jeCe n’est jamais facile de faire parler un joueur fidjien. De nature plutôt réservée et peu bavarde, l’ailier Viliame Tutuvuli, arrivé à Dax il y a deux mois, a progressivement participé à une interview qui retrace son parcours et sa nouvelle vie à la Dacquoise.
Née aux Fidji il y a 23 ans, Viliame Tutuvuli a débuté à la Nadroga Academy avec le Rugby à sept, premier pas initiatique vers le rugby à XV aux Fidji. Cette académie est née en 2010 d’un partenariat entre le Nadroga Rugby Club et l’ASM Clermont Auvergne. « Le rugby à sept est la première chose que nous faisons aux Fidji. En 2021, j’ai été repéré par le club de Clermont sur des vidéos, mais le Covid ne m’a pas permis de repartir. Je suis passé par la Rugby League (ligue de rugby, NDLR). En 2022, j’ai participé à la Ron Massey Cup en Australie, avec l’équipe fidjienne Kaiviti Silktails. Je suis ensuite revenu aux Fidji pour jouer au XV. C’est là que le club de Clermont m’a proposé de signer une convention de formation », explique le joueur originaire de Nadi, une ville de la taille de Dax.
Écoute
Mais comme tous les joueurs déracinés du Pacifique, arriver à Clermont-Ferrand, au cœur du Massif Central, n’a pas été de tout repos pour le Fidjien de 21 ans. «C’était très difficile. Ce que j’ai découvert était très différent de celui des Fidji. Ensuite, j’ai commencé à m’entraîner avec les Espoirs et à prendre mes marques. J’avais en tête une phrase que mes parents me répétaient souvent : « Travaille dur et joue dur ! » Je n’aurais jamais pensé me retrouver en France, un pays si loin des Fidji. En fait, je joue pour ma famille là-bas ! », livre l’ancien Clermontois.
Après deux ans chez les Espoirs en Auvergne, c’est l’opportunité d’un prêt joker médical qui l’amène à Dax. Comme l’explique le manager Jeff Dubois, son profil a attiré l’attention du staff. « Avec les deux blessures d’Alex Pilati et de Jope Naseara, nous cherchions un joker. Nous avons saisi cette opportunité. Il a un profil plus élancé que ces deux « puncheurs » blessés. Il a de belles qualités de titulaire et de soutien. On redoutait sa capacité à gérer le remplacement défensif, mais « Vili » a écouté, il a vite compris et s’est parfaitement adapté. Sûrement un héritage de ses deux années en Espoirs à Clermont. Il travaille beaucoup sur le terrain et même si ça ne se voit pas, il a du tempérament et peut même se montrer agressif. »
-Viliame Tutuvuli profite de sa vie landaise.
Amaury Dollez
« Heureux d’être ici »
Le nouvel ailier dacquois apprécie le lieu où il a atterri et dont il ne connaissait rien. «Je n’avais jamais entendu parler de Dax. Mais je suis heureux d’être ici. Savoir qu’il y avait des Fidjiens au club était rassurant. Je me suis très bien intégré. J’ai tout de suite aimé le jeu que Jeff m’a présenté. C’est un style de jeu que les Fidjiens aiment (rires). Je vis avec deux joueurs U23 avec qui je communique beaucoup. Je veux bien faire et je m’entraîne pour ça”, raconte celui qui débutera sur l’aile à Angoulême, ce vendredi soir à 19h30.
« Vili » va, pour la première fois de sa vie, se rendre en Charente. « Je ne connais pas cette ville. On m’a dit que j’allais peut-être jouer contre Jonny May. Je l’ai souvent vu à la télévision. Ce sera très spécial pour moi et très motivant si je le vois face à face. Mais j’ai en tête qu’il faut gagner, donc je vais faire de mon mieux… » L’entraîneur dacquois a d’autres attentes à l’égard de son joueur : « On a vu ses qualités sur les terrains souples. J’ai hâte de le voir jouer sur le terrain synthétique d’Angoulême. J’espère qu’il saura exprimer tout son potentiel pour ce grand match.
