Penn State, Oregon, Géorgie, Alabama : la crème de la crème des universités américaines, Floyd Boucard l’avait à ses pieds.
Publié à 00h45
Mis à jour à 7h00
Plus de 50 programmes ont tenté d’attirer le footballeur québécois. Pourtant, il n’y a pas si longtemps, il n’était qu’un simple écolier à Terrebonne, avant de s’engager à l’Université de Californie du Sud (USC).
Il faut dire qu’il est rare de rester longtemps incognito quand on a une telle agilité, malgré ses 6’3″ et 310 lbs.
« Il bouge comme s’il ne pesait que 180 livres. Je suis dans le football au Québec depuis 20 ans et je n’ai jamais vu un phénomène comme ça», explique son ancien entraîneur à l’école secondaire Armand-Corbeil de Terrebonne, François Cajelais.
En plus de le jouer sur la ligne défensive, les Scorpions de Terrebonne ont confié à Boucard les retours de coups de pied. Il était même parfois utilisé comme receveur tant il était polyvalent.
« Il aurait facilement pu être porteur de ballon, ou même quarterback. On aurait pu le mettre partout sur le terrain, mais on ne voulait pas exagérer : il n’aurait pas été arrêtable”, assure M. Cajelais.
« Finalement, il était connu de tous au Québec. Les entraîneurs des équipes adverses étaient fiers de dire qu’ils l’avaient affronté”, ajoute-t-il.
En 3e secondaire, Boucard pesait déjà 250 livres. Il était tellement dominateur physiquement que ses entraîneurs ont dû le prévenir : il devait parfois se retenir, en taclant ses adversaires. Le risque de blessure était trop grand.
«Quand il n’était pas nécessaire de tacler, je n’y allais pas», raconte l’interlocuteur principal. Je savais que la différence de hauteur était trop grande, alors je me suis assuré de simplement pousser les adversaires au sol. »
Après ses 3e Au lycée, Boucard poursuit sa carrière à la Mobile Christian High School, en Alabama. Une saison parfaite de 15-0, un championnat d’État, 85 plaqués et 11 sacs plus tard, il était prêt pour une nouvelle aventure. A tel point que cette année, il part pour le programme Miami Central en Floride, reconnu comme l’une des 20 meilleures écoles privées (écoles préparatoires) des États-Unis.
Pour Boucard, autre changement de programme rime avec autres performances dominantes : en huit matchs, il a réclamé huit sacs et deux touchdowns.
Au vu de ses performances, Boucard peut déjà se permettre de rêver. Le système de dépistage d’American Rivals lui attribue une note de quatre étoiles sur cinq. Cela signifie qu’il fait partie des 250 à 300 meilleurs joueurs de son pays.
Au total, 224 joueurs sont recrutés chaque année dans la NFL. Si Boucard maintient son niveau de jeu, il risque de tomber sur l’écran radar des équipes du circuit Goodell.
Les joueurs de ligne défensive comme lui sont la denrée la plus rare dans la NFL. Je pense qu’il y a une réelle chance qu’on le voie parmi les professionnels.
François Cajelais, entraîneur-chef du programme de football de l’école secondaire Armand-Corbeil
Boucard voit bien plus grand. Il refuse de se limiter à se frayer un chemin dans la NFL. Il veut devenir l’un des meilleurs de l’histoire de son sport, ni plus, ni moins.
«Je veux devenir Hall of Famer, collecter le plus de sacs possible», dit-il sans la moindre hésitation dans la voix.
« Je suis le joueur de ligne défensive le plus athlétique du pays », déclare-t-il sur ses réseaux sociaux. Interrogé sur cette affirmation, il la rectifie : il est plutôt le meilleur de sa tranche d’âge à son poste, tout simplement.
« Certaines personnes pourraient dire le contraire en regardant mes statistiques. Cela ne me dérange pas, dit-il. Ce que vous pensez de vous est directement lié à votre performance sur le terrain. Si vous vous dites que vous ne valez rien, vous n’aurez plus confiance. »
Je n’ai pas peur de dire ce que je vaux.
Floyd Boucard
Arrogant. Condescendant. Ces qualificatifs pourraient venir à l’esprit en entendant un tel discours. Ce serait toutefois se méprendre sur les motivations de Floyd Boucard.
Lorsque le Deux-Montagnais aborde ses performances, il complète toujours sa réflexion en précisant son véritable objectif à long terme : devenir un exemple. Donnez l’espoir aux jeunes Québécois qu’il est possible d’exceller aux États-Unis.
« D’où je viens, je pense que la plupart des joueurs n’ont pas eu la chance que j’ai, l’influence que j’ai eue. Je ferai tout pour leur ouvrir la porte», promet-il.
Chaque fois qu’il en a l’occasion, Floyd Boucard s’implique auprès de son ancien programme de football à Terrebonne. Armé de sa confiance habituelle, mais aussi d’humilité. Celui qui a toujours vécu là.
«Quand il jouait avec nous, il était le meilleur joueur du Québec. Tout le monde le savait. Mais il n’a jamais fait ressentir cela à ses coéquipiers. Il a toujours eu une belle attitude et je suis sûr qu’il le sera toujours », conclut François Cajelais.
Changement de direction
En juillet, Floyd Boucard a invité famille et amis dans un restaurant de Terrebonne pour révéler l’identité de l’université auprès de laquelle il avait choisi de s’impliquer. Après avoir visité plusieurs campus, il choisit l’Université d’Oklahoma. Deux mois plus tard, il a fait marche arrière et a renoncé à cet engagement. C’est plutôt à l’Université de Californie du Sud (USC) qu’il poursuivra sa carrière l’année prochaine. Pourquoi cette volte-face ? “C’est l’USC qui m’offre la meilleure chance d’aller chez les pros”, se limite-t-il à dire. Une chose est sûre, sa décision aura fait sensation aux Etats-Unis. Différents analystes se sont penchés sur la question, notamment sur les réseaux sociaux. Voilà un bon aperçu de ce que Boucard devrait vivre en termes d’attention médiatique au cours des prochaines années.
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