Martin St-Louis envoie un message cinglant à Kent Hughes

Il y a des moments dans une organisation où le coach, volontairement ou non, prend les devants pour faire passer un message.

Pas à ses joueurs. Pas à ses assistants. Mais directement à son patron.

Et il semble que Martin St-Louis, à sa manière, ait fait exactement cela.

La conférence de presse de Kent Hughes en début de semaine visait à calmer les choses.

Hughes avait tenté de recadrer les attentes des journalistes en affirmant que l’objectif de participer aux séries éliminatoires n’était pas une priorité officielle.

Une déclaration sage et diplomatique, sauf que sur la glace, Martin St-Louis avait déjà préparé une réponse bien différente.

Au cours des dernières semaines, on a ressenti une énergie différente chez les Canadiens de Montréal. Une équipe qui, soyons honnêtes, n’avait rien à envier à une boussole cassée en début de saison.

Entre les défaites humiliantes contre les Capitals à Halloween – St-Louis a déclaré que ses joueurs avaient « vomi sur eux-mêmes » – et la monotonie des performances de mauvais goût, on n’avait pas vraiment de quoi s’enthousiasmer.

Mais maintenant, cette même équipe a repris vie. Et ce, d’une manière qui ne peut être interprétée que comme un défi direct lancé par St-Louis au leadership.

Les Canadiens jouent avec intensité, constance et ce qu’on pourrait appeler un esprit de “Va te faire foutre” face à leurs adversaires.

« La recette commence enfin à fonctionner »a déclaré St-Louis après le match contre les Stars de Dallas, où Montréal a pris un précieux point.

En soi, ce n’est pas un commentaire particulièrement explosif, mais replacé dans son contexte, il révèle une attitude bien plus ambitieuse que celle affichée par Kent Hughes lors de son évaluation.

Hughes a réitéré que l’objectif restait un progrès à long terme. Mais si l’on y regarde de plus près, l’approche de Saint-Louis suggère exactement le contraire : pourquoi attendre demain quand on peut gagner aujourd’hui ?

Le message de St-Louis se traduit sur la glace, et c’est inquiétant. « Chaque fois que la rondelle est mise en jeu, il faut mériter pour gagner ce match »il a insisté.

Une déclaration qui sonne presque comme une réprimande voilée à la philosophie de la patience prônée par Hughes.

Autrement dit: « Je ne suis pas ici pour perdre exprès et espérer un meilleur choix au repêchage. Je suis ici pour gagner. »

Et les chiffres confortent son propos. Depuis le début du mois de décembre, les Canadiens ont une fiche de 7-2-1 à leurs 10 derniers matchs, rivalisant avec des équipes comme les Golden Knights de Vegas, l’Avalanche, les Caps et maintenant les Stars.

Le Centre Bell vibre à nouveau et les fans scandent même « Monty ! » pour Samuel Montembeault. Ce n’est pas une équipe qui agit comme une bande de perdants attendant un miracle lors du repêchage.

Et en parlant de Montembeault, sa renaissance illustre bien cette dualité entre les stratégies de St-Louis et de Hughes. Hughes, pour sa part, a apporté la stabilité en rappelant Jakub Dobes comme remplaçant.

Une décision logique qui a permis à Montembeault de souffler et de retrouver son niveau.

Mais c’est sous St-Louis que Montembeault prend véritablement son essor. “Tous les gars sont impliqués”a déclaré l’entraîneur après un match épuisant contre les Stars.

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« C’est contagieux. » Cette contagion semble avoir transformé une équipe amorphe en une équipe qui croit désormais pouvoir rivaliser avec les meilleurs.

Mais Kent Hughes est-il prêt à maintenir ce rythme ? C’est toute la question. Lors de sa conférence de presse, Hughes a tenté de tempérer l’enthousiasme en déclarant : « Je ne pense pas que nous allons nous écarter du plan dans le sens où le plan est de construire une équipe capable de concourir pour un championnat pour les années à venir. »

Traduction : ne vous emballez pas, on ne va pas sacrifier l’avenir pour un mirage de playoffs cette année.

Pourtant, à chaque victoire, l’approche de Saint-Louis semble amorcer une subtile lutte acharnée contre cette stratégie prudente.

Hughes est allé jusqu’à souligner : « Nous avons encore beaucoup à apprendre. Nous sommes heureux de mieux jouer, mais je ne veux pas faire la fête. »

L’idée selon laquelle « rien n’est encore accompli » contraste fortement avec une équipe qui se bat chaque nuit comme si sa vie en dépendait.

Et puis il y a la question du vestiaire. Hughes a fait allusion à l’émergence d’une culture au sein de l’équipe, un changement évident selon lui. « Je dirais qu’il y a une certaine culture qui s’établit dans la salle. Une fois installé, cela se produit d’une année sur l’autre. »dit-il.

Mais soyons honnêtes : ce type de culture ne s’établit pas en vase clos. Cela vient d’un leader, et ce leader est Saint-Louis.

Il a pris un groupe jeune et parfois immature et en a fait une équipe autonome. Il a redéfini les attentes.

Alors que Hughes cherche à maintenir le cap sur la reconstruction, Saint-Louis semble insister sur le fait que l’avenir, c’est maintenant.

Cette subtile confrontation entre l’entraîneur et le directeur général pourrait se prolonger jusqu’à la date limite des échanges.

Hughes a laissé entendre qu’il n’excluait pas des actions stratégiques, mais qu’il voulait éviter de sacrifier l’avenir. “Nous avons actuellement des actifs qui seront agents libres à la fin de l’année”» a-t-il déclaré, évoquant la possibilité de négocier des prolongations de contrat pour certains, mais aussi d’échanger des vétérans.

Une stratégie mesurée, mais qui pourrait envoyer un message ambigu à une équipe qui a appris à gagner.

Et c’est là que le message cinglant venu de Saint-Louis prend tout son sens.

Il ne s’agit pas de paroles explicites ni de confrontation directe. Il s’agit d’une déclaration implicite, véhiculée à travers des performances sur glace et des commentaires tels que : « Nous essayons vraiment de créer de la cohérence. »

Saint Louis ne demande pas à Hughes de renoncer à ses principes ou de jeter le plan par la fenêtre. Il demande simplement à son directeur général d’examiner l’équipe, de voir ce qu’il a devant lui et de prendre une décision : allez-vous continuer à construire, ou allez-vous les laisser courir ?

Ce n’est pas une question rhétorique. Les prochaines semaines détermineront si le Canadien demeure dans la course ou si Hughes décide de ralentir le rythme.

Une chose est sûre : Martin St-Louis a déjà pris sa décision. Il ne ralentira pas.

À suivre…

 
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