« Je ne te cache pas que je le nœud dans mon ventre quand je viens au travail. Je me demande toujours ce qu’ils vont me faire. dit Rosa. Son nom et son visage ne vous sont sans doute pas inconnus. Et tu as raison. Rosa Murcia Gangloff, multiple championne de France d’athlétisme, a terminé quatrième du marathon des Jeux Paralympiques de Paris en septembre dernier, 32 ans après sa première participation aux Jeux de Barcelone.
Pendant 20 ans, jusqu’en 2012, cette Audoise qui travaille à Béziers a détenu le record féminin du 10 000 mètres. Depuis 12 ans, les jeunes diplômés du club d’athlétisme BCAM (Béziers Cheminots Athlétisme Méditerranée) ont le privilège d’être entraînés par cette diplômée d’État qui vient de fêter ses 60 ans.
“Je suis fatigué, je n’en peux plus”
Mais depuis trois ans, son quotidien est le suivant, confie le sportif : harcèlement moral répété, discrimination par rapport à sa pathologie, mise à l’écart. Rosa Murcia Gangloff pointe du doigt le président de l’association qui l’emploie, ainsi qu’un autre entraîneur et le secrétaire du club. Une plainte contre X pour harcèlement et violences morales a été déposée auprès du procureur de la République de Narbonne (Rosa réside dans l’Aude).
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Le président du club, que nous avons contacté, a refusé de répondre à nos questions.
Un règlement de compte ?
“On a osé dire à certains élus que j’étais incompétent parce que je n’ai rien vu”le paraathlète s’indigne. Lors d’une récente visite, son ophtalmologiste n’a pas émis aucune contre-indication à l’exercice de sa profession.
« Tout récemment, la médecine du travail a confirmé que j’étais en forme. » soutient Rosa Murcia Gangloff, qui se croit victime d’une cabale depuis son poste il y a un peu plus de trois ans, après l’éviction duancien président suite à des affaires de viols et d’agressions sexuelles au sein du club.
« Les disciples de l’ancien président qui font partie du bureau actuel me font payer mes fiançailles »
« Les gens viennent me créer des histoires devant les enfants. Mon implication est dénigrée. Je suis systématiquement mis à l’écart. Vous le savez, mon employeur ne m’envoie plus les informations nécessaires au bon fonctionnement, à la vie du club, aux compétitions. Je ne suis pas informé des concours et des cours. Il n’y a aucune communication des réunions de formation.
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Rosa explique à France Bleu que tout est fait au sein du club pour lui retirer ses propres licenciés. « Cette année, il n’y a pas eu de réunion en début de saison, ils ont décidé de m’enlever mes 25 enfants et de les donner à quelqu’un d’autre. On m’a prévenu que je n’entraînais plus les plus jeunes, les juniors et les cadets, que je devais entraîner uniquement les tout-petits.« Et pourtant, dans son contrat, il est clairement stipulé que Rosