après 19 mois d’incroyables épreuves, Eliott a rejoué au

Par

Clément Mazella

Publié le

22 janvier 2025 à 18h03

«J’ai ressenti beaucoup de joie. Beaucoup de choses me sont passées par la tête, dont cette notion de « ça y est, j’y suis arrivé, je suis de retour ». Après, j’ai l’impression d’être simplement redevenu un joueur de Colomiers. Face à nous, Eliott Maurel a du mal à cacher ses émotions et ce bonheur retrouvé. Contre Dax le week-end dernier, il retrouve enfin les terrains de Pro D2. Devant sa famille, ses proches. Un moment qu’il attendait tant. Parce que le garçon de presque 24 ans a vécu un énorme problème. 19 mois.

Retour avec Colomiers, victoire et essai

Depuis mi-décembre, Eliott Maurel fait partie du groupe élargi de Colomiers. Mais Julien Sarraute, le manager, attend le bon moment : relancer les 3 prometteurs dans le grand bain.e ligne, arrivé au club de Colombe en Cadets après avoir été formé près de Cugnaux (Haute-Garonne), au RC de la Saudrune. Face à Dax, le 17 janvier, l’heure est enfin arrivée.

« Avant le match, il y avait beaucoup d’images qui me revenaient, de l’endroit où j’allais. Et ce moment que j’avais imaginé. Car malgré les creux rencontrés, j’ai toujours pensé à ce moment où je rentrerais aux vestiaires, où j’enfilerais les sangles, les crampons, les chaussettes, le maillot du club. Cela m’a toujours motivé. Je me suis toujours dit que j’allais réussir”, avoue l’intéressé àA l’heure du .

Il avoue avoir ressenti « cette pression » que subit tout athlète avant une rencontre. « Là, c’était quand même particulier, mais j’avais envie de savourer tous ces moments. Je les ai manqués. Chaque instant, l’arrivée au stade, la rencontre avec le club, le petit montage, ce sont tous ces petits moments que j’ai apprécié. Chaque heure, chaque minute, je savourais tout.

Remplaçant, Eliott Maurel est entré sur le terrain à quinze minutes de la fin. « Je me suis dit : c’est un nouveau départ. C’est reparti, on repart de zéro. Maintenant, recommençons l’histoire », nous a-t-il dit, les yeux toujours pétillants. Bien sûr, Eliott reste concentré, ne veut pas « faire de bêtises » car Dax est proche au score (22-16).

Quelle est la prochaine étape ? Une victoire 43-16. Cerise sur le gâteau : le dernier essai du match pour Eliott. « Je n’aurais pas pu rêver mieux », sourit-il. « Bien sûr, je n’ai que deux mètres à parcourir. J’ai fait un petit choc à Jérémy Béchu à la fin, car c’est souvent lui qui est au bout du fil pour marquer ces buts.

« J’ai encore en tête cette image où tous les gars venaient autour de moi pour me féliciter. C’était très beau. Je n’avais pas les larmes aux yeux, mais presque. J’ai été ému. J’ai eu deux minutes sans parler, je ne pouvais pas.

Eliott Maurel
3ème ligne de Colomiers
Eliott Maurel a été chaleureusement félicité par tous ses coéquipiers après son essai de dernière seconde face à Dax. (©Colomiers Rugby)

Une décision forte : le choix de l’opération

Fort. Parce qu’Eliott sait ce qu’il a vécu. En 2023, celui qui fut champion de Cadets et Crabos avec Colomiers dispute ses premiers matches avec les premiers. Un déplacement à Vannes, une réception de Massy : le club haut-garonnais compte sur son jeune élément, au point de lui faire signer un contrat de deux ans (un an Espoirs, un an Pro).

Ravi, Eliott savoure. Mais il est aussi honnête : il souffre depuis plus d’un an de douleurs au tendon d’Achille. « J’avais vu plusieurs spécialistes. Nous avons trouvé des solutions comme des infiltrations pour essayer de faire durer le plaisir. Mais il s’est avéré qu’au bout d’un moment, j’avais trop mal. Il en parle donc au manager Julien Sarraute et il est décidé qu’Eliott se fasse opérer.

Un choix fort car Eliott Maurel renonce à un quart de finale Elite Espoirs, lui qui est le capitaine de cette équipe qui s’est hissée à un niveau jamais atteint par Colomiers. « C’était une décision compliquée pour moi. C’était potentiellement mon dernier match en Espoirs, avec mes amis. Je me culpabilisais, j’avais un sentiment d’abandon envers eux. Mais tout le monde a compris ma décision et m’a même encouragé.

Bref, 4 mois d’arrêt sont prévus, et une reprise prévue pour octobre. Le 15 mai 2023, Eliott Maurel est opéré du tendon d’Achille. Le reste est un long chemin de croix.

