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100 ans des Jeux olympiques alpins et un héritage controversé

Chamonix (Haute-Savoie), reportage

Cent ans après avoir accueilli les premiers Jeux Olympiques d’hiver, la ville de Chamonix affiche fièrement les vestiges de son histoire olympique. Cinq anneaux multicolores et plaques commémoratives posées à l’occasion du centenaire se dressent désormais au cœur de la ville, devant une immense fresque urbaine représentant deux Chamoniards portant des piolets et des skis.

« Il est certain qu’avec le succès de ce concours de 1924, Chamonix fit un pas en avant »explique Bernadette Tsuda, au pied des anneaux. Depuis plus d’un an, ce guide du patrimoine s’occupe du patrimoine olympique de sa ville, transmettant sa passion aux visiteurs à l’occasion du centenaire de la JO. « Le pari de notre maire pour faire connaître Chamonix était de connaître une belle saison été comme hiver.continue. Il l’a gagné. »

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Les anneaux olympiques ont été installés à l’occasion du centenaire du premier JO un Chamonix.
© Lyse Mauvais/Reporterre

C’est à Chamonix que l’idée est née JO l’hiver pourrait constituer un moteur du développement économique des zones de montagne. Depuis, l’idée est devenue un mythe et s’est largement répandue, conduisant à la construction de routes, d’habitations et d’infrastructures sportives de pointe, dans le but d’accueillir des Jeux avec une aura de plus en plus médiatique.

IL JO l’hiver, un patrimoine remis en question

De Chamonix en 1924, à Grenoble en 1968 et Albertville en 1992, le JO ils ont laissé leur empreinte à trois reprises dans les Alpes françaises. Et les athlètes devraient revenir en 2030, après que la a signé le 2 octobre les garanties financières demandées par le Comité international olympique de 520 millions d’euros et s’est ensuite engagée à accueillir la compétition. Une décision qui a suscité la colère des associations environnementales. En effet, les Jeux vous font toujours rêver ? ? Avec ses infrastructures surdimensionnées, extrêmement coûteuses à entretenir ou abandonnées, ce patrimoine est de plus en plus remis en question.

Au début des années 1920, l’arrivée de JO L’hiver de Chamonix avait reçu un accueil bien différent par rapport aux Jeux actuels. Seules trois installations sportives avaient été construites : une patinoire de 36 000 mètres carrés (la plus grande du monde à l’époque), un tremplin de saut à ski et une piste de bobsleigh (sport de glisse dérivé de la luge), entièrement construits en pierre sèche et en pierre sèche. glissant grâce à la neige compacte. Les concurrents étaient pour la plupart des amateurs, dotés d’un matériel rudimentaire et non standardisé. Enfin, le Palais de Chamonix, qui abrite aujourd’hui le Musée Alpin, un hôtel de luxe de 200 chambres, existait déjà à l’époque de JO à partir de 1924.

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Le Chamonix Palace, un hôtel de luxe de 200 chambres, existait déjà à l’époque JO de 1924. Il abrite aujourd’hui le Musée alpin.
© Lyse Mauvais/Reporterre

Déjà habitués au tourisme grâce au Mont Blanc, les Chamoniard disposaient d’une bonne infrastructure hôtelière et la ville était accessible en train, ce qui permettait de réduire les aménagements nécessaires. Le coût exact de l’événement reste difficile à quantifier, mais a été limité par le fait que les événements étaient initialement conçus comme une compétition en marge du « VÉRO » JO de Paris, qui avait siphonné une grande partie du budget. « A cette époque, on ne parlait pas encore des Jeux Olympiques, mais de la compétition internationale de sports d’hiver organisée lors de la huitième Olympiade. »se souvient Bernadette Tsuda. Ce n’est qu’en 1926, grâce à leur succès, que les Jeux de Chamonix se voient attribuer rétroactivement le titre olympique. Près de 300 athlètes de 16 pays y ont participé.

Les conséquences environnementales ont été ignorées

Le maire de Chamonix de l’époque, Jean Lavaivre, s’est quand même précipité

d’énormes prêts pour financer la patinoire. L’histoire se souviendra de lui comme

élu visionnaire, prêt à prendre des risques pour sa petite ville de montagne. Déjà appréciée des alpinistes et des amateurs de cure thermale, Chamonix devient, après son mandat, l’une des principales vitrines des sports d’hiver. Elle a également hérité d’infrastructures uniques qui, pour certains, sont encore utilisées aujourd’hui : cent ans plus tard, le trampoline est toujours utilisé par les clubs locaux, même s’il ne répond plus aux normes olympiques.

Abandonnée en 1950 après un accident mortel, la piste de bobsleigh se dresse toujours dans les bois et est en passe de devenir un sentier commémoratif. Quant à la patinoire olympique, elle a été transformée en patinoire couverte et terrain de sport.

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Une des dix-neuf courbes de la piste de bobsleigh JO 1924, construite en pierre sèche.
© Lyse Mauvais/Reporterre

En 1968, la France se lance à nouveau dans l’aventure olympique à Grenoble (Isère). Grâce à la télévision, ces JO ils ont bénéficié d’une visibilité sans précédent qui a favorisé le développement d’infrastructures considérables, au détriment des conséquences environnementales. Un exemple est Chamrousse, lieu gagnant dans les compétitions de ski alpin. Avec l’aide de l’armée, les organisateurs ont creusé la pente et déplacé 300 000 mètres cubes de terre pour créer les pistes. Quatre nouvelles remontées mécaniques ont également été installées. Enfin, aux sites sportifs s’ajoutent les aménagements urbains de Grenoble : des logements pour la presse et les sportifs, de nouvelles autoroutes, un hôpital, un aéroport, une nouvelle gare, etc.

Vingt-quatre ans plus tard, le JO L’hiver revient en France sous la houlette du skieur alpin Jean-Claude Killy, grand champion de 1968, et de Michel Barnier, alors coprésidents de la candidature d’Albertville (Savoie). Comme à Grenoble, le coût écologique – déforestation, terrassements, artificialisation des sols, etc. JO c’était sans commune mesure avec l’expérience de Chamonix. Outre les infrastructures sportives, une nouvelle route nationale, une gare TGV et un nouvel hôpital a été construit. La ville héritée de 20 000 habitants « infrastructure équivalente à une ville de 50 000 habitants »comme l’explique le maire Frédéric Burnier-Framboret Le Dauphiné libéré en 2022.

Chamonix, Grenoble, Albertville… A chaque fois, pour justifier les Jeux, l’aménagement du territoire et les retombées économiques liées au tourisme ont été invoqués. « En réalité, Albertville a permis de réaliser des travaux qui n’avaient pas été entrepris des années auparavant. »», soulève Éric Adamkiewicz, professeur de management du sport et ancien directeur sportif de la ville de Grenoble. Cela a également permis aux maires de verser des contributions plus importantes aux contribuables : à Grenoble, le remboursement des JO a justifié l’augmentation des impôts locaux jusqu’en 1995. À Albertville, la taxe d’habitation a augmenté de 40 %. % entre 1990 et 1993.

L’ère des éléphants blancs

Des critiques sont apparues plus tard JO concernant la gestion des infrastructures sportives. Si certains ont été reconvertis, comme la patinoire construite à Grenoble en 1967 (aujourd’hui Palais des Sports) ou le village des athlètes, conçu dès l’origine comme une future résidence étudiante (aujourd’hui abandonnée), d’autres sont finalement tombés dans l’oubli. JO. C’est le cas de la piste de bobsleigh de l’Alpe d’Huez ou du pas de tir de Saint-Nizier du Moucherotte.

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Cette dernière domine désormais Grenoble telle une crête géante de béton, inutilisée et inutilisable. « C’est un objet très symbolique, un patrimoine en ruine, auquel on tente régulièrement de trouver une nouvelle utilisation. »poursuit Eric Adamkiewicz, contre l’organisation de JO dans les Alpes. Trop coûteuse à démonter, la structure longue de 90 mètres est devenue un désert urbain fréquenté principalement par les amateurs d’urbex (escalade urbaine). Ceci, malgré les clôtures qui interdisent l’accès aux lieux.

Ce fantôme de béton a au moins le mérite de ne pas être devenu une charge financière, contrairement à de nombreuses infrastructures olympiques datant de 1992. La piste de bobsleigh de La Plagne et le tremplin de saut à ski de Courchevel ont longtemps été décrits comme des éléphants blancs : des réalisations prestigieuses dont l’entretien devient une charge. au fil du temps – de la part des économistes.

Frais financiers

La piste de bobsleigh de La Plagne, qui a englouti 230 millions de francs (35 millions d’euros) pour sa construction, est restée déficitaire pendant des années. « Le saut à ski de Courchevel existe toujours et fonctionne en déficit important. Comme c’est l’un des endroits les plus riches de France, ils peuvent payer pour le momentl’espion Eric Adamkiewicz. Mais ces déficits sont aussi compensés par l’argent du ministère. Les pouvoirs publics continuent donc de mettre des patchs. »

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Le tremplin de saut à ski olympique de Chamonix est toujours utilisé par les clubs locaux.
© Lyse Mauvais/Reporterre

Aujourd’hui, les élus qui soutiennent la candidature des Alpes pour 2030 promettent JO plus sobre, avec la réutilisation du 95 % des infrastructures existantes. Mais pour les opposants à cette candidature l’argument ne tient pas la route. « Nous faisons comme si le déficit chronique de ces équipements n’existait pasargument Eric Adamkiewicz. Leur restructuration entraînera des coûts directs qui ne pourront être absorbés dans les années à venir. » Et si certaines localités continueront d’accueillir des courses grâce à ces infrastructures de pointe, l’écart entre leurs coûts et les besoins réels des habitants interroge.

« La patinoire olympique de Pralognan-la-Vanoise, par exemple, est désormais un poids mort pour la ville.ajoute le professeur. Aujourd’hui la question se pose spontanément : faut-il rénover la patinoire ou acheter un nouveau téléport pour garantir le tourisme toute l’année ? ? » Sans oublier les conséquences environnementales : les deux régions hôtes du JO On estime que d’ici 2030 leur empreinte carbone sera comprise entre 689 et 804 000 tonnes. CO2l’équivalent de 450 000 allers-retours Paris-New York en avion. Autrefois symboles, les infrastructures olympiques se transforment en volumineux fossiles, vestiges d’une époque où l’aménagement de la montagne était pensé exclusivement à travers le prisme du tourisme.

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