L’ESA veut créer des éclipses solaires sur commande

L’ESA veut créer des éclipses solaires sur commande
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« Une fois dans la pièce, pas de mouvements brusques ! Ne vous approchez pas trop des satellites et ne les pointez pas !. dit un chef de projet au petit groupe de journalistes. Avant d’entrer dans la salle, Redwire Space impose un nettoyage minutieux des caméras, téléphones portables et autres équipements technologiques, ainsi que le port d’une blouse boutonnée jusqu’en haut à enfiler par-dessus les vêtements, d’une charlotte pour les cheveux, d’un masque pour les barbe et sacs en plastique pour emmailloter les chaussures.

Enfiler cette tenue et respecter les consignes de sécurité sont la condition sine qua non pour pouvoir accéder à la salle qui abrite la paire de satellites qui seront envoyés dans l’espace par l’Agence spatiale européenne depuis l’Inde en septembre prochain. Ces mesures représentent le seul moyen pour l’entreprise de garantir que ses équipements n’entreront pas en contact avec des poussières qui pourraient nuire à son fonctionnement.

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« C’est comme les lunettes, si vous avez des marques sur vos verres, vous ne pouvez pas voir correctement. Sauf qu’ici, on ne parle pas d’empreintes digitales mais de poussières ou encore de particules ou molécules. Maintenir un haut niveau de propreté est donc essentiel. C’est pour cette raison que la pièce est équipée d’un système de ventilation qui fait circuler l’air du plafond jusqu’au sol, ce qui permet la chute de tout type de particule. »explique Raphaël Rougeot, ingénieur au sein de l’équipe projet Proba-3.

Le lancement des deux satellites en Inde est prévu pour septembre. Pour effectuer le déplacement, les deux objets seront placés dans un conteneur spécial où ils seront protégés de la poussière.

Une prouesse technique sans précédent

La première mission de Proba-3 est purement technique. “Le premier objectif de Proba-3 est de réussir à faire voler deux satellites en formation, c’est-à-dire de les faire fonctionner et travailler dans l’espace comme s’ils n’en formaient qu’un. L’idée est donc de pouvoir créer un instrument géant dans l’espace à partir de deux petits satellites, qui doivent pour cela pouvoir se positionner l’un par rapport à l’autre de manière autonome. »poursuit l’ingénieur.

Ce serait une grande première, extrêmement exigeante sur le plan technique mais prometteuse pour l’avenir de la recherche spatiale dans son ensemble. Mais la mission de Proba-3 ne s’arrête pas là. Il vise également à apporter de nouvelles informations aux scientifiques sur la couronne solaire, la masse gazeuse qui entoure la surface du soleil.

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Sans éclipse, la couronne solaire n’est pas visible en raison de la luminosité de l’étoile. Une éclipse naturelle ne dure que quelques minutes et ne permet donc pas aux scientifiques d’obtenir les informations dont ils ont besoin. En simulant des éclipses totales à la demande, Proba-3 devrait grandement faciliter leur tâche.

Mais pour y parvenir, les deux satellites doivent coordonner leurs mouvements au millimètre près et se compléter parfaitement. “L’un des satellites Proba-3 transporte un disque dont la mission sera d’obscurcir le soleil. Pendant ce temps, le deuxième satellite, positionné dans l’ombre du premier, sera chargé d’observer la couronne solaire. Grâce à cette technique, nous pourrons réaliser des observations très proches du soleil et de sa couronne, une zone difficile à explorer. », indique Raphaël Rougeot. La mission Proba-3 devrait ainsi permettre aux chercheurs d’étudier la couronne pendant six à sept heures sans interruption.

Répercussions sur la santé humaine

Mais pourquoi s’intéresser à la couronne solaire ? Tout simplement, parce que son état peut avoir des répercussions sur notre santé et notre équipement, nous pauvres terriens.

« La couronne solaire est extrêmement chaude et en constante expansion. En général, cela ne pose pas de problème mais il y a parfois des perturbations dues aux éruptions solaires. Ces perturbations peuvent avoir un impact sur certaines technologies comme le GPS mais aussi sur la santé humaine et plus particulièrement celle des astronautes. Il n’a jamais été possible de démontrer que ces éruptions avaient des conséquences négatives sur la santé des populations sur Terre. Mais dans la station spatiale, en cas de forte éruption solaire, les astronautes doivent s’abriter dans une salle spéciale et les sorties sont interdites. Et si l’on veut aller sur la Lune ou sur Mars, se poser la question de la sécurité devient primordial puisqu’on sort de la protection du champ magnétique terrestre.»explique Andrei Zhukov, chercheur à l’Observatoire royal de Belgique.

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La mission Proba-3 devrait durer deux ans. Peut-être un peu plus si ses réserves de carburant le permettent. Une fois ce temps écoulé, les satellites changeront d’orbite puis se désintégreront. “Lors du vol en formation, l’un des satellites doit constamment ajuster sa position pour se positionner correctement par rapport à l’autre satellite. C’est une opération qui nécessite beaucoup de carburant. Lorsque le réservoir du satellite est vide, celui-ci ne peut plus poursuivre sa mission. Une fois la mission terminée, les satellites Proba-3 seront envoyés sur une orbite où ils ne devraient pas poser de problème de sécurité. Ils finiront par se désintégrer au bout de quatre ou cinq ans. Cela nous permet de ne pas avoir à nous soucier des débris puisqu’ils se désintégreront d’eux-mêmes.explique Raphaël Rougeot.

La Belgique en première ligne

Proba-3 est une mission internationale, quatorze pays y ont contribué. Mais la Belgique a joué un rôle particulier dans son développement. Avec l’Espagne, la Belgique est le pays qui a le plus contribué au financement de la mission et de nombreuses entreprises et scientifiques belges ont été impliqués. Les exemples incluent l’Observatoire royal de Belgique, Spacebel, une société belge d’ingénierie logicielle et de systèmes spatiaux. Toutefois, le montant de cette aide n’a pas été communiqué.

 
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