Il existe des investissements rentables. Il existe des investissements très rentables. Et il y a le transfert d’Abdukodir Khusanov. Un an et demi après son arrivée au RC Lens pour la « modeste » somme de 100 000 euros, le jeune défenseur ouzbek de 20 ans devrait quitter le Pas-de-Calais pour Manchester City et un chèque de 50 millions, bonus compris ( 40 millions d’euros de partie fixe et 10 millions d’euros de bonus). Un retour sur investissement fou pour le club sang et or, qui a trouvé un accord vendredi pour le départ de son joueur vers les champions d’Angleterre, entraînés par Pep Guardiola.
Vous n’avez pas eu le temps de le voir à l’œuvre en Ligue 1 ? Ce n’est pas seulement parce que vous ne vous êtes pas abonné à DAZN. « Kodir » Khusanov s’est d’abord montré discret, sa première année en France disputant onze matches dans l’élite. Avant d’exploser depuis septembre, où il s’est imposé comme titulaire dans un poste exigeant qui demande de l’expérience. Un profil très recherché par les grands clubs, à l’image de Lenny Yoro parti à 18 ans du Lille voisin pour l’autre club de Manchester, United, pour 70 millions d’euros.
« Pour un joueur de 19 ans, il en fait plutôt 25 quand il joue », raconte son entraîneur de l’époque, Franck Haise, dès son premier match amical avec les Artésiens en juillet 2023. Et on voit dans une dizaine de minutes Début, il joue un vrai match d’homme et est d’un haut niveau. Il n’a pas bougé défensivement. Mais il a surpris les joueurs. Sur une première semaine, ils ne s’attendaient pas à ce que ce soit à ce niveau. Il est solide, calme, lit, il sait se servir du ballon. A 19 ans, c’est clair qu’on n’avait pas ça dans notre jeune effectif. Il y a une vraie étape. Nous avons des joueurs intéressants, mais qui ne sont pas du tout à ce niveau-là. »
Quelques mois plus tôt, le jeune Ouzbek avait impressionné le recruteur du Racing Club de Lens chargé d’encadrer la Coupe du monde des moins de 20 ans. Si sa sélection quitte la compétition dès les huitièmes de finale, ses performances individuelles impressionnent. Moins de trois mois plus tard, les Sang et Or le font venir du club biélorusse Energetik Minsk, où il évoluait depuis l’année précédente.
“Il me fait peur, mais vraiment”
Après une saison dans l’ombre du trio Danso-Medina-Gradit, Abdukodir Khusanov s’est imposé grâce au départ avorté du premier nommé à l’AS Rome. Sa force ? Sa vitesse et sa puissance, qui ont envoyé au sol l’attaquant du PSG Gonçalo Ramos lors du 32e de finale de Coupe de France entre Lens et Paris en décembre. « Un monstre », disent de lui ses partenaires, marqués par l’impact de ce jeune homme arrivé en France ne sachant que parler l’ouzbek et le russe.
« Il me fait peur, mais vraiment », glisse son gardien de l’époque, parti depuis à Rennes, Brice Samba. « Kodir va très, très vite. Physiquement, c’est un athlète, ajoute son entraîneur Will Still. Nous avons ri et dit qu’il aurait pu faire toutes les disciplines aux JO avec l’Ouzbékistan (il a été libéré avec sa sélection des groupes du tournoi olympique) parce qu’il est tellement complet. »
«C’est le défenseur moderne que tout le monde rêve d’avoir», ajoutait le milieu de Lens Angelo Fulgini à L’Équipe en octobre. Je le vois monter très haut. »
En décembre, l’Observatoire du football du Centre international d’étude du sport l’a classé meilleur défenseur central du monde de moins de 21 ans. De quoi intéresser de très grands clubs, conscients de la situation financière compliquée des Lensois.
C’est finalement Manchester City, en difficulté en Premier League avec une sixième place, qui a attiré le jeune homme dans une opération où la star des agents Jorge Mendes jouait le rôle d’intermédiaire. Abdukodir Khusanov en Ligue 1, c’est désormais fini. Et l’avenir nous dira à quel point notre championnat a connu un phénomène en l’espace de quelques mois.
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