Lorsque j’ai pris une pause dans mes écrits pendant les vacances, il y a un peu plus de deux semaines, beaucoup manipulaient encore frénétiquement le simulateur de loterie lorsqu’ils se levaient le matin.
Le Canadien a ensuite été repêché cinquième au total, mais seulement deux points le séparaient de la pire équipe du classement général, les Predators de Nashville, avec encore deux matchs à jouer.
Les playoffs n’étaient même pas une idée embryonnaire, puisqu’il fallait réduire un écart de neuf points pour y arriver et aussi, surtout, battre six équipes pour rejoindre le dernier club qualifié.
Un supporter parti quinze jours en pèlerinage sans accès à internet ne comprendrait rien à son retour. Voilà le CH, à deux petits points des Penguins de Pittsburgh et la dernière place donnant accès aux séries éliminatoires, avec encore deux matchs à jouer.
Deux clubs le séparent des Penguins, les Sénateurs d’Ottawa et les Blue Jackets de Columbus. Ottawa a néanmoins un match en main contre Montréal, trois contre Pittsburgh. Les Flyers de Philadelphie, les Red Wings de Détroit, les Rangers et les Islanders de New York se retrouvent désormais derrière le Canadien.
Si le repêchage avait lieu aujourd’hui, le Canadien en détiendrait 13e choix, le sien et le 16ecelui des Flames de Calgary obtenu il y a quelques années pour l’hébergement temporaire de Sean Monahan.
On s’éloigne évidemment du défenseur Mathew Schaefer et des attaquants James Hagens et Michael Misa, mais d’un autre côté, les jeunes joueurs en place à Montréal démontrent des progrès certains durant cette période de succès, ce qui constitue une nouvelle encore meilleure que la perspective de repêchage. dans le top 3.
À l’aube du choc contre les Canucks de Vancouver, lundi soir au Centre Bell, le Canadien vient de battre les Panthers de la Floride, le Lightning de Tampa Bay, les Golden Knights de Vegas et l’Avalanche du Colorado au cours d’un déplacement qu’une grande majorité des spécialistes prédit serait catastrophique.
Le Canadien a une fiche de 7-2 depuis qu’il a perdu 9-2 contre Pittsburgh et 4-2 contre Winnipeg à la mi-décembre. Mais la reprise a eu lieu un peu plus tôt. Montréal affiche une fiche de 10-5-0 depuis le 3 décembre et de 14-9-1 depuis le 11 novembre. Voici cinq facteurs clés dans les récents succès du Tricolore.
1- Le retour de Patrik Laine
La blessure au genou subie par Patrik Laine lors d’un match préparatoire a été une catastrophe tant il était très attendu à Montréal. Laine est revenu au jeu le 3 décembre et, même s’il ne représentait pas une menace paire, il a illuminé le jeu de puissance. Il a marqué huit buts lors de ses neuf premiers matchs, tous avec un avantage numérique, et a permis au Canadien de remporter six matchs. Laine s’était un peu calmé lorsqu’il avait contracté un virus, avec une passe décisive en quatre matchs, mais il semblait revenir lentement en forme. Il aura fourni l’étincelle nécessaire au réveil de cette équipe.
2- L’acquisition d’Alexandre Carrier
Au risque de provoquer un sacrilège aux yeux des inconditionnels de Laine, l’acquisition de Carrier, le 18 décembre, en retour de Justin Barron, est moins spectaculaire, mais peut-être encore plus importante que celle de Laine. Sans attiser les passions, Carrier, 28 ans, propose un jeu d’une fiabilité hors du commun. Il a équilibré la défense du CH et surtout stabilisé Kaiden Guhle. Son temps de jeu a augmenté régulièrement sur huit matchs, avec une moyenne de près de 22 minutes sur les quatre derniers matchs.
Carrier affronte les gros trios adverses en compagnie de Guhle et contribue à réduire la charge de travail de David Savard, un bon mentor pour Arber Xhekaj au sein de la troisième paire. Montréal a une fiche de 6-2 depuis son arrivée et n’a accordé que 18 buts en 8 matchs au cours de cette séquence. Ses quatre passes décisives représentent un bonus.
3- L’émergence du quatrième trio
Jake Evans compte sept points en huit matchs depuis le 20 décembre. Il a joué 17 minutes contre l’Avalanche samedi. Pas mal pour un… centre de quatrième trio ! Il totalise également 16 points à ses 22 derniers matchs et a fait de l’infériorité numérique du CH l’une des bonnes de la LNH avec un taux de réussite de 82,4%, pour le dixième rang de la ligue.
