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Edito sportif à Caen
Publié le
4 novembre 2024 à 16h42
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Autorisé à Cap Caen en course à piedFlorian Lainé (41 ans) a bouclé, le 20 octobre 2024 après 57 heures d’effort, le Grand Raid de la Diagonale des Fous, qui traverse La Réunion de part en part. « J’ai hâte de revenir l’année prochaine », sourit-il. Entretien avec un homme fatigué mais heureux.
Florian, que reste-t-il aujourd’hui des 57 heures que tu as passées sur le parcours du Grand Raid de la Diagonale des Fous ?
Un merveilleux souvenir même s’il y a eu évidemment des moments plus difficiles que d’autres. J’avais déjà participé au Festival des Templiers et au Barjo mais jamais à un événement aussi long. A tel point que, comme c’était une découverte, et de plus dans des conditions climatiques particulières, je m’étais seulement fixé pour objectif de franchir la ligne d’arrivée. Le plus difficile était de gérer le sommeil.
Avec une préparation physique soutenue depuis plusieurs semaines, l’état de forme était bon. La nutrition et l’hydratation se sont également bien déroulées. Comme le départ était à 22 heures, je m’attendais à une première nuit blanche. J’avais prévu de faire une micro-sieste toutes les huit heures mais, arrivant à la première base de vie, rattrapé par l’euphorie et la météo, je me suis vite rendu compte que ce serait impossible.
« Un soulagement mêlé de fierté »
Qu’avez-vous ressenti en franchissant la ligne d’arrivée après tant d’heures d’effort ?
Un très grand bonheur. Un soulagement mêlé de fierté puisque j’avais réussi à accomplir l’exploit d’aller au bout. Les larmes me sont venues aux yeux quand j’ai vu ma femme. C’était, pour moi, la consécration de tous les sacrifices auxquels j’avais consentis.
Le trail et la course à pied me fascinent. Cela fait un moment que je pense à cette course car elle est tellement mythique. Cela m’a attiré ne serait-ce que pour l’île où cela s’est déroulé. J’avais vu de nombreux reportages, lu de nombreux livres ou bandes dessinées et j’ai eu la chance de pouvoir participer dès ma première inscription.
Avez-vous envisagé d’abandonner face à la difficulté de l’épreuve ?
J’étais tellement déterminé que la question ne m’a pas traversé l’esprit. Sauf peut-être une fois. Après 150 kilomètres de course, j’ai eu des hallucinations et je me suis senti très fatigué. Du mieux que j’ai pu, je suis arrivé au ravitaillement et, là, les paroles de ma famille m’ont permis de continuer. Que mes proches puissent m’accompagner était très important.
Le Piton de la Fournaise, les cirques de Mafate et de Cilaos… la Diagonale des Fous est aussi réputée pour la beauté des paysages qu’elle traverse…
Le terrain est tellement technique que nous avions constamment les yeux rivés là où nous posions les pieds mais, lorsque nous traversions les cirques, nous nous arrêtions pour contempler les paysages et les prendre en photo. On se sent parfois tout petit ! Ce sont les réglages qui nous ont fait avancer.
“J’étais une vraie batterie électrique”
Et peut-être le public aussi ?
Au départ, quand nous avons entendu l’hymne de la course et vu l’excitation qui a duré sept ou huit kilomètres, nous nous sommes sentis comme des héros. Tout le monde voulait nous saluer. Nous avons traversé des petits villages et là on nous a donné de l’eau ou du Coca-Cola. Il faut vraiment en faire l’expérience ! Du début à la fin, le public nous a acclamé tout au long du parcours.
Comment vous êtes-vous préparé pour cette course hors du commun ?
Je suis arrivé quelques jours avant le départ pour m’acclimater à l’île. En plus d’un certain bagage physique, tous les trails auxquels j’ai pu participer m’ont aussi apporté un boost mental. J’ai reçu mon dossard en janvier. À partir de ce moment-là, je me suis entraîné six jours par semaine, soit en course à pied, soit en musculation.
Nos proches nous soutiennent dans les moments de doute que nous pouvons traverser. Ma préparation a été bonne malgré quelques petits couacs comme une tendinite au genou. Ma famille m’a rassuré lorsque j’étais submergé par le stress. Quatre ou cinq jours avant la course, j’ai été un véritable électrochoc car je me suis posé beaucoup de questions mais ils m’ont dit qu’ils croyaient en moi et que tout le monde me soutenait. Ce sont des mots qui m’ont aidé.
Pensez-vous qu’avoir participé à une telle course vous fait désormais appartenir à une élite ou à une catégorie particulière et particulière de traileurs ?
Je le pense mais sans aucune prétention. Franchir la ligne d’arrivée n’était pas donné à tout le monde. La course est tellement difficile. Dans la gestion de leur alimentation, de leur sommeil ou de leur hydratation, les organismes sont mis à rude épreuve. Il faut beaucoup s’entraîner pour pouvoir participer.
Quand on a réalisé une course aussi mythique, à quoi peut-on désormais rêver ?
J’ai hâte de revenir sur l’île l’année prochaine et, avec l’expérience que j’ai désormais, je me suis fixé un objectif d’environ 40 ou 45 heures. J’ai toujours été très sportif. Du football, du tennis mais j’ai fini par en avoir assez.
J’ai découvert le trail il y a cinq ans avec des amis. D’abord du footing puis des petits trails. J’ai développé un goût pour la course à pied dans la nature. Aujourd’hui, je ne fais plus de course sur route. Avoir mis son corps à rude épreuve, se surpasser, c’est un tel bonheur lorsque l’on franchit la ligne d’arrivée.
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