“Dans le cas des terrains synthétiques, en fonction de l’usure, la rénovation peut coûter aussi cher que la construction de nouveaux.” Ce constat contre-intuitif vient de Christian Pesch, directeur du patrimoine bâti de la Ville de Genève. Une illustration très concrète de ce paradoxe est arrivée sur la table des élus mi-septembre : le plan de rénovation des surfaces sportives municipales. Son coût : 27,4 millions de francs.
Le Conseil d’administration souhaite investir cette somme pour refaire ses onze terrains de football en gazon synthétique d’ici 2030 (plus un terrain de rugby, un terrain de hockey et deux pistes d’athlétisme). Cela revient à dépenser 1,8 million par surface de jeu rafraîchie. C’est exactement le prix estimé pour la construction d’un nouveau terrain annoncé par Realsport, le leader suisse du secteur – qui estime la rénovation d’un terrain synthétique à environ 500’000 francs.
Ici, à première vue, on en est loin (lire l’encadré). Appelée à éclaircir le mystère, la Direction des Bâtiments Communaux (DACM) apporte plusieurs explications. D’une part, le travail ne se limite pas aux seuls revêtements synthétiques, dont les prix isolés respectent la norme : par exemple, 403 000 francs à La Bâtie, 518 000 francs à Vessy, deux fois 345 000 francs au Bout du Monde.
Ils comprennent également toute une section de terrassement, de canalisations et de maçonnerie. “Sous la pelouse, il faut mettre un système de drainage, pour que l’eau ne stagne pas”, explique Christian Pesch. Ces installations existent, mais s’usent. “Nous sommes convaincus qu’il faudra en refaire certaines, mais pour le savoir, il faut faire des enquêtes.” Et l’éclairage change. La Ville souhaite passer aux LED, placées sur des mâts bas. « La lumière est mieux orientée, ce qui est très bénéfique pour les voisins et la nature. »
Christian Pesch souligne également que les montants ne se limitent pas aux réalisations, mais comprennent des études et des réserves pour imprévus, puisque les travaux s’étalent sur six ans. Il observe également que depuis la construction de ces terrains, « le prix des matières premières et la TVA ont augmenté ». Une réalité qui rend « tous nos projets » plus chers.
Construction : 2,2 millions, refaire : 2,5 millions
«Quand on rénove, certains éléments sont remis à neuf», note Christian Pesch. Il s’agit de déterminer ce qui doit être remplacé. Les chiffres confirment ce constat : la construction du terrain A à La Bâtie a coûté 1,63 million en 2019. Sa rénovation est révisée à 1,33 million. A Vessy, en 2018, la construction du terrain de rugby a coûté 2,2 millions. Sa restauration est budgétisée à 1,49 million. Plus frappant encore, au Bout du Monde, en 2014, la transformation de deux champs stabilisés en synthétique a coûté 2,19 millions. Leur rénovation coûte 2,52 millions.
Une durée de vie moyenne de 10 ans
Alors que le gazon naturel permet au mieux 18 heures d’utilisation par semaine, une surface synthétique en offre 30. Cette solution s’avère donc « optimale » pour la Ville, explique le Conseil d’administration : 82 associations utilisent ses terrains de jeux extérieurs, et le nombre de clubs et le nombre de membres augmente constamment. Or, les surfaces artificielles et les pistes d’athlétisme, usées par les rayons ultraviolets et les frottements, ont une durée de vie moyenne de dix ans. Sans compter que les normes d’homologation évoluent. Les autorités souhaitent donc désormais planifier les réparations, plutôt que de procéder au coup par coup en augmentant les budgets annuels d’entretien.
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