UNAu nom d’une rivalité ancienne, savamment entretenue, tout sportif français rêve de battre les Anglais sur son terrain, c’est particulièrement vrai pour les footballeurs et surtout pour les rugbymen. Et c’est ce que vient de réaliser Christophe Egreteaud, lors des championnats du monde de billard anglais organisés à Bridlington, sur la côte nord-est de l’Angleterre.
« Le billard anglais est le petit cousin du billard américain. Chaque joueur dispose de boules colorées (rouges ou jaunes), il y a aussi une boule blanche et une boule noire. Le gagnant est celui qui inscrit ses couleurs puis le noir en dernier. Le billard est une institution en Angleterre », résume Christophe Egreteaud.
« Il y avait toutes les catégories, hommes et femmes. Il s’agissait d’équipes de six personnes, cinq sur la feuille de match et un remplaçant. » Le championnat du monde auquel il a participé avec l’équipe de France, dans la catégorie master (plus de 50 ans), s’est déroulé en deux temps. Tout d’abord, une première phase avec un championnat de 12 équipes. Et au final, « les deux premiers étaient directement qualifiés pour les demi-finales et quatre autres devaient s’affronter en quart. « . Sachant qu’un match se déroule au meilleur des 25 matchs (cinq par joueur), « émotionnellement et physiquement, c’est dur », commente Christophe Egreteaud.
Les Libournais en pleine action lors d’un match de championnat.
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Duel fratricide
L’équipe de Libourne ayant terminé à la troisième place, elle s’est opposée en quart de finale aux Anglais qui avaient terminé en sixième position. Les Français ayant vaincu les Britanniques, ils se sont retrouvés face à une autre équipe française, considérée comme l’équipe n°1 chez les Bleus, en demi-finale. Là encore, une autre victoire. Cela avait un goût particulier, en partie parce qu’il s’agissait d’un duel fratricide. D’autre part, à cause de l’histoire des deux équipes. « Au départ, dans le groupe France, nous étions 12. L’entraîneur a choisi six joueurs pour composer l’équipe qui participera au championnat. Nous étions l’équipe B qui devait être engagée dans le championnat réserve. Mais comme il n’y avait pas assez d’équipes pour mettre en place le championnat réserve, la décision a donc été prise d’inscrire deux équipes françaises dans ce championnat du monde », explique Christophe Egreteaud.
« Si le titre suprême est remis en jeu tous les deux ans, humainement on le garde à vie. »
Comme un goût de vengeance ? Sans doute un peu même si le joueur tempère : « L’équipe 1 était une super équipe. Après notre victoire, nous nous sommes éloignés, nous sommes restés entre nous pour ne pas trop montrer notre satisfaction. Christophe Egreteaud et ses coéquipiers ont ensuite poursuivi leur rêve jusqu’au bout en battant l’Afrique du Sud en finale. «C’était une belle rencontre. Les Sud-Africains se sont montrés très justes et chaleureux même après leur défaite. » Un souvenir qui restera à jamais gravé dans sa mémoire. « Au début, je n’y croyais pas. Le lendemain de la finale, je me suis dit que ce n’était pas possible mais que la médaille était toujours là. Représenter son pays dans une compétition n’est pas une mince affaire. Et si le titre suprême est remis en jeu tous les deux ans, humainement on le garde à vie. »
L’Europe après le monde
Pour Christophe Egreteaud, qui a de nombreuses années de pratique derrière lui, c’est le couronnement d’une carrière. « Au départ, ce sont des amis, pas assez nombreux pour former une équipe, qui m’ont poussé à les rejoindre. A cette époque, il y avait un grand club à Libourne. J’ai progressé, petit à petit mes amis ont arrêté et j’ai continué. » Jusqu’à devenir un joueur du plus haut niveau national, remportant de nombreux titres et trophées (championnat, Coupe de France…). Aujourd’hui, “il n’y a plus rien à Libourne, donc je vais m’entraîner et jouer à Saint-Loubès”. Il est également licencié depuis six ans à l’Académie de Billard Les Herbiers, en Vendée, où il est capitaine de l’équipe et évolue parmi l’élite française.
« Assez cérébral »
Reste à savoir ce qui fait un grand joueur de billard. « La technique, à un certain niveau, on l’a tous. Après, la différence est dans la tête, c’est assez cérébral. Vous ne pouvez pas vous tromper et participer à une compétition. Et puis, il faut toujours continuer à s’entraîner parce que ça grandit derrière soi. »
Le prochain défi de Christophe Egreteau est de participer au Championnat d’Europe qui aura lieu l’année prochaine en Irlande. « J’espère rester dans le groupe France mais pour cela je dois continuer à être régulier en compétition. » L’homme a aussi une ambition : « Pouvoir organiser une grande compétition à Libourne mais il faut mobiliser un gymnase pendant une semaine, ça paraît difficile », regrette-t-il. Une solution serait la bienvenue.
