Avec trois ou quatre questions, de longs monologues colériques en guise de réponses, des journalistes échangeant des regards interdits et quelques membres du club déambulant au fond de la salle les yeux fixés sur le bout de leurs chaussures, La conférence de presse de De Zerbi, vendredi soir, restera sans aucun doute l’un des temps forts de la saison marseillaise.
“Je viens de la rue, je suis direct, je ne parle pas pour parler. J’ai dit à Medhi Benatia et Pablo Longoria : si je suis le problème, je suis prêt à partir. Je laisse l’argent et je rends mon contrat», lâche l’Italien, plein de colère et de frustration.
“Je ne vis pas pour la 2ème place, pour le classement ou même pour la victoire. Je m’en fous. Jouer au Vélodrome est un privilège», a ajouté l’entraîneur marseillais, dont l’équipe, effectivement toujours 2e (en attendant les résultats de Monaco et Lille), n’a pris que cinq points en cinq matches à domicile, un succès contre Nice, deux nuls contre Reims et Angers et deux coups infligés par le PSG ( 3-0) et Auxerre (3-1).
“Ca me rend fou”
« Je suis venu à Marseille pour le Vélodrome, pour jouer au Vélodrome. Et je n’arrive pas à amener les joueurs à donner ici ce que je vois à l’entraînement et en dehors. Donc c’est ma faute, c’est ma responsabilité”, a poursuivi De Zerbi. “J’ai du mal à comprendre ça, ça me rend fou”, a-t-il encore dit, avant de répéter : “Si je suis le problème, je m’en vais”.
Dans la foulée, un porte-parole du club a tenté de contenir le départ d’incendie en décrivant un De Zerbi «tout entier, venu à l’OM pour le Vélodrome et terriblement frustré de ne pas réussir à s’yimposer« .
Mais le technicien italien, chef de file du « projet triennal » présenté par la direction du club à l’opinion publique et au propriétaire Frank McCourt (présent au stade vendredi), peut-il vraiment partir ? “C’est le bon entraîneur. Ce sont les joueurs qui doivent apporter les réponses. Nous n’avons aucun doute sur l’entraîneur», a répondu vendredi soir à l’AFP un membre de la direction.
“Cela ne vient pas de lui, c’est nous, les joueurs, qui devons prendre nos responsabilités. Il fait des efforts, donne du cœur, il faut faire plus pour tourner la page”, a assuré le capitaine Leonardo Balerdi.
Symptômes récurrents
En effet, alors que l’OM finira le pire week-end à la quatrième place, et même si le club a montré par le passé qu’il savait créer des crises à partir de rien, un départ de Roberto De Zerbi à peine trois mois après son arrivée est très improbable.
La saison dernière, marquée par une succession de chocs et par l’impuissance et la résignation de trois entraîneurs (Marcelino, Gennaro Gattuso et Jean-Louis Gasset), constitue un contre-exemple absolu et la direction du club ne peut guère se permettre un nouveau bouleversement.
Mais certains symptômes récurrents posent encore question. Gattuso a également déclaré « ne pas comprendre » et « ne pas pouvoir le faire » et Gasset voyait aussi dans son vestiaire des « bons garçons » qui se transformaient en garçons trop gentils les soirs de match.
Surtout, comme André Villas-Boas ou Jorge Sampaoli avant lui, De Zerbi a buté vendredi sur l’un des schémas les plus classiques de la L1 : blocs bas et transitions rapides. Le Portugais et l’Argentin ont fini par trouver des solutions. Comme sa direction ne compte pas le laisser filer, l’Italien va devoir trouver les siens.