La dé-occidentalisation du football mondial est en marche – .

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La dé-occidentalisation du football mondial est en marche – .

Tant de critiques avaient émaillé les préparatifs de la dernière Coupe du monde de football organisée au Qatar en décembre 2022. Des critiques sur l’attribution, sur l’organisation, les conditions environnementales ou sociales, beaucoup avaient prédit un championnat au mieux inintéressant, au pire catastrophique. Avec une focale très occidentale, les farouches détracteurs de l’événement se sont étalés pour expliquer qu’un pays arabe comme le Qatar était tout sauf fait pour accueillir le plus grand événement mondial. Force est de constater qu’après les appels au boycott et dès le début de la compétition, les critiques se sont tues de jour en jour : non seulement la fête était au rendez-vous, les fans sur place aussi, mais il y a eu de belles surprises et de grands moments pour une Coupe du monde qui se déroulait pour la première fois dans un pays arabe.

Deux ans plus tard, l’Euro 2024 avait tout pour rassurer les sceptiques de la première journée de la dernière Coupe. Disputée au cœur même de l’Europe, elle est une claque pour beaucoup de joueurs et de téléspectateurs. Il est vrai qu’en général, le vieux continent est gage de qualité, de sérieux, de savoir-faire et de tradition. Cette compétition excite-t-elle les foules et son organisation est-elle implacable ? La vérité, c’est que non. L’Allemagne, dont l’organisation, la ponctualité, la rationalité et l’efficacité sont constamment louées dans le monde entier, semble un peu à la peine dans ce championnat. Il est vrai que Berlin n’a pas très bonne presse depuis le début de la guerre en Ukraine, accusée de servir ses propres intérêts au sein de l’Union mais de regarder un peu trop vers l’Est et le Sud global.

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Y a-t-il alors deux poids deux mesures dans le passé et des critiques persistantes à l’égard des deux derniers événements majeurs ?

Y a-t-il donc eu un double standard dans le passé et des critiques persistantes sur les deux derniers grands événements mondiaux du football ? C’est tout à fait possible. On a estimé en 2022 que c’était un problème qu’un pays comme le Qatar puisse organiser l’événement et on prévoyait qu’il ne s’en sortirait pas. Résultat : pas un seul incident en termes de sécurité ou de logistique ; un territoire minuscule qui a permis aux joueurs de faire très peu de déplacements d’un match à l’autre, d’un stade flambant neuf à un autre, réduisant ainsi la fatigue générale en prévision de la longueur du championnat. Beaucoup imaginaient que les matchs au Qatar seraient aseptisés sans surprise. Est-ce le cas ?

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Il y a eu de grands moments. En effet : que dire de la passion qui a envahi les stades avec l’avancée dans la compétition de l’équipe marocaine des Lions de l’Atlas ? Que dire de l’espoir suscité dans tout le monde arabe ? Que dire de la surprise du match entre l’intouchable Argentine et l’équipe d’Arabie Saoudite dirigée par le sélectionneur star Hervé Renard qui allait l’emporter face à elle ? D’autres matches ont rendu le spectacle inattendu : un Japon coriace, une Tunisie puissante face à la France, ou encore un Cameroun tranchant face au Brésil.

Que dire d’autre de Stéphanie Frappart, qui fut la première femme (française) de l’histoire, et ce au Qatar, à arbitrer un match de Coupe du monde ? 2022, c’est aussi les larmes de Ronaldo après l’élimination du Portugal face au redoutable Maroc. Alors que l’Argentine s’imposera en finale contre la France, le Brésil disparaîtra en quart de finale. Tous ces moments sont devenus historiques, tout comme le plus grand nombre de buts marqués dans une Coupe du monde. Cette Coupe du monde 2022 a aussi été le succès des petits pays et de nombreux pays non occidentaux. C’était à Doha.

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Est-ce là aussi la désoccidentalisation du monde, mais cette fois-ci dans le football aussi ?

Et l’Euro 2024 ? D’un point de vue pratique, l’organisation allemande ne fait pas rêver les équipes, pire elle les épuise : les membres de l’équipe de France se plaignent du peu de temps de récupération entre les matches. Des heures de route sans escorte policière, des embouteillages sur le trajet. Beaucoup espéraient que cet Euro 2024 puisse servir de modèle pour l’avenir du football européen. En termes d’ambiance, ce n’est pas sûr non plus. Outre le talent des équipes latines (portugaises et espagnoles), certains comparent déjà ce championnat à un vieux championnat allemand du temps du leader russe Leonid Brejnev dans les années 1970. Les grosses équipes traditionnellement favorites sont ennuyeuses à regarder ; que ce soit la France, la Belgique ou l’Italie. Les surprises viennent en réalité de pays peu connus pour la qualité de leur football, une fois encore comme en 2022 à Doha : la Géorgie par exemple, qui possède une équipe aussi séduisante qu’on pourrait le souhaiter. Est-ce là aussi désormais la désoccidentalisation du monde, mais cette fois aussi du football ? C’est ce qu’avait largement initié la Coupe du monde 2022 au Qatar.


* Sébastien Boussois est docteur en science politique, chercheur sur le monde arabe et la géopolitique, enseigne les relations internationales à l’IHECS (Bruxelles), est collaborateur scientifique au Cnam Paris (Équipe Sécurité Défense), au Nordic Center For Conflict Transformation (NCCT Stockholm) et à l’Observatoire stratégique de Genève.

 
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