Ce vendredi, trois des quatre piliers droits alignés au Stade de France viennent du Stade Rochelais. Une curiosité qui va évidemment bien au-delà du hasard, pour ces trois éléments aux profils bien différents.
La précédente apparition d’Uini Atonio sur la pelouse du Stade de France aurait dû être sa dernière, du moins sous les couleurs françaises : au lendemain de la défaite en quart de finale de la Coupe du Monde, le pilier droit avait tiré sa révérence à l’international. Mais l’envie de se challenger était plus forte que les autres et le natif de Timaru est finalement parti faire un tour. Avec un bon Tournoi des 6 Nations à l’enjeu : “Je viens de sortir de cinq matches du Tournoi où je n’ai pas été trop “dégoûtant”, il a résumé. J’ai quand même tenu la maison. Pour lui, l’histoire s’écrit désormais chapitre par chapitre : « Aujourd’hui, je me sens bien, même à 34 ans. On verra année après année. Je ne vais pas dire trois ans avant, que j’irai au Mondial 2027 si dans deux ans je commence à être fatigué. Si je ne me sens pas bien, je dirai à Fabien que je ne suis plus là, que je traverse trop de choses et que j’ai joué trop de matches.
Indisponible pour les deux premiers tours de cette tournée, le Maritime tentera de prouver qu’il demeure un élément incontournable à droite de la mêlée face à l’émergence de nouveaux homologues, Tatafu et Colombe en tête : « Il y a beaucoup de jeunes, surtout du côté droit. Je suis surexcité.” Prêt à montrer que l’âge n’est qu’un chiffre, en bleu comme en jaune et noir : “J’ai prolongé jusqu’en 2027 mais pas seulement pour faire le clown.” Après avoir lutté pendant des années pour s’imposer comme l’un des meilleurs droitiers de la planète – “Je voulais être le plus fort du monde en mêlée”il nous l’a dit il y a un an : Uini Atonio s’efforcera de le rester le plus longtemps possible. Son nouveau et ultime défi.
Vol malgré les rafales
L’histoire entre Georges-Henri Colombe et le Stade Rochelais risque de mal se terminer, le pilier droit ayant décidé de poursuivre sa carrière à Toulouse dès l’été prochain. Mais quoi qu’il arrive, le natif de Nanterre aura, grâce à son passage en Charente-Maritime, atteint ses principaux objectifs : remporter des titres, progresser et s’internationaliser. “Quand on passe dix ans dans un club, à moins d’être un titulaire indiscutable, il faut partir à un moment donné si on veut progresser, il nous a fait part en novembre 2023 de son départ du Racing. C’était un choix réfléchi, qui a porté ses fruits. Le pilier droit venait de soulever la Coupe des Champions, dont il avait été l’un des héros.
L’équipe de France était alors dans un coin de la tête de ce garçon au fort potentiel dont il devait apprendre à tirer la quintessence : « C’est évidemment un objectif même si je sais que j’ai encore beaucoup de travail à faire. Après, quelle est la hauteur de la marche ? Bonne question… Je dois encore évoluer sur certaines dimensions de mon jeu, c’est une certitude. Au niveau international, cela dépend beaucoup du mouvement et de l’enchaînement des tâches. Trois mois après cette interview, « GH » portait le maillot bleu lors du Tournoi 2024. Un baptême au cours duquel il avait prouvé sa capacité à tenir le rythme. Son obsession, clairement : “L’enchaînement des tâches était la plus grande de mes faiblesses, il s’est rappelé le mois dernier. Je travaille de plus en plus sur ce point. Quand on a la possibilité de toucher plus de ballons et de jouer un peu plus au rugby, c’est attirant. Si son début de saison a été chaotique et marqué une nouvelle fois par le sceau de la compétition, son obstination et ses nouvelles résolutions ont été récompensées par ses débuts réussis sur la scène internationale. Avec deux ballons grattés et des tacles offensifs, il a marqué les esprits face aux Blacks. Et a tenu ses promesses d’automne : « Les premières sélections étaient gravées dans la mémoire et je voulais prouver que ce n’était que le début, pas la fin. Ne pas abandonner et continuer à travailler, c’est le plus important. En préparant les matchs et les semaines, j’ai évolué pour être encore plus efficace. Et le meilleur est sûrement à venir.
