À Aspen, station emblématique du Colorado et théâtre des X Games à partir de ce jeudi 23 janvier, les juges surveilleront attentivement les athlètes participant à ces Championnats du monde de sports extrêmes. Tout au long du week-end, ils scruteront chaque pirouette, chaque « flip » et chaque « grab », comme c’est l’usage depuis la première édition en 1997. Mais cette année, un autre arbitre rejoint le jury : l’intelligence artificielle. Lors de certaines compétitions de snowboard, des caméras vidéo filmeront les mouvements de chaque athlète, qui seront ensuite analysés par l’IA. Enfin, l’ordinateur est chargé d’attribuer leurs scores aux athlètes.
Les X Games sont le premier événement sportif professionnel à tester officiellement l’IA. Il s’agit cependant d’un test : ce week-end, les juges humains auront le dernier mot pour décider des scores officiels et des médailles. Les téléspectateurs verront également les notes données par l’IA et pourront jouer au jeu de comparaison.
« Super pouvoir »
Jeremy Bloom, PDG des X Games, considère l’intelligence artificielle comme un « super pouvoir » pour ces sports de score, qui laissent forcément place à la subjectivité. « Je dirais que les humains font parfois des erreurs. Cela ne veut pas dire que l’IA ne fera pas d’erreurs aussi, surtout dans sa forme initiale, mais notre objectif est de donner cet outil aux juges afin qu’ils puissent l’utiliser dans leur stand. a glissé mercredi cet ancien skieur acrobatique autrefois sacré champion du monde en New York Times.
Jeremy Bloom met également en avant la différence de précision entre l’œil humain et l’acuité offerte par l’IA et ses caméras, notamment lorsqu’il s’agit de déterminer quelle figure exacte un snowboardeur vient d’exécuter, ou combien de virages sur lui-même il vient de réaliser.
-“Parfois on se trompe dans les chiffres car ils tournent très vite”a souligné Jeremy Bloom, toujours auprès du quotidien new-yorkais. Le modèle informatique testé à Aspen, parce qu’il peut disséquer la vidéo au ralenti, pourrait s’avérer moins faillible que l’œil humain.
Les disciplines de notation sont jusqu’à présent restées en dehors de l’incursion de l’IA dans le sport. Mais si l’expérience des X Games s’avère concluante, la natation synchronisée, le surf ou encore la boxe, dont le système de jugement est souvent remis en question, pourraient à leur tour se laisser tenter. Il reste toutefois difficile d’imaginer, du moins à court terme, l’expulsion des arbitres des compétitions.
