“Ne me parlez pas de cicatrice car pour moi il n’y en a pas”, dit Nedim Remili

“Ne me parlez pas de cicatrice car pour moi il n’y en a pas”, dit Nedim Remili
“Ne me parlez pas de cicatrice car pour moi il n’y en a pas”, dit Nedim Remili

ENTRETIEN – Le demi-centre d’une équipe de meurtrie par son échec lors des JO-2024 veut croire en sa capacité à rebondir lors de la Coupe du (14 janvier-2 février). A condition de retrouver cohésion et confiance.

À la Maison du Handball à Créteil

A écouter vos coéquipiers, il apparaît que cette Coupe du Monde 2025 pourrait vous permettre de panser la cicatrice liée à l’échec aux JO de Paris 2024…
Nedim Remili (Il fait la moue) : Non, je ne pense pas. Je crois qu’il faut se tourner vers l’avenir, ou du moins vers le présent avec cette Coupe du Monde. Il n’y a pas de cicatrice à panser, mais il y a du travail à faire, qui a déjà commencé et qui doit se poursuivre tout au long de cette compétition. Nous sommes sur la bonne voie. Nous travaillons dur, nous travaillons dur. Nous avons établi des bases solides et il faut maintenant que cela se réalise lors des matches. Alors ne me parlez pas de cicatrice car pour moi il n’y en a pas.

Pour que cette Coupe du Monde soit réussie, est-il nécessaire de remporter le titre ?
Non, pour que cela réussisse, il faut retrouver la cohésion, la solidité – qu’elle soit défensive ou offensive –, ainsi que les bases que l’on avait mises lors des dernières compétitions avant ces fameux JO. Après, évidemment, quand on est l’équipe de France de handball, c’est presque l’or sinon rien. Mais ici, le plus important pour nous, c’est de ne pas regarder si loin, de préparer d’abord nos trois premiers matches contre le Qatar, le Koweït et l’Autriche. Pour être honnête avec vous, je ne sais même pas sur qui nous allons tomber ensuite parce que je ne veux pas y penser tout de suite. J’espère tout d’abord qu’on va construire notre compétition sur la base du travail qui a été fait lors de la réparation et de ces trois matches et qu’ensuite on ira jusqu’au bout.

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La cohésion est un terme qui revient souvent. Est-ce que cela veut dire qu’il y a quelque chose à remonter ?
Je te dis de ne pas me parler de cicatrices et tu me parles de choses à recoller, tu es fort (rires). Plus sérieusement, on parle de cohésion car c’est la base d’une bonne compétition, d’un bon voyage. Nous allons passer presque 30 jours ensemble et s’il n’y a pas de cohésion, ce sera compliqué d’aller au bout, ou du moins d’avoir les ressources nécessaires pour finir en beauté, comme c’était le cas il y a exactement un an (titre lors de l’Euro). ). C’est donc cette cohésion que nous recherchons. Il y a aussi le fait d’avoir perdu des joueurs. Quand je dis perdu, je parle d’anciens combattants qui ont arrêté leur carrière, ce qui veut dire qu’il y a, en un sens, une nouvelle main-d’œuvre. C’est dans ce sens qu’on parle de cohésion et non de cicatrice (sourire).

Cette cohésion est importante. Mais ce mot commence à m’énerver tellement je le dis…

Nedim Rémili

Comment créer cette cohésion ?
On fait la fête toute la nuit ensemble (rires). Non, plus sérieusement, cela implique beaucoup de choses, à commencer par gérer les caractères de chacun, sachant que certains sont plus discrets que d’autres. Naturellement, tout le monde se retrouve dans le salon et essaie de passer un bon moment, même si ce n’est pas évident de réunir les 20 joueurs. Mais pour la petite anecdote, après la deuxième journée de préparation durant laquelle le staff nous a physiquement tués, nous nous sommes retrouvés tous les 20 dans les bains chauds pour récupérer. Je pense que cela n’est jamais arrivé depuis la création de cette Maison du Handball. C’est un moment qui prouve clairement que ce groupe veut avancer ensemble. Pareil lorsque nous jouions à une partie de loup-garou (un célèbre jeu de rôle). Cela arrive souvent à travers les jeux de société, c’est sûr. Les coachs comprennent qu’on a besoin de nos moments de groupe, et ça se fait vraiment naturellement. Cette cohésion est importante. Mais ce mot commence à m’énerver à force de le répéter, il faut en trouver un autre (rires). Il y a une forte envie de partager des moments ensemble, en dehors du terrain. Même pendant les étirements, nous sommes 4-5 ensemble et ce ne sont jamais les mêmes groupes. Pourtant, les Nantais pourraient le faire car ils sont nombreux. Mais il y a beaucoup de mini-groupes qui se mélangent à chaque fois, ce qui est très intéressant.

