La section où les journalistes de l’équipe sportive La presse répondre à une question avec plaisir.
Richard Labbe
On ne se remet jamais vraiment du départ de son idole, et c’est encore pire lorsque l’idole en question est poussée au bord de la porte. C’est exactement ce qui est arrivé à Guy Lafleur. Ignoré par son entraîneur Jacques Lemaire, autrefois son coéquipier, celui qu’on appelait simplement Guy, décida un beau jour de novembre 1984 qu’il en avait assez. Si vous croyez que le Québec tremble lorsque Juraj Slafkovsky saute deux apparitions, imaginez ce qu’on a dû ressentir lorsque l’idole d’un peuple a été poussée vers la sortie comme ça, de façon pas très élégante en plus. Trois ans plus tard, Guy décide de revenir, cette fois sous le maillot des Rangers. Grâce à mon prestigieux emploi de plongeur au restaurant Forum, j’ai même eu l’occasion d’assister à ses deux buts en direct, pull bleu sur le dos, face à un Patrick Roy médusé. Il n’y aura plus jamais quelqu’un comme Guy.
Nicolas Richard
Comment pouvons-nous oublier la scène ? Après avoir perdu en double avec son ami et rival Rafael Nadal face à Frances Tiafoe et Jack Sock lors de la Laver Cup, Roger Federer était inconsolable. Comme Nadal, d’ailleurs. Federer a été parfait du début à la fin de sa carrière. Jamais un faux pas, jamais une polémique. Et comme le souhaitent tous les athlètes, Federer s’est retiré selon ses propres conditions, dans son tournoi, entouré de ses homologues. J’ai grandi en admirant Federer, car c’est lui qui m’a donné envie de jouer au Tennis pour la première fois. À mon âge mûr, très peu de mes idoles d’antan ont déjà pris leur retraite. Cependant, j’ai eu un choc lorsque Federer a raccroché sa raquette, car c’était un chapitre de ma vie qui se terminait. Si Gordie Howe était M. Hockey, ne cherchez pas plus loin que M. Tennis. Classe, élégance et respect. C’est pourquoi tous ses collègues portaient Roger comme Rudy, à bout de bras. Un moment extraordinaire qui m’a fait monter quelques larmes aux yeux, malgré ma virilité certaine.
Simon Drouin
Professionnellement, la retraite d’Erik Guay m’a marqué. J’étais là-bas à Lake Louise et son ami Manuel Osborne-Paradis venait de s’écraser lors d’une descente d’entraînement. Erik a ensuite appuyé sur le frein à main. Je l’écoutais en interview et je lui ai dit spontanément : « Tu ne parles pas comme un gars qui va continuer. » Le lendemain matin, j’ai reçu un appel me confirmant qu’il tournait le plogue. Cela m’a fait quelque chose. J’ai suivi presque tout son parcours et je savais à quel point il avait travaillé dur pour se remettre d’une autre blessure. Sur le plan personnel, la retraite de Patrice Bergeron m’a attristé. Je l’ai également couvert au début de ma carrière, mais en tant que fan des Bruins, il m’a offert 19 saisons extraordinaires, abordant chaque match avec tout le professionnalisme qui le caractérisait. Son absence est lourde, surtout ces jours-ci…
Guillaume Lefrançois
Laissons nos collègues parler de vrais sports et de lutte. Ric Flair est l’un des plus grands lutteurs de l’histoire et la WWE, à WrestleMania XXIV en 2008, lui a offert le plus grand combat de retraite jamais scénarisé. L’histoire : Vince McMahon, des années avant de tomber en disgrâce, utilise son « autorité » et annonce que Flair devra prendre sa retraite la prochaine fois qu’il perdra un combat. Ensuite, Shawn Michaels, un autre grand de l’histoire, défie Flair à WrestleMania, essentiellement le Super Bowl de lutte. Une histoire simple et bien ficelée qui a servi de prétexte aux deux légendes pour livrer 20 minutes de grande qualité entre deux câbles, ce qu’elles ont fait. Tout fan de catch qui se respecte se souviendra toujours des dernières secondes : Michaels regardant Flair, lui disant « Je suis désolé, je t’aime » (la production était prête, car il semble que c’était arrangé), puis lui frappant son fameux coup de pied de mule, puis s’arrêtant une seconde avant de couvrir Flair pour le compte de 3, comme si le fan en lui ne voulait pas l’envoyer à la retraite. Un moment d’anthologie, où les spectateurs ont versé des larmes. Il y a eu des cris même parmi notre groupe de sirènes à la brasserie Au coin du métro. Malheureusement, Flair étant incapable de s’arrêter, il est revenu dans l’arène un an et demi plus tard, plutôt que de laisser ce chef-d’œuvre comme dernier souvenir pour les fans.
Voir le combat pour la retraite de Ric Flair
Jean-François Tremblay
J’ai vécu beaucoup d’émotions liées aux départs à la retraite, mais rarement comme celle du plus grand joueur de hockey de l’histoire de l’humanité, Mario Lemieux. En janvier 2006, il a raccroché les patins à cause d’une arythmie cardiaque, mais au fond, le Magnifique avait vécu presque toutes les pages du grand dictionnaire médical au cours de sa carrière. Il a déclaré ceci : « Je ne peux plus jouer au niveau que je souhaite et c’est très frustrant. De plus, la nouvelle LNH est faite pour les jeunes joueurs. Il y en a plusieurs à Pittsburgh et dans la LNH qui auront un brillant avenir. » Le niveau rendu inacceptable pour Grand Mario était de 22 points en 26 matches. Il avait également raison concernant l’avenir radieux, avec Sidney Crosby et Marc-André Fleury sur la glace, et Kristopher Letang et Evgeni Malkin fraîchement repêchés. Il a fallu un peu de prévoyance, remarquez, car les terribles Penguins de 2006 sont la version traitée de « sawf » par Michel Therrien, et celle où Zigmund Palffy disparaissait en pleine saison aussi mystérieusement qu’un assistant de David Copperfield, l’Alain Choquette des États-Unis.
Mathias Brunet
Je suis évidemment partial, même en cas de conflit d’intérêts, après avoir écrit sa biographie. Mais les athlètes capables de mettre fin à leur carrière selon leurs propres conditions sont rares. Guy Lafleur a été chassé de Montréal en 1983. Anthony Calvillo a connu une dernière année 2013 difficile, marquée par des conflits avec le nouvel entraîneur Dan Hawkins. Une commotion cérébrale a mis fin à sa carrière. Dans ce contexte, la retraite en octobre 2017 de Patrice Bernier, ancien capitaine du club de soccer MLS de Montréal, l’Impact, aujourd’hui CF Montréal, relève presque d’un miracle. Nous ne l’avons pas expulsé. Il a annoncé son départ à l’avance. Pour son dernier match, RDS a filmé chacun de ses mouvements. Sa famille l’a évidemment accompagné au stade Saputo. Pour couronner le tout, Bernier a obtenu un tir de pénalité. Il a fait trembler le stade en marquant, pour le plus grand plaisir des 19 000 spectateurs et de ses parents, Jean et Gladys, appelés pour sonner la fameuse cloche du stade après les buts de l’équipe locale. Un scénario de film. Dire qu’il avait failli quitter l’organisation en pleine crise quelques années plus tôt, mis sur le banc par l’entraîneur Frank Klopas, et finalement viré quelques semaines plus tard…
Appel à tous
Et vous, quel est l’athlète dont la retraite vous a le plus marqué et pourquoi ?
Écrivez-nous