Drazen, Liège et le RWDM s’affrontent. Deux clubs qui rappellent des souvenirs.
« Quand j’étais entraîneur du RWDM, je n’ai jamais perdu contre Liège, je me souviens d’avoir remporté un duel 4-0 en 2017. Liège-RWDM était le match de la saison, j’ai ressenti une certaine vibration entre deux clubs qui ont un passé et une âme . merci aux merveilleux fans. Sur l’autre terrain, je n’ai jamais joué contre Molenbeek mais je me souviendrai du match de Coupe de Belgique, contre Anderlecht, dans un stade vide.
Vous avez parlé de supporters. Il t’aimait vraiment. Que retenez-vous de leur ferveur et de la relation que vous entreteniez avec eux ?
« Dans mon parcours, j’ai toujours essayé d’être moi-même et de respecter les autres, que je sois à Milan ou à Hemptinne-Eghezée. En tant qu’entraîneur, je donne tout et je demande à mes joueurs de faire de même. Les gens ont ressenti cette honnêteté en moi, quelle que soit leur origine sociale, il ne faut pas oublier que la tradition et l’histoire se créent avant tout par les fans. A côté de nous, entraîneurs et joueurs, il y a des gens qui vivent pour leur club, qui transmettent cette passion de génération en génération. Il y a ceux qui se privent même d’éléments du quotidien pour vivre leur passion. Nous sommes là pour rendre les gens heureux, grâce à nous c’est le plus beau cadeau que l’on puisse recevoir, qu’il y ait 200 ou 4 000 personnes au stade. Je dirais que j’ai eu une relation étroite, honnête et humaine, ce qui n’est pas encore le cas de la génération actuelle, mais je ne voulais pas plaire et il faut accepter que les fans réagissent avant tout avec leurs émotions. Sans eux, le football n’est pas le même. J’ai vécu ça à Liège pendant le Covid.»
Vos aventures à Liège et au RWDM se sont terminées subitement. Y avait-il des signes avant-coureurs ?
“Pas du tout. Personne. Mais le temps passe. Depuis, j’ai vécu la perte de mes deux parents en quelques jours seulement. Dès lors, plus rien ne me surprend ni ne me touche de la même manière. Cette partie de ma carrière ne me quitte pas, je vais être honnête, j’ai eu un sentiment d’injustice et de trahison, des choses se sont faites dans mon dos, aussi bien à Liège qu’au RWDM, ceux qui voulaient se manifester se sont retrouvés en retrait, ce qui n’était pas agréable. C’étaient probablement aussi des histoires de copinage. Ils attendaient un moment pour me virer. Avec le RWDM, nous avons perdu en coupe contre Dessel (une équipe du même niveau), après prolongation, il n’y a eu aucun problème. A Liège, j’ai été expulsé après la défaite à Knokkemême si nous méritions de gagner. Pour la première fois de la saison, nous n’étions plus dans le top quatre mais nous avons joué un match en moins. Si nous avions gagné ce dernier, nous serions remontés à la deuxième place. Liège ne voulait évidemment pas monter cette saison-là car ils n’étaient pas prêts, mais ils ne pouvaient pas me dire de ne pas gagner. Ma façon de travailler m’a probablement coûté plusieurs emplois, mais j’étais à ma place et, aujourd’hui, je peux me regarder dans le miroir, comme mes parents me l’ont toujours appris. Je fais mes propres choix et je suis seul responsable si les résultats ne viennent pas. Je n’accepterai jamais qu’on m’impose des joueurs ou des choix tactiques.”
Vous partagez ce sentiment pour la première fois depuis votre départ du RFC Liège. As-tu tout avoué ?
“Oui. Je veux être transparent. Je ne peux plus le garder pour moi, d’autant plus que cela va à l’encontre de mes valeurs. Et je ne suis pas un bavard (Oui) au contraire. Je veux qu’on se souvienne de mon honnêteté.
Vous l’avez dit à plusieurs reprises en arrivant dans les deux clubs : vous rêviez de réécrire leur histoire en lettres d’or. Mais tu n’y es pas parvenu…
« Je pensais sincèrement que je les ramènerais au plus haut niveau. Je voulais être le Guy Roux du RWDM ou de Liège. Mais les managers ne m’ont pas laissé faire. Comme je l’ai dit, j’ai sans doute pris trop d’importance sans ironiquement, j’étais gênant ! Quand Thierry Dailly m’a dit qu’il se voyait en D1 avec moi, j’étais sans doute trop naïf. Les gens qui ont repris ces équipes après moi avaient des liens avec d’autres, ne vous y trompez pas. “
mouetteJe voulais être le Guy Roux du RWDM ou de Liège. Mais les dirigeants ne m’ont pas laissé faire.
La formation entre professionnels reste malgré tout votre objectif.
“Certain. Je veux monter le plus haut possible. Pour être meilleur demain, il faut toujours une carotte. Mon objectif est de m’améliorer chaque jour. Tous mes entraînements sont soigneusement préparés. Bien sûr, ils ne sont peut-être pas les meilleurs, mais je fais toujours de mon mieux et si j’échoue, ce sera entièrement de ma faute. Peut-être que je suis trop sincère pour ce milieu, on m’a demandé de devenir T2 parce que parfois le chemin est plus rapide, je suis un T1 et non un opportuniste, prêt à attendre que quelqu’un soit licencié pour prendre sa place.
Aujourd’hui ces deux clubs sont au niveau professionnel, sans vous. Comment le voyez-vous ?
« Je suis très content et je leur souhaite d’accéder à la D1A car ils le méritent. Je ne suis pas du tout irrité. Aller au stade Machtens ou à Rocourt, c’est une fête, ce sont de vraies émotions.”
Avec l’arrivée des investisseurs américains, les choses ont changé… Comment le voyez-vous ?
« Je n’en sais pas assez pour juger. Je pense que les deux clubs en avaient besoin pour poursuivre leur développement. Il faut leur laisser le temps de faire le travail. Nous jugerons plus tard. »
Suivez-vous toujours l’actualité de l’équipe ?
“De temps en temps. Au moins je regarde les résultats et parfois quelques photos. Mais je ne suis jamais retourné dans aucun des deux stades. »
mouetteMa formation avec Tubize-Braine est plus importante que celle avec Liège-RWDM.
Si demain John Textor ou Jean-Paul Lacombre vous appelaient comme entraîneur et que vous étiez sans club, y retourneriez-vous ?
« Oui parce que je regarde tout le monde droit dans les yeux, même si je ne suis jamais retourné dans les clubs de mon passé. Je serai simplement moins naïf que la première fois et certaines exigences seront écrites noir sur blanc et signées, notamment au niveau contractuel. Vous savez, des gens beaucoup plus intelligents que moi ont dit : on ne perd pas, on apprend.
Vous ne reviendrez pas à Rocourt même ce vendredi, à quelques pas de chez vous ?
« Si je reviens un jour, ce sera mon chemin. Ce vendredi j’aurai un entraînement du soir avec Tubize-Braine qui est bien plus important que ce match (Oui).»
Pouvez-vous au moins faire une prédiction ?
«Je suis horrible dans ce match. Molenbeek a une dynamique plus positive que Liège, mais gagner à Rocourt n’est jamais facile. La foule derrière le but est très proche du terrain et donne aux joueurs un supplément d’énergie pour obtenir un résultat. Il est presque impossible qu’un adversaire reste indifférent, avec des supporters des deux côtés, je suis sûr que ce sera un spectacle magnifique.