Qui est l’ambianceur ?
Honnêtement, il y en a beaucoup. Le premier est Hugo Descat, mais il y a aussi Dylan (Nahi). Dans son genre, Thibaud Briet n’est pas mauvais non plus. Et au final, c’est souvent Samir Belhacène qui fait une bêtise. Il y a bien un groupe à la fois homogène et hétérogène.

Nedim Rémili
DAMIEN MEYER / AFP

Vous dites que l’équipe a changé. Les rôles de chacun aussi ?
C’est compliqué… Disons qu’il y a des joueurs qui arrivent et qu’ils vont devoir s’affirmer davantage. Mais encore une fois, il n’y a aucune pression là-dessus. Je pense qu’on a un groupe vraiment soudé, avec beaucoup de cohésion (sourire). Nous appartenons presque tous à la même génération et nous nous entendons très bien. Ça se sent sur le terrain, quand on s’entraîne il n’y a vraiment aucun joueur plus haut ou plus bas que l’autre. Le plus important c’est que nous sommes tous sur la même longueur d’onde car il y a tellement de forces fortes dans ce collectif que chacun veut apporter sa contribution. Un championnat du monde, c’est long et chacun aura son rôle à jouer. Peu importe quand, il faut être prêt.

Nous souhaitons que les plus jeunes, un jour, parlent de notre génération comme d’une grande génération de cette équipe de France.

Nedim Rémili

Pensez-vous qu’avec le départ des derniers anciens, c’est à votre génération de prendre les choses en main ?

Je ne dirais pas « prendre les devants », car je pense que nous le prenons depuis un certain temps déjà. Mais oui, nous voulons écrire notre histoire car officiellement, avec la retraite de Niko (Karabatic), l’ère des Experts est vraiment révolue. Donc là, c’est vraiment une équipe de France « nouvelle génération » qui arrive et on veut que ce soit une belle page. J’ai vu récemment le documentaire de Canal+ sur l’histoire de l’équipe de France et je viens de découvrir celui de BeIN Sport. Nous voulons faire partie de ces histoires incroyables, qui transmettent des émotions, qui construisent un pont de génération en génération. Nous souhaitons que les plus jeunes, un jour, parlent de notre génération comme d’une grande génération de cette équipe de France.

Depuis quelques temps, un préparateur mental travaille au sein du staff de l’équipe de France. Qu’attendez-vous ?
Je ne suis donc probablement pas la bonne personne pour poser cette question car je n’en attends rien de spécial. Je pense que consulter un préparateur mental ou un psychologue, peu importe comment vous l’appelez, vient d’une intention personnelle. J’ai déjà quelqu’un avec qui je travaille en dehors du groupe et cela me convient très bien. Cela dépend du ressenti, du moment. Aujourd’hui, je n’en ressens pas le besoin. Pourtant, je l’ai ressenti après les JO, si vous voulez une cicatrice (rires). Mais depuis, je vais très bien. Je me sens bien dans ma peau, bien dans ma tête. Ma famille va bien et croyez-moi, c’est ce qui est le plus important aujourd’hui.

Nedim Rémili
ARIS MESSINIS / AFP

Avez-vous pu analyser ce qui n’avait pas été fait aux Jeux de Paris en termes de jeu ?
Ah, tu veux parler de tactique, de jeu. Les questions de groupe sont-elles terminées ? (Sourire) C’est sûr que si on veut parler des JO, on a développé un jeu beaucoup plus stérile, beaucoup plus statique et ça ne nous a pas permis de développer les qualités des uns et des autres. Là, on essaie évidemment d’ajouter beaucoup de vitesse car on a de nouveaux joueurs en base arrière qui peuvent nous en donner, comme Aymeric (Minne) ou Thibaud (Briet). Ils ont une autre façon de jouer, d’appréhender aussi le handball. Nous essayons vraiment de faire en sorte que chacun puisse contribuer autant que possible sur le terrain. C’est compliqué car il n’y a qu’un seul ballon et il y a beaucoup de grands joueurs qui, dans leurs clubs respectifs, aiment porter beaucoup de ballons. Mais encore une fois, c’est cette envie de partager ce ballon qui nous fera gagner.

Les Danois ont-ils encore quelque chose de plus que vous ?
(S’arrête) Non.

Pour quoi ?
Oh putain, bravo, je n’avais pas celui-là (rires). Je pense qu’ils ont leurs atouts. Ils sont vifs, ils sont forts. Ils ont des qualités partout. Nous essayons maintenant de développer le nôtre, en essayant d’en ajouter davantage. Et je veux vous dire : réponse en février. Mais ils sont champions du monde et champions olympiques en titre, ce qui en fait actuellement la meilleure équipe du monde. Nous sommes la meilleure équipe d’Europe, jusqu’à l’année prochaine. C’est donc à nous de viser cette Coupe du Monde.

 
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