quel est le problème de la Belgique à l’Euro ? – .

quel est le problème de la Belgique à l’Euro ? – .
quel est le problème de la Belgique à l’Euro ? – .

De 2004 à 2022, il a tout vu et tout connu des Diables Rouges, comme envoyé spécial dans les grandes compétitions pour la chaîne nationale. RTBF ou en tant que présentateur de plusieurs émissions de télévision ou de radio. Désormais manager général du Royal Franc Borains (D2 belge), Pascal Scimé garde un œil attentif sur les performances de la sélection belge.
Avec le recul, il réalise une autopsie de la perte de vitesse des Diables Rouges ces cinq dernières années. Ce qui se confirmera peut-être ce samedi 22 juin lors de la finale Belgique – Roumanie (21 heures), deuxième rencontre de la phase de groupes, suite au « couac » contre la Slovaquie en ouverture de l’Euro (0-1).

Avez-vous été surpris par la défaite belge d’entrée face à la Slovaquie ?

Oui honnêtement, et ce n’est pas seulement moi. Les joueurs, le staff et tous les Belges ont également été surpris. Après, si on regarde un peu plus en profondeur, si on regarde le contexte de l’équipe sur les derniers mois et semaines, on savait qu’il y avait un renouveau général qui allait avoir des conséquences sur l’équipe.

Quels sont les contours ?

C’est d’abord sur la défense. Avec le retrait de la sélection de Toby Alderweireld, on savait qu’on perdait un ténor en charnière centrale. Jan Vertonghen est vieillissant et blessé. Au poste d’arrière droit, Thomas Meunier s’est blessé il y a quelques semaines… Cela commence à beaucoup compter. L’entraîneur a rappelé sur le bord Axel Witsel car il y avait un trou en défense centrale. Arthur Theate arrivait également blessé, le remplaçant de Meunier, Maxim De Cuyper, n’étant pas jugé suffisamment fiable pour débuter. Il y a beaucoup de questions autour de la défense, et on l’a bien vu avec le but totalement ridicule encaissé par l’équipe contre la Slovaquie.

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Le secteur offensif était aussi problématique par manque cruel de réalisme, non ?

Deux buts ont tout de même été marqués, même si les règles sont ce qu’elles sont et que le VAR les a annulés. Je suis donc plus nuancé. En termes de vitesse apportée au jeu offensif, la situation était bien meilleure après l’entrée de Youri Tielemans. Peut-être que les changements auraient pu se produire à la mi-temps.

Êtes-vous inquiet pour l’avenir de la Belgique dans l’Euro 2024 ?

Cela met de la pression mais je pense que nous verrons une équipe belge complètement différente lors des deux derniers matches de groupe. Ce n’est que la première compétition internationale pour l’entraîneur Domenico Tedesco sur le banc. Même s’il est minutieux et prépare tout, nous ne sommes pas à l’abri des contretemps.

«La lune de miel de Tedesco est terminée»

A-t-il sa part de responsabilité dans cette défaite inaugurale ?

Il a mené des expériences : mettre l’ailier Yannick Carrasco au poste d’arrière gauche avec Jérémy Doku devant lui n’était pas un gage de sécurité. Le choix de ne pas inclure De Keuper qui sort d’une très bonne préparation et qui a été titré avec Bruges en championnat est discutable. Au milieu aussi, un système à deux numéros 6 (milieux défensifs) face à la Slovaquie ne nous a pas permis d’établir du rythme ni d’être assez entreprenants.

On peut comparer ses choix de laisser les titulaires sur le banc à celui du sélectionneur suisse lors du premier match. Cela a payé pour Murat Yakin, ce fut un échec pour Tedesco. Il a brûlé son joker pour cet Euro 2024, comme il a déjà brûlé celui de l’opinion publique en ne prenant pas Thibaut Courtois.

Domenico Tedesco donne ses instructions à Yannick Carrasco. | PHOTO : CLEMENS BILAN – EPA/MAXPPP
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Domenico Tedesco donne ses instructions à Yannick Carrasco. | PHOTO : CLEMENS BILAN – EPA/MAXPPP

Quelle était la raison?

C’était une stupide histoire d’ego autour du brassard de capitaine. Thibaut Courtois prétendait le porter, mais le choix était de le donner à Romelu Lukaku et cela n’est pas passé par les yeux de Courtois qui était unanimement contre lui dans le vestiaire.

Le choix de ne pas retenir Thibaut Courtois semble bien étrange vu de France…

Il est sûrement le meilleur gardien du monde, il l’a prouvé en étant de retour au sommet pour la finale de la Ligue des Champions. L’avenir nous dira si ce fut une erreur de ne pas le sélectionner… Mais il y avait déjà beaucoup de questions autour de la gestion humaine du sélectionneur : il n’avait pas rappelé Witsel, Alderweireld aussi, il aurait pu gérer les choses d’une autre manière. Pour Courtois, il a pris ses responsabilités en expliquant qu’aucun joueur n’était au-dessus de l’équipe nationale.

Quelle image jouit Domenico Tedesco en Belgique ?

Il a bien géré ses qualifications, avec des idées plus innovantes que son prédécesseur Martinez. Il fait partie de cette nouvelle vague de jeunes entraîneurs passionnés de football, et qui utilisent beaucoup la data. Les contacts se passent plutôt bien au sein du groupe, il demande le ressenti de ses cadres comme De Bruyne ou Vertonghen. Mais pendant toute la fin des qualifications, il y a eu ce couac autour de Courtois. Et c’est le premier flop, il va lui falloir rectifier sa situation. De toute façon, sa lune de miel est déjà terminée.

Avec tous ces éléments, imaginez-vous encore la Belgique se qualifier pour les huitièmes de finale ?

Nous aimons le football parce que nous pouvons être 3e nation mondiale, considérée par tous comme un qualificatif évident pour les huitièmes de finale… Et pourtant, une première défaite contre la Slovaquie peut tout chambouler. Il faut juste remettre les pendules à l’heure, si les planètes s’alignent à nouveau, la Belgique pourra sortir de la phase de poules.

“C’est compliqué de dire qu’on vise les quarts, mais il faut être réaliste”

Cette entrée en lice impose-t-elle encore de reconsidérer le statut de la Belgique dans cet Euro 2024 ?

Dans l’état actuel de la sélection, viser plus qu’un quart de finale relèverait d’un optimisme bienheureux. Quand on est la troisième nation mondiale, c’est compliqué de dire qu’on vise les quarts. Mais il faut être réaliste

Quel était l’objectif initial des Diables Rouges dans cet Euro 2024 ?

Rien n’avait été annoncé, car quand on est la troisième nation mondiale, c’est compliqué de dire qu’on vise les quarts. Mais il faut être réaliste, il faut un juste milieu entre les envies, et la sortie des poules. La Belgique doit sortir des groupes, et il est très important au-delà du sportif d’aller le plus loin possible car la fédération a enregistré l’an dernier un déficit de plus de 11 millions d’euros.

La Belgique est-elle entrée dans le rang ?

Depuis 10-12 ans, la sélection a montré de belles choses. Mais il y a une trop grande différence entre cette génération et l’actuelle, composée de vétérans en fin de cycle et de nouveaux qui peinent à prendre les commandes de l’équipe. Les jeunes comme Johan Bakayoko et Jérémy Doku doivent augmenter leur niveau. Nous ne pouvons pas comparer les individus d’avant avec ceux d’aujourd’hui.

Personne n’a le calibre d’Eden Hazard… Il y a aussi beaucoup de scepticisme quant aux ambitions de l’équipe de la part des supporters. Les stades n’étaient pas pleins lors des matchs amicaux alors qu’avant ils étaient pleins, mais c’est désormais le moment d’être proche de cette équipe. Et ne pas avoir d’ambitions démesurées sur cet Euro.

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Eliminé des groupes au Mondial 2022, en difficulté au début de cet Euro… Y a-t-il un problème dans ces grandes compétitions ?

Je ne veux pas parler des grandes compétitions, car le seul hic, c’est cette Coupe du monde 2022 où Eden Hazard était en bout de course comme les défenseurs. L’élimination au Qatar n’était pas prévisible mais ce n’était pas une si grande surprise car en interne, c’était l’essoufflement. Il faut remonter plus loin pour comprendre les causes : ce qui a toujours posé problème, c’est la défense. Depuis le départ de Kompany, nous n’avons pas retrouvé ce leader. On a fait illusion avec Vertonghen et Alderweireld mais on n’a plus de guide en défense.

Y a-t-il un sentiment de gâchis après le passage de la génération dorée dirigée par Hazard ?

Les attentes sont très élevées compte tenu des objectifs atteints par la génération précédente. Et c’était un certain type de football spectaculaire, avec du panache. On a raté le coche en 2018 voire en 2016 où l’équipe aurait dû faire mieux qu’une misérable élimination contre le Pays de Galles. Mais 2018 reste et restera la compétition avec le plus de goût d’inachevé de l’histoire du football belge, tout y était…

 
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