« Je suis ici, depuis au moins 10, 15, 20 ans, je ne sais pas encore. C’est un projet à mettre en œuvre progressivement. » Lors de son premier discours officiel, ce mercredi au centre d’Orly, Antoine Arnault, directeur général de Christian Dior SE, la holding familiale qui contrôle notamment LVMH (NDLR : également propriétaire du Parisien) a régulièrement évoqué les termes du « temps long », mais souvent antithétique au football. Mais c’est là tout le sens de la philosophie de son projet et de sa famille, pour le Paris FC.
La « clôture » sera définitivement bouclée après l’assemblée générale extraordinaire du club du 29 novembre qui ratifiera le nouveau conseil d’administration du club. Pierre Ferracci a révélé que Michel Denisot, l’ancien président du PSG, ferait ses débuts. Le capital sera réparti ainsi : 52% pour Agache (famille Arnault), 30% pour la holding de Pierre Ferracci, 11% pour Red Bull et 7% pour BRI, actionnaire anglo-srilankais qui n’a pas souhaité céder ses actions. D’ici 2027, la famille Arnault en détiendra environ 80 % et Red Bull, 15 %.
« Nous ne sommes pas là pour tout changer et renverser la situation »
Antoine Arnault a d’abord présenté la genèse de l’investissement au Paris FC en évoquant un « projet familial ». « Avec ma sœur et mes frères, nous recherchions un projet différent de nos activités traditionnelles, mais aussi passionnant et qui nous rassemblerait. Certains d’entre nous ont une passion pour le football, c’est mon cas. J’ai une petite nostalgie de ces moments, peut-être une nostalgie des débuts d’un vieux boomer qui traîne. La seule chose qui unit toutes les générations, c’est le sport. »
Son frère Frédéric l’accompagnait également dans les négociations. Depuis un mois et demi, Antoine Arnault a pu s’imprégner de l’ambiance du club, rencontrer salariés, staff, joueurs et assister aux matchs à Charléty. « Nous ne sommes pas là pour tout changer et renverser la situation », prévient-il. Nous misons sur le personnel et l’équipe actuels. L’équipe n’avait pas besoin que nous soyons premiers. Le Paris FC a du mal à franchir son Mont-Blanc depuis la L1, on y arrivera plus facilement ensemble. Nous voulons construire, améliorer, grandir mais progressivement, sans sauter d’étapes. »
« La formation sera au cœur de notre stratégie. »
Antoine Arnault a détaillé « les trois piliers » sur lesquels sa famille compte s’appuyer. Tout d’abord, les « valeurs essentielles dans notre groupe et dans notre famille : l’éthique, la rigueur, l’engagement, l’humilité, le fait que le club passe avant tout ». “Je serai intransigeant là-dessus” a-t-il déclaré avant d’évoquer “le long terme”
« Dans nos métiers du luxe, nous donnons le temps aux équipes de se structurer, de créer la magie qui peut exister. Nous allons écouter les supporters, essayer de susciter un véritable enthousiasme. Sans se mettre trop de pression. Nous sommes ici depuis extrêmement longtemps. »
Entre ces deux piliers, il a présenté le principal : « la formation qui sera au cœur de notre stratégie, qui fera tomber les fantasmes entendus depuis l’annonce depuis notre arrivée. » Pour cela, avant même le début des premières discussions le 22 avril avec le PFC, la famille Arnault s’était déjà associée à Red Bull, rencontré sur les circuits de Formule 1 par l’intermédiaire de Frédéric Arnault. « Nous n’avons aucune compétence en matière de gestion d’équipe de football », reconnaît Antoine Arnault. Ils nous aideront à bien des égards, en recrutant les meilleurs joueurs en les trouvant meilleurs que les autres. »
Mais Red Bull ne restera qu’un « partenaire sportif ». « Le club appartiendra toujours à notre famille. Il n’y aura pas de temps partagé et le Red Bull Paris FC”, précise Antoine Arnault qui, avec l’oeil de Red Bull, a pour objectif de construire “le meilleur centre de formation de France et du Bassin parisien”. A terme, il voit la perspective d’avoir « 5, 6, 7 ou 8 joueurs issus de la formation dans l’équipe première. »
Entre la direction sportive du Paris FC et Red Bull, les discussions ont déjà commencé depuis juin. « Ils connaissaient déjà tous les joueurs du Paris FC sur le bout des doigts. Ils disposent d’outils de données absolument révolutionnaires qui nous aideront dans la partie repérage. J’ai déjà rencontré et parlé avec Jürgen Klopp (nouveau patron du football chez Red Bull). Il est très enthousiasmé par le projet et la perspective de venir travailler avec les équipes d’ici. »
« Vous ne m’entendrez jamais dire quoi que ce soit de négatif sur le PSG »
Quant aux objectifs, Antoine Arnault, qui a parlé « d’un investissement important mais sans jeter de l’argent par les fenêtres », est resté sur sa ligne de conduite. « Nous voulons créer un club à taille humaine. C’est un projet ambitieux mais sans être irréaliste. Le Paris FC est un grand club de Ligue 2 et on va essayer d’en faire un très bon club de Ligue 1. Il y a de la place pour un autre club à Paris. »
Evidemment, on parlait d’une future rivalité avec le PSG. Antoine Arnault répète son amour pour ce club depuis l’âge de 12 ans. Dans ses souvenirs footballistiques, il a également souligné la « tête de Kombouaré contre le Real » (1993) et la « victoire en Coupe des Coupes à Bruxelles » (1996). « J’ai été abonné au PSG pendant de nombreuses années, je suis désormais invité par mon ami Nasser. Vous ne m’entendrez jamais dire quoi que ce soit de négatif sur le PSG. C’est un club que j’admire et qui restera dans mon cœur. Le jour où nous serons en Ligue 1, je soutiendrai toujours le PSG, sauf deux fois par an. »
Sur les dossiers urgents – stade, extension du centre d’Orly – les discussions devraient s’intensifier dans les semaines à venir. « L’équipe et les supporters sont attachés à Charléty. J’aime ça aussi. Réaménagé, il pourrait convenir à notre projet. L’autre option, c’est Jean-Bouin, avec ses contraintes, le recours aux autres équipes, le synthétique, les calendriers… Nous allons commencer à discuter de l’opportunité de ces deux options sans en exclure une. On peut jouer Jean-Bouin pendant que Charléty se réaménage. »