2023, en vertu de la loi d’orientation et de programmation du ministère de la Justice 2023-2027, les forces de l’ordre françaises ont le droit d’activer à distance les appareils électroniques des suspects pour les localiser, dans le cas de crimes ou délits punis d’au moins cinq ans de prison. Le texte prévoyait initialement la possibilité de filmer et d’enregistrer les suspects, mais cette mesure a finalement été censurée. Bref, pour chaque liberté qu’ils apportent, les appareils électroniques en privent au moins autant. Sortirons-nous indemnes de ce pacte faustien ? Les bénéfices l’emportent-ils sur les contraintes ? Dites-nous ce que vous en pensez… pour que nous en apprenions un peu plus sur vous.

 
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