“Si la peur n’était pas là, je ferais n’importe quoi”, Eric Bellion se renforce mentalement auprès d’un coach pour le Vendée Globe

“Si la peur n’était pas là, je ferais n’importe quoi”, Eric Bellion se renforce mentalement auprès d’un coach pour le Vendée Globe
“Si la peur n’était pas là, je ferais n’importe quoi”, Eric Bellion se renforce mentalement auprès d’un coach pour le Vendée Globe

Travailler avec un coach de préparation mentale pour Eric Bellion était essentiel pour aborder son deuxième Vendée Globe. Après une première expérience en 2016, le skipper s’est promis de ne plus repartir. Mais l’envie d’y retourner et de retrouver le sentiment de plénitude et d’harmonie qu’il éprouvait en mer était plus forte.

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En 2022, six mois avant la Route du Rhum, Eric rencontre le préparateur mental Gérard Vaillant. Tout se passe bien entre les deux hommes et Eric demande à Gérard de l’accompagner sur le parcours du Vendée Globe.

« Je voulais un professionnel pour renforcer mon mental, dit Éric. C’est une aventure de préparation qui est titanesque. Les gens ne réalisent pas à quel point c’est difficile. C’est quatre années d’aventure chaque jour avec des difficultés extraordinaires. Et puis pendant la course, c’est trois mois d’extrême solitude, de décisions qui affectent notre intégrité physique et d’aléas qui peuvent tout changer. Et je sais que c’est la façon dont on l’aborde, la façon dont on réagit qui change tout. Je voulais donc profiter de ce temps pour renforcer mon jeu. »

Difficile de décrire les séances de préparation, explique Gérard Vaillant. Pour lui, ce sont des conversations qui paraissent « anodines » quand on les regarde de l’extérieur, mais qui permettent d’aborder des sujets intimes et d’anticiper ce qui pourrait se passer pendant la course. Le coach tient à préciser que son accompagnement n’est pas une thérapie.

« Je ne travaille pas à réparer les défauts du passé, je travaille au service d’une performance de demain, du quotidien et de demain, puisque du coup le retour du Vendée Globe c’est presque demain, ça va vite, et ça Les journées passent tellement vite qu’il faut travailler régulièrement sur ces aspects.»

Si la peur n’était pas là, je ferais n’importe quoi, je ferais la fête tous les soirs

S’il véhicule une image très sereine, le skipper l’avoue, la peur est toujours avec lui, mais il s’en est fait une amie.

« Je dis souvent que c’est une amie plutôt turbulente, elle vient sonner à votre porte à quatre heures du matin pendant que vous dormez. Mais heureusement ma peur est là, car ça me permet d’appeler Gérard en cas de besoin, ça me permet d’être très attentif à ce qui se passe à bord, de bien me préparer, de rester concentré.

En 2016, lors de son premier Vendée Globe, Eric avait du mal à démarrer la course. Il n’arrive pas à dormir, il traverse des émotions difficiles et il lui faut près de 40 jours pour se remettre sur les rails. Comme tous les skippers, il se filme chaque jour à bord.

Après un mois de course, le 15 décembre, il a filmé cette vidéo dans laquelle il se laisse un message : « Eric, si un jour tu veux refaire le Vendée Globe, je veux que tu regardes cette vidéo. N’y allez pas ! N’y allez pas, c’est trop dur.

Aujourd’hui, l’anecdote le fait rire. Il se souvient exactement du moment où il a tourné cette vidéo : «Je l’ai fait un mois après mon départ, alors il faut imaginer, je suis dans les mers du sud, je me branle à fond, ça fait un mois que je suis parti, et je me rends compte qu’il reste deux mois comme ça, et là, je me rends compte que c’est trop longtemps, trop dur.

Il admet même qu’il pourrait recommencer. « Bien sûr, il y a plein de moments où je me dis ‘mais qu’est-ce que tu fais ici, Eric ?’ mais c’est ce qui rend cette aventure si belle. On se demande pourquoi « on est là, et puis deux jours plus tard, on éprouve un bonheur extraordinaire, une fierté incroyable qu’on ne peut pas ressentir à terre, et on sait exactement pourquoi on est là ».

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Eric Bellion embarquera pour son deuxième Vendée Globe le 10 novembre

© Yves Queré

Gérard suivra l’aventure depuis son ordinateur avec un peu de stress à chaque fois qu’il ouvrira la carte.

« Quand le bateau va un peu moins vite, parce qu’Eric change de voile par exemple, je vais me demander ce qui se passe, me poser des questions sur les difficultés qu’il rencontre. .. avons-nous bien travaillé, avons-nous bien préparé toutes les difficultés qu’il va rencontrer ? La réponse est forcément non. Mais nous avons travaillé pour garantir que les compétences soient là. et que l’autonomie est là, donc j’ai toute confiance en Eric. Il a utilisé le travail qu’on a fait ensemble pour monter de niveau, grandir, tu as vu un peu comment il a grandi ? plaisante Gérard.

Les deux hommes sourient. Ils ont l’air confiants. Ce qui est sûr, c’est qu’à son arrivée, Eric aura encore grandi.

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