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Une deuxième opération

Après 3-4 mois, le 3e la ligne n’a pas encore repris la course. « J’ai des douleurs persistantes, pires qu’avant l’opération. On commence à se poser des questions. Nous disons que nous allons lui donner un peu plus de temps. Les mois passent et les progrès sont minimes. « Le chirurgien n’est pas trop optimiste. Cela pourrait être une des complications de l’opération, m’a-t-il dit. Le club ne le sait pas vraiment non plus. Ce fut un moment difficile pour moi de ressentir ce sentiment que personne ne sait rien.

On se dit qu’on est tout seul dans la merde. Personne ne peut m’aider. Cela m’a donné un certain coup.

Eliott Maurel
3ème ligne de Colomiers

Au bout de 8 mois, Eliott Maurel prend le taureau par les cornes. « Le club voulait en quelque sorte continuer à voir où les choses allaient. Mais j’ai fait mon choix. Il fallait trouver une solution, ce n’était plus possible. Même dans ma vie de tous les jours, cela me handicapait. C’était une douleur vraiment importante. Je veux revoir ce chirurgien.

Il propose à Eliott une nouvelle opération. Plus plein, plus lourd. « Cela devrait me permettre d’envisager un avenir un peu meilleur », souffle Eliott. « Ce moment a été difficile. J’avais l’ambition de revenir dans 4 mois, j’avais sacrifié mon quart de finale avec les Espoirs, je voulais jouer chez les pros et j’avais le sentiment d’avoir raté mon rendez-vous. Tous les sacrifices, les choix qui ont été faits pour pouvoir être là au bon moment… Tout s’effondre, tout s’arrête, tout se rate. C’est un coup dur. « .

Le 29 janvier 2024, Columérin revient au billard. On parle d’une nouvelle absence comprise entre 6 et 9 mois. Eliott ne fait pas de plan.

La joie et la communion d’Eliott Maurel avec le public du stade Michel-Bendichou, où sa famille était assise pour son retour à la compétition. (©Colomiers Rugby)

Un incroyable sacrifice de soi

Ce qui ressort quand on écoute les propos d’Eliott Maurel, c’est son abnégation. Jamais le 3e la ligne a abandonné ou a envisagé d’abandonner. Mais au début, cela n’a pas été facile. « J’ai dû accepter cette blessure. C’est un peu tabou dans le milieu, mais j’avoue avoir été suivi par un psychologue. J’avais l’impression que j’en avais besoin parce que je ne savais pas vraiment comment faire. Sa famille, ses proches sont également là. Eliott se concentre également sur ses études, lui qui suit une formation pour devenir ostéopathe.

Les études étaient un bon débouché. Le club a également été très gentil avec moi. […] On dit qu’on n’a pas baissé la tête, mais évidemment, oui, on baisse la tête au bout d’un moment. Dire qu’on s’est immédiatement dirigé vers le positif, vers un objectif, ce n’est pas vrai. J’ai vécu 2-3 mois très difficiles où je ne savais pas si j’allais revenir et comment. Mais avoir été bien entouré, ça m’a vraiment aidé à rester stable, dans ma tête. Ensuite, j’ai commencé à penser à pouvoir à nouveau bien marcher, faire de l’exercice et peut-être rejouer au rugby un jour.

Eliott Maurel
3ème ligne de Colomiers

Eliott Maurel nous a partagé, lors de notre échange, une anecdote : « Lors d’un cours de pathologies, le professeur nous a parlé du tendon d’Achille, et il a évoqué l’opération que j’ai subie. Il dit que c’est une grosse opération, et que le patient doit oublier le sport de haut niveau. Je le regarde et lui dis que c’est ce que j’ai. Et je continue en lui disant que je veux revenir et que je veux y arriver. Ce qu’il m’a dit m’a toujours marqué. Cela a fonctionné sur moi et je voulais clairement lui prouver qu’il avait tort.

Eliott Maurel a fait preuve d’un abnégation incroyable durant les 19 mois de son combat. Colomiers peut désormais compter sur un bel ajout à son effectif. (©Colomiers Rugby)

Finalement, après 4 mois, Eliott a recommencé à trotter. Et tout s’est bien passé. Un passage de 3 semaines au CERS, puis un retour dans son club de Colomiers. «J’ai même dû me tempérer», s’amuse Eliott, qui souligne aussi l’apport bénéfique du kiné Thomas Esposito. Les étapes s’effectuent petit à petit : d’abord entraînement individuel, puis retour en groupe pour le collectif. Jusqu’à cette entrée en jeu face à Dax où Eliott a enfin pu rejouer au rugby et pratiquer sa passion.

« Je serai transparent : l’idée de mettre un terme à ma carrière m’a traversé l’esprit. Mais je ne me suis jamais dit, je vais arrêter. C’était hors de question. J’ai refusé cette idée, je ne pouvais pas l’accepter. Et peut-être qu’au final, c’est aussi ça qui m’a sauvé ou qui m’a aidé : je ne voulais pas accepter que cette blessure m’arrête. Un sacrifice qui force l’admiration…

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