Le football, ce spectacle qui fait vibrer les foules et rassemble des millions de Marocains autour de leurs clubs favoris, est aujourd’hui plombé par un phénomène qui ternit son éclat : les matches à huis clos. Les autorités du football marocain, estimant qu’on s’oriente de plus en plus vers un phénomène de hooliganisme, ont même occulté le problème qui doit être résolu à long terme.
Aujourd’hui, on réagit, immédiatement, à l’attrait irrépressible pour la lutte des stades ou des terrains, ses codes, ses mœurs avec cette solution du huis clos. À Khénifra, dimanche dernier, un nouvel épisode de hooliganisme est venu rappeler avec force à quel point le football marocain peine à échapper à ses démons. Mais les solutions adoptées jusqu’à présent – notamment le huis clos imposé par la Fédération royale marocaine de football (FRMF) ou les municipalités – s’apparentent davantage à des pansements sur une plaie infectée lorsque l’urgence est chirurgicale.
Khénifra : le déclencheur d’une réflexion urgente
Les incidents de Khénifra, marqués par des actes de violences entre supporters et des dégâts matériels, s’ajoutent à une longue liste d’exactions. Ces scènes d’indiscipline trop fréquentes ont poussé les autorités à recourir systématiquement à la solution du huis clos. Mais cette stratégie, loin de résoudre les problèmes, semble au contraire les aggraver. Privés de public, les clubs voient leurs revenus chuter et leur moral s’effondrer. Quant aux supporters, frustrés d’être tenus à l’écart des tribunes, ils expriment parfois leur mécontentement de manière encore plus virulente.
Le huis clos, s’il est souvent présenté comme une solution temporaire à des problèmes de sécurité ou de discipline, a de profondes répercussions sur la qualité du jeu. Ces conséquences, bien qu’évidentes, sont parfois ambivalentes, oscillant entre opportunités néfastes et inattendues. Bref, les impacts du huis clos sur la qualité du jeu sont pour la plupart néfastes, notamment en termes de spectacle et d’intensité, mais ils ne sont pas dénués d’aspects positifs.
Or, l’absence de public va à l’encontre de l’essence même du football, qui repose sur la communion entre joueurs et supporters. Si le huis clos peut offrir un répit temporaire, il ne peut constituer une solution durable aux problèmes structurels du football marocain ou mondial. Le véritable défi est de concilier sécurité et ferveur, pour que la magie des stades puisse pleinement opérer, sans risque ni compromis.
Outre les questions de violence, l’état des infrastructures sportives au Maroc constitue un véritable obstacle au développement du football national. De nombreux stades sont en cours de rénovation, obligeant les clubs à jouer sur des terrains de petite capacité. Cette situation limite l’accès du public aux matches et réduit les revenus des équipes, amplifiant ainsi les tensions financières. Le contraste est saisissant : alors que le Maroc s’apprête à accueillir la Coupe du monde 2030, plusieurs installations sportives restent inadaptées aux grandes compétitions.
L’urgence d’une réponse coordonnée
En matière de sécurité des stades, plusieurs lacunes subsistent et méritent une attention immédiate. Parmi les mesures essentielles figure la numérotation des sièges, qui permettrait d’organiser les flux de supporters et d’éviter des bousculades chaotiques. Parallèlement, la personnalisation des billets, liée à l’identité de l’acheteur, renforcerait le contrôle d’accès et dissuaderait les comportements antisportifs.
Ces pratiques, déjà adoptées dans plusieurs pays européens, s’accompagnent de systèmes avancés de caméras de surveillance pour mieux identifier les contrevenants. Ce cadre, associé à une politique de sanctions adaptée, pourrait transformer les stades marocains en lieux sûrs et propices à l’enthousiasme populaire.
Cette réalité nécessite une réflexion sur la philosophie du football marocain. Il ne suffit plus de dénoncer les dérives ou de sanctionner les clubs à huis clos. Les exemples étrangers, notamment celui de la Grande-Bretagne, montrent que la lutte contre le hooliganisme nécessite des actions de sensibilisation, des mesures de sécurité innovantes et une collaboration active entre tous les acteurs du football.
Malheureusement, les réactions semblent se limiter à des condamnations verbales. Les composantes du football national, qu’il s’agisse des clubs, des supporters ou des médias, peinent à adopter une posture volontariste face à ces enjeux. Il existe cependant des solutions : lancer des campagnes de sensibilisation dans les écoles et les associations de supporters, renforcer la formation des stadiers pour assurer une meilleure sécurité dans les stades et moderniser les infrastructures pour offrir un environnement accueillant et sécurisé aux familles.
Une image à restaurer avant 2030
Disséqué par les médias depuis plusieurs années, le phénomène du hooliganisme dépasse l’entendement. Le retour d’un football à visage humain nécessite également la responsabilisation des clubs et des supporters. Plutôt que d’imposer le huis clos, pourquoi ne pas expérimenter des solutions plus inclusives, comme des matchs réservés aux familles et aux enfants ? De telles initiatives, combinées à un encadrement strict, pourraient être un levier efficace pour restaurer la confiance et réconcilier le public avec les tribunes.
Alors que le Maroc se prépare à co-organiser la Coupe du monde 2030, le moment est venu d’améliorer l’image de son football. Les incidents récents, comme ceux de Khénifra, doivent servir de choc pour amorcer une véritable transformation. Ce projet ne peut aboutir sans une volonté commune des différentes parties prenantes : la FRMF, les clubs, les communes, mais aussi les supporters eux-mêmes. Le football, miroir de la société, mérite mieux qu’une simple cachette. Il est temps de réconcilier le sport roi avec ses valeurs fondamentales : la passion, le respect et l’unité.
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