Evans produit à un rythme de près de 50 points. Il se classe troisième parmi les attaquants de l’équipe derrière Nick Suzuki et Cole Caufield avec 23 points en 39 matchs. Son ailier, le surprenant Emil Heineman, compte déjà dix buts, dont quatre lors des huit derniers matchs, malgré une durée d’utilisation limitée. Après 39 matchs, Joel Armia n’est qu’à sept points de son total de l’an dernier en 66 matchs. Il a cinq points à ses huit derniers matchs et est également un pilier en désavantage numérique. Voyons si lui et Evans, deux potentiels agents libres sans restriction, accepteront de rester à Montréal avec un salaire raisonnable.
4- Le réveil de Kirby Dach
Non seulement Dach a récolté quatre points en six matchs lors du dernier voyage de l’équipe, ainsi que le but gagnant en tirs de barrage, mais son jeu nous a finalement rappelé Dach de la seconde moitié de la saison en 2023. Nous le sentons beaucoup plus confiant. avec la rondelle et le CH passe beaucoup plus de temps en zone adverse lorsqu’il est sur la glace, en partie grâce à sa capacité à protéger le disque lorsqu’il en a la possession. Il a joué 19 :22 samedi au Colorado, son total le plus élevé après celui contre les Flames le 5 novembre.
Dach a joué en moyenne plus de 20 minutes par match de janvier à mars 2023. Il a récemment révélé qu’il avait repris une certaine confiance en étant relégué à la deuxième vague du jeu de puissance, au sein d’un groupe où il pouvait obtenir plus de touches de rondelle. Son retour en forme a eu des répercussions sur Alex Newhook qui, sans amasser de points à la tonne, a proposé un match bien plus relevé. Newhook a trois points lors de ses cinq derniers matchs et a joué 17 :23 samedi.
5- Le rappel de Jakub Dobes
Avec l’acquisition d’Alexandre Carrier, le rappel de Jakub Dobes, au détriment de Cayden Primeau, renvoyé à Laval, représente la grande décision du directeur général Kent Hughes en décembre. Dobes, âgé de seulement 23 ans, faut-il le noter, n’a disputé que deux matchs, mais a battu les Panthers de la Floride et l’Avalanche du Colorado en n’accordant qu’un seul but. Son calme est surprenant et à 6’4″ et 215 lbs, il a le physique pour le poste.
Dobes devait en avoir assez de se faire casser les oreilles par ceux qui considéraient Jacob Fowler, 20 ans, comme le futur gardien de l’organisation ! Dobes a été repêché au cinquième tour en 2020 par le Canadien, après Kaiden Guhle, Luke Tuch, Jan Mysak, Jack Smith, Blake Biondi et Sean Farrell. Qu’aurait fait Primeau à sa place pendant le voyage ? Il est raisonnable de croire, avec 19 buts accordés à ses quatre départs précédents, que le CH aurait essuyé des revers face à ces puissances de la LNH.
Pendant ce temps, en Russie…
Imaginez quelques instants Ivan Demidov au début de la saison prochaine, en trio avec Kirby Dach et Patrik Laine, ou avec Nick Suzuki et Cole Caufield – voyons ce qui sera le mieux pour lui, et aussi Juraj Slafkovsky, décevant lors de ce voyage –, et Alex Newhook au centre d’un troisième trio. Ce choix de première ronde du Canadien en 2024, cinquième au total, produit à un rythme étonnant depuis la visite de Kent Hughes, Vincent Lecavalier et Nick Bobrov en Russie. Utilisé avec parcimonie avant cette rencontre, comme la plupart des jeunes de son âge dans la KHL, Demidov a joué pas moins de 14:49 lors de ses cinq derniers matchs et il a amassé… dix points. Une performance incroyable pour un jeune homme d’à peine 19 ans. Demidov compte désormais 31 points en 40 matchs pour un club puissant qui met généralement ses jeunes à sécher sur le banc ou les prête à des clubs médiocres (comme dans le cas de Matvei Michkov). Une performance encore plus étonnante alors qu’il a été blanchi lors de ses quatre premiers matchs de la saison après avoir été cantonné sur le banc. Ce garçon sera une superstar.