Vous étiez au départ de la Corrida de Loudéac, le 16 novembre, et du Lamballe Urban Trail, le 19 octobre, où vous avez terminé huitième (sur 500 partants). Vous êtes un député plutôt actif…
Je suis particulièrement une grande fan de sport ! J’en fais beaucoup. J’aimais beaucoup le football, en particulier, mais malheureusement j’ai beaucoup moins de temps pour jouer avec mon activité de député. J’ai gardé malgré tout une licence pour jouer de temps en temps même s’il y a souvent beaucoup d’évènements le dimanche. Aujourd’hui, le sport que je peux pratiquer le plus facilement est la course à pied. Cela me permet de participer à certains événements du secteur. Dans un planning un peu serré, c’est un moment de liberté, un souffle. Cela permet également de se défouler et de rester en forme. J’ai aussi fait un peu de vélo et de tennis mais aujourd’hui je n’ai plus le temps.
Je joue désormais dans l’équipe B. J’ai dû jouer quatre matches depuis le début de la saison. Je n’ai plus le temps de m’entraîner. Mais la D1, c’est sympa, ça permet de se faire plaisir. Et c’est assez drôle parce que je joue souvent contre des clubs de ma circonscription. Parfois les gens me reconnaissent. Ils sont souvent assez surpris de voir le député avec les crampons. Mais il y a toujours de la gentillesse. J’aime l’ambiance du club, les rencontres entre amis. Et pendant un match, on oublie tout. Aucun appel téléphonique, aucune demande. Il n’y a plus de députés. C’est le seul moment de la semaine où je peux « débrancher » et ne penser à rien d’autre qu’au jeu.
A Lamballe, vous avez bouclé les 12 km en 46’04. Vous entraînez-vous ?
Je n’ai plus le temps. Mais j’ai beaucoup couru quand j’étais plus jeune. J’ai toujours aimé ça. Quand je suis à Paris, c’est toujours très dense. Je viens de gagner 45 minutes mardi matin pour aller à la salle de sport. Mais en dehors des compétitions, je n’ai pas le temps de courir.
Qu’est-ce qui vous pousse à chausser des baskets ou des crampons malgré un emploi du temps très chargé ?
Le plaisir de se vider la tête, de se dépasser, de transpirer. Pour faire une pause dans ce rythme professionnel un peu fou. Laisser tomber le téléphone et ne pas être joignable pendant cette période sportive. J’ai encore plus besoin de cette adrénaline maintenant. Lorsqu’on est député, on est confronté à des situations très difficiles. Personnes en situation de détresse, de surendettement, de handicap. Nous essayons de résoudre ces problèmes et cela nous occupe constamment l’esprit. Alors quand on se débranche, c’est plus qu’une libération. Nous ne sommes plus un député, nous sommes juste un coureur.
Vous êtes montés au créneau pour protester contre la programmation des matches de Ligue 2 vendredi. Vous avez également déposé un amendement visant à défiscaliser les primes de médailles olympiques. Vous voyez-vous comme un ambassadeur du sport à l’Assemblée nationale ?
Je crois au sport comme ferment collectif. Malgré nos différences, dans une société de plus en plus radicale, nous nous retrouvons tous derrière des équipes ou des athlètes communs. La ferveur liée au sport est unique. Nous n’avons cela nulle part ailleurs. On l’a vu lors des Jeux Olympiques. Après des élections où tout le monde était en désaccord, il y a eu une vraie rupture, un moment d’accalmie. Donc effectivement, à l’Assemblée, je m’intéresse beaucoup à ce thème. Même si je sais que ce n’est évidemment pas le sujet numéro un lorsque les gens sont en difficulté, ce n’est pas fortuit. Je crois beaucoup au sport sain, à l’intégration par le sport. Les vertus du sport sont multiples. J’essaie de mobiliser sur ces sujets.
Est-ce qu’il vous arrive de vous réunir avec des députés pour faire du sport ?
Très peu, malheureusement. Mais je sais qu’il y a chaque année un tournoi de football de l’Assemblée. J’essaie de motiver mes collègues pour former une équipe. Lors d’une réunion, on oublie les étiquettes et on tire dans le même sens, ce qui n’est pas toujours le cas dans l’hémicycle. Être coéquipier, c’est aussi lutter contre ce qui nous divise. Et en très peu de temps, nous apprenons à nous connaître.
Est-ce que ce sont les vertus du vestiaire ?
J’ai la chance d’avoir toujours joué au football. Le vestiaire, c’est la vraie vie. L’ami d’à côté est couvreur, l’autre travaille à l’abattoir. Nous rencontrons des personnes que nous souhaitons ensuite aider à l’Assemblée. Il n’y a plus d’élite, plus de différence. Cela n’arrive que dans le sport.
Jouer au football ou faire du sport est-il aussi pour vous un moyen d’être vu et de vous impliquer en politique ?
C’est allier l’utile à l’agréable. Cela nous permet également de promouvoir de bonnes causes. Sur la Corrida de Loudéac, c’était la lutte contre le cancer. C’est toujours plus agréable de participer à une belle course, avec beaucoup de monde, dans un cadre sympa, que de courir seul. J’ai fait des trails à Plœuc-L’Hermitage, à Saint-Brandan. Les organisateurs sont heureux d’avoir le suppléant. Certains m’annoncent au micro ou me disent un petit mot gentil quand j’arrive (rires). Cela permet également de rencontrer des associations. A Lamballe, c’était les écoles. C’était une façon de voir les professeurs, les parents d’élèves qui peuvent me parler plus librement que si on avait pris rendez-vous dans un bureau.
Avez-vous un planning de courses déjà établi ?
J’essaie de m’organiser, ne serait-ce que pour avoir un dossard, car ce n’est pas si simple. Nous avons des concours qui connaissent beaucoup de succès.
Diriez-vous que la culture du sport n’est pas suffisamment ancrée en France ?
Nous ne sommes pas un grand pays sportif. Les élites n’ont pas encore compris à quel point le sport est une bénédiction. Cependant, je pense qu’il faut en faire une cause première. En développant le sport, nous aurons une société plus fraternelle. Nous résoudrons d’autres problèmes, notamment de santé publique. Nous devons faire plus de sport à l’école, nous devons encourager davantage d’enfants à rejoindre des associations sportives. Nous avons la chance d’avoir beaucoup de sports différents. Très peu de gens détesteront toutes les disciplines. Il y a des progrès, nous sommes sur la bonne voie, mais il ne faut pas s’arrêter aux Jeux Olympiques. L’objectif n’est pas de devenir un pays sportif tous les quatre ans. Tout le monde a besoin de rêver une fois par semaine derrière un club ou une équipe nationale.
Corentin Le Fur en lettre
13 décembre 1989
Née à Paris (13ème) avant de grandir à Quintin
juillet 2014
Diplômé d’HEC Paris
15 mars 2020
Élu conseiller municipal de Quintin
7 juillet 2024
Elu député de la troisième circonscription des Côtes-d’Armor (Loudéac – Lamballe)
Sénégal