Unique en son genre
A 30 ans, Joël Sclavi continue d’impressionner. Son parcours, déjà, a de quoi interpeller : révélé à Gernika en Espagne, il était passé par Pau, Angoulême, Agen et les Jaguares avant que La Rochelle décide de miser sur son potentiel. Pilier gauche à la base, l’Argentin impressionne également par sa polyvalence, rare à un tel niveau de compétition. Enfin, lui, qui était réputé pour sa solidité en mêlée, a continué à développer son jeu jusqu’à s’imposer, en 2022-2023, comme l’un des tout meilleurs buteurs de son club. Ce qui a valu à Uini Atonio cette étonnante tirade : « Slaves ? C’est le meilleur buteur du club, c’est le Léo Messi de La Rochelle. Et l’hommage continue ainsi : « Il tacle, il essaie, il joue à droite, à gauche, il pourrait même être au talon… Je suis un peu jaloux. Touche-à-tout pour la première ligne maritime, le taureau de Mar del Plata est tout aussi précieux pour des Pumas historiquement réputés pour leur mêlée mais confrontés à un manque de renouvellement générationnel sur leur flanc droit : pilier gauche – le plus souvent remplaçant – lors Après la Coupe du monde, Joel Sclavi s’est imposé comme capitaine de droite au détriment du vétéran Francisco Gomez Kodela (39 ans). Nul doute que Reda Wardi aura quelques conseils à donner sur la meilleure manière d’approcher le spécimen de 190 centimètres et 135 kg qui, dit-on, ne recule jamais…
“UNA l’entraînement, je me retrouve uniquement face à des internationaux : il n’y a pas de meilleur entraîneur, vous vous en doutez. Les propos du prometteur pilier gauche Louis Penverne (21 ans), prononcés le mois dernier, trouveront une résonance particulière vendredi soir au Stade de France : au coup d’envoi, Uini Atonio (34 ans, 62 sélections – 237 minutes de temps de jeu cette saison) et Joël Sclavi (30 ans, 26 sélections – 50 minutes) auront le numéro 3 dans le dos tandis que Georges-Henri Colombe (26 ans, 26 sélections – 50 minutes) 6 sélections – 159 minutes) tapera du pied sur le banc de touche ; pour mémoire, pendant ce temps-là, le quatrième larron, Aleksandre Kuntelia (22 ans, 7 sélections – 274 minutes), préparera Géorgie – Tonga du côté de Tbilissi. A La Rochelle, les postes de piliers – dont Reda Wardi sera un autre ambassadeur – sont une affaire très sérieuse. Si Serge Milhas et Patrice Collazo tenaient la chose en haute estime, le niveau d’exigence et d’attente s’est encore élevé depuis. Les efforts en termes de recrutement – avec les prolongations successives d’Uini Atonio et l’arrivée, à l’été 2022, du haut potentiel Georges-Henri Colombe – et de structuration – avec la création d’un poste spécifique de scrum coach – en témoignent. .
Et Gurthrö arriva…
Depuis 2021 et l’arrivée de Gurthrö Steenkamp, chaque mardi donne lieu à une séance de haut niveau entre tous les clients : “C’est 20-25 minutes où nous travaillons dur, Uini Atonius nous a dit. Avant, il y avait « Dato » (Davit Zirakashvili, ndlr) mais ce n’était pas pareil. C’était un consultant, il ne venait pas chaque semaine. Le « Collaze » (Patrice Collazo)c’était sa spécialité mais il s’occupait de tout le jeu vers l’avant. C’est exactement ce que fait Gurthrö, la mêlée. C’est notre premier véritable coach Scrum. Le potentiel des spécimens est ressorti accru de ce souci du détail, la mêlée étant l’une des bases des deux sacres continentaux des Jaune et Noir : « Les joueurs ont changé d’état d’esprit en mêlée, en 2021, a témoigné le pilier Springbok aux 53 sélections. Avant, parfois ils ne travaillaient pas pendant deux ou trois semaines. […] Je suis convaincu qu’il faut chaque semaine une stimulation « mixte » pour être encore plus efficace et faire grandir les joueurs individuellement. Que ce soit dans la « vraie vie », via des jeux, des travaux techniques ou encore des échanges avec les joueurs. […] Parfois, je demande simplement à un joueur : “J’ai besoin que tu travailles sur ces trois choses, comment penses-tu pouvoir faire ça ?” Pour être efficace, le joueur lui-même doit comprendre quoi faire et comment s’adapter.
Après avoir grimacé lors des premières séances, Uini Atonio se réjouit désormais : « Même lorsque vous ne réussissez pas bien dans votre rôle, il ne vous rabaisse jamais. Vous ne pouvez avancer qu’avec Gurthrö, pas reculer. Force est de constater, à l’heure où tous ses protégés se croisent au plus haut niveau, que la méthode Steenkamp est très efficace.