Plus la cérémonie avançait, plus les yeux d’Ann Stellato devenaient larmoyants. Face à elle, sa fille Deanna Stellato-Dudek était en passe de devenir citoyenne canadienne. Lorsque la championne du monde de patinage artistique en couple a prononcé les paroles de son serment, les larmes de sa mère ont finalement coulé.
Un peu comme la pluie froide de décembre qui tombait abondamment dehors. Par contre, le sourire radieux de Deanna Stellato-Dudek était inversement proportionnel au triste - qui a frappé Montréal, en ce mercredi de réjouissance dans les bureaux de Me Patrice Brunet, avenue Laurier Ouest.
«C’est un honneur pour moi de vous annoncer que vous êtes désormais citoyen canadien», a proclamé le représentant du gouvernement de l’autre côté de l’écran. Stellato-Dudek a levé les bras au ciel, a poussé un cri de joie et la petite salle pleine de famille, d’amis et de médias a commencé à applaudir. Ann Stellato, au fond de la salle, poussa un soupir de soulagement.
« Tant de stress est levé ! », se réjouissait sa fille devant les journalistes quelques instants plus tard. Elle portait une robe rouge canadienne pour marquer l’occasion.
Stellato-Dudek était accompagnée de l’autre moitié de son duo, le Québécois Maxime Deschamps. C’est avec lui que l’athlète de Chicago a remporté les Championnats du monde à Montréal en 2024, les Championnats des Quatre Continents à Shanghai cette année, ainsi que les deux dernières éditions des Championnats canadiens.
La belle histoire ne s’arrête pas là. À 41 ans, celle qui détient désormais la double nationalité américano-canadienne est la patineuse artistique la plus âgée à avoir remporté un titre mondial, quelle que soit la discipline. Elle prend sa retraite de la compétition en 2001, à l’âge de 17 ans, avant d’éprouver la folle envie d’y revenir en 2016, à 33 ans, avec l’objectif affiché et rêvé de remporter une médaille d’or olympique.
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C’est en 2019 qu’elle rencontre Maxime Deschamps et s’installe à Montréal. Le duo est désormais favori pour les Jeux Milan-Cortina 2026. Tous deux représentent le Canada.
« J’ai maintenant l’impression que Max et moi pouvons réaliser notre rêve olympique », dit-elle.
«C’est une libération», confirme Deschamps, à ses côtés. Il ne reste plus qu’à patiner, s’entraîner et aller de l’avant pour se préparer le mieux possible aux Jeux olympiques. »
« Un rêve devenu réalité »
Stellato-Dudek était résident permanent depuis avril 2023. Me Patrice Brunet, à qui l’ensemble du dossier avait été confié dès le début, a déposé la demande de citoyenneté un mois plus tard, demandant que l’article (4) du Loi sur la citoyenneté permettant de « récompenser les services exceptionnels rendus au Canada ».
Les médailles d’or susmentionnées ont contribué à « enrichir le dossier », selon l’avocat. Stellato-Dudek mentionne également qu’une pétition de 10 000 signatures était jointe.
«Le fait qu’ils aient été champions du monde en mars a été un tournant», estime M. Brunet. Le tweet de Justin Trudeau était également important. Nous l’avons immédiatement ajouté au dossier lorsque nous avons vu cela. »
Le premier ministre du pays a félicité le couple pour leur titre mondial tout en répondant à un message d’Équipe Canada sur X.
Tout cela signifie que le « stress » et « l’incertitude » liés à cette demande appartiennent désormais au passé.
«C’est un rêve devenu réalité», déclare Ann Stellato, qui porte dans ses bras le chien de sa fille, Goldie. Elle travaille là-dessus depuis qu’elle est ici. Elle et Max forment un superbe couple. Ils ont réussi à traverser la crise ensemble, à travailler plus dur et à développer de nouvelles compétences. »
La mère de la patineuse lui a toutefois confié qu’elle était « folle » lorsqu’elle a évoqué son souhait de revenir à la compétition. «Mais je connais ma fille», ajoute-t-elle du même souffle. Elle a une forte volonté lorsqu’elle a quelque chose en tête. »
Voulez-vous un autre exemple? Elle approche les 2000 jours consécutifs de cours de français sur l’application Duolingo.
« Je pratique tous les jours, mais tout le monde au Québec parle trop vite pour moi ! dit-elle dans un français approximatif mais très acceptable. Tout le monde utilise beaucoup argot. Alors je suis confus. But Maxime and our coach Josée [Picard] parlez-moi très lentement, comme si vous parliez à un enfant ! Et puisJe comprends. »
Ses « efforts » pour apprendre le français, combinés à sa vie à Montréal depuis près de cinq ans, la font se sentir de plus en plus « canadienne et québécoise ».
« Et maintenant, quand nous irons en Corée du Sud pour les prochains Championnats des Quatre Continents, j’aurai le même passeport que tout le monde ! »
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