Jeux Olympiques de Paris 2024. Les chances de médaille marocaines revues avec Hassan Fekkak

Jeux Olympiques de Paris 2024. Les chances de médaille marocaines revues avec Hassan Fekkak
Jeux Olympiques de Paris 2024. Les chances de médaille marocaines revues avec Hassan Fekkak

– Pensez-vous que l’équipe nationale olympique a des chances de monter sur le podium dans le tournoi de football ?

– En intégrant des joueurs de l’équipe nationale A, cette équipe a le potentiel pour remporter une médaille olympique. D’autant qu’elle s’est qualifiée en remportant la CAN U23. Il est également important de souligner que, lors de la Coupe du monde 2022, le Maroc figurait dans un groupe très compétitif (Belgique, Croatie, Canada) et pourtant, il a atteint les demi-finales. L’équipe nationale olympique peut capitaliser sur cet élan d’enthousiasme généré par les performances de l’équipe A.

– Hormis le football masculin, les sports collectifs marocains sont largement absents de ces JO…

– L’équipe marocaine de beach-volley s’est également qualifiée, mais c’est en double. Pour les autres sports collectifs, comme le handball, le basket-ball et le volley-ball, il reste encore beaucoup de travail à faire. Il est essentiel de consolider la domination sur le continent pour s’affirmer et progresser mentalement et collectivement au niveau mondial.

– Comment expliquer le manque de représentation du tennis marocain, malgré de bons résultats au niveau continental ?

– Le tennis est un cas particulier. Le Maroc domine la discipline en Afrique depuis cinq ans. Or, les jeunes talents marocains, dès l’âge de 17 ou 18 ans, partent souvent aux Etats-Unis après avoir obtenu leur baccalauréat. Les universités américaines attirent fortement les sportifs de haut niveau, notamment les joueurs de tennis, en leur offrant des bourses et des opportunités sportives. Ces jeunes signent alors des contrats avec les universités et perdent souvent l’opportunité de représenter le Maroc.

Actuellement, la Fédération Royale Marocaine de Tennis travaille des universités américaines pour établir des partenariats qui permettraient à ces jeunes de continuer à jouer sous les couleurs du Maroc tout en poursuivant leurs études aux Etats-Unis.

Le départ des jeunes talents vers les Etats-Unis s’explique non seulement par la garantie d’un avenir professionnel, mais aussi par l’absence d’infrastructures universitaires adaptées aux sportifs de haut niveau au Maroc. Ce problème n’est pas spécifique au tennis, mais concerne également d’autres disciplines.

Ces jeunes talents signent des contrats avec des universités américaines et perdent souvent l’opportunité de représenter le Maroc

– Que veux-tu dire ?

– Certains judokas marocains de 17 et 18 ans dominent leurs catégories au niveau continental et s’imposent même à l’échelle mondiale. Pourtant, une fois à l’université, ils doivent faire un choix difficile entre études et sport. Un sportif de haut niveau ne peut pas jongler avec huit heures d’études et six heures d’entraînement par jour. C’est tout simplement impossible. Prenons l’exemple de Khaoula Ouhmad, vice-championne du monde de karaté à seulement 20 ans.

A son retour au Maroc, le directeur de l’institut où elle étudiait l’a exclue, prétextant qu’elle s’était absentée plus de dix jours. Elle avait pourtant prévenu l’établissement et fourni les justificatifs nécessaires. Seule l’intervention du ministère de tutelle lui a permis de reprendre ses cours. De plus, de nombreux parents, une fois que leurs enfants ont terminé leur baccalauréat, les encouragent à se concentrer exclusivement sur leurs études.

Malheureusement, cette situation a entraîné la perte de plusieurs sportifs de haut niveau, parfois de potentiels champions du monde ou olympiques dans divers sports. Il est crucial de trouver une solution durable à ce problème. Elle est entre les mains des universités marocaines, qui doivent adapter les emplois du temps pour accompagner les étudiants-athlètes.

– Lors des précédents Jeux Olympiques, plusieurs athlètes marocains ont connu des difficultés mentales. Comment les aidez-vous à gérer la pression inhérente aux Jeux Olympiques ?

– Nous avons en effet observé à plusieurs reprises que la pression des Jeux olympiques peut freiner les performances des athlètes marocains. C’est pourquoi, depuis 2019, nous organisons des formations à destination des directeurs techniques nationaux (DTN) et des entraîneurs afin de renforcer l’accompagnement psychologique des sportifs.

Certains coachs et DTN ont salué l’initiative, tandis que d’autres restent sceptiques. Ces derniers tentent parfois de cumuler plusieurs rôles, comme celui d’entraîneur, de préparateur physique et même d’entraîneur, ce qui est une erreur.

– Quelle stratégie avez-vous mise en place pour résoudre ce problème ?

– Nous avons choisi de mettre à disposition des préparateurs mentaux les soixante athlètes qui font partie du programme olympique. Tous ont accepté cette proposition, manifestant un réel intérêt pour le soutien mental.

Nous avons donné le choix aux athlètes de choisir leur propre préparateur mental, dont le parcours, la formation et les compétences ont été préalablement évalués par le CNOM. Alternativement, le CNOM a également proposé un préparateur mental répondant à tous les critères requis et encadré par le Comité olympique. Tous les athlètes ont choisi de travailler avec le préparateur mental du CNOM.

Nous avons donc organisé des rencontres entre préparateurs mentaux et sportifs. En cas d’indisponibilité des athlètes, des séances en visioconférence ont été programmées. Or, seuls 15 % des soixante sportifs ayant manifesté leur intérêt se sont montrés réguliers et sérieux dans ce suivi mental.

– Comment expliquez-vous ce changement d’attitude ?

– Nous avons observé que les sportifs marocains, vivant au Maroc, sont moins enclins et parfois réticents à recevoir un soutien psychologique. En revanche, ceux qui travaillent à l’étranger semblent plus ouverts à cette idée. Cela tient à l’environnement et à l’éducation.

Pour beaucoup de nos sportifs marocains, recourir à des séances de préparation mentale est perçu comme une marque de faiblesse, ce qui explique leur réticence. Ils craignent également que le préparateur mental empiète sur leur vie privée, une crainte souvent infondée. Nous tentons de les rassurer en leur expliquant que ces séances sont strictement confidentielles et constituent un pilier de la performance.

– Finalement, la piste d’athlétisme aux Jeux olympiques sera violette. Craignez-vous que cela ne perturbe les athlètes en termes d’orientation ?

– Il est difficile de répondre précisément à cette question. Il est toutefois important de noter que la plupart des athlètes ont déjà eu l’occasion de courir sur des pistes de différentes couleurs, notamment des pistes bleues. Quant à la piste des JO de Paris, elle a été conçue avec un matériau offrant une meilleure protection des genoux et des chevilles des athlètes.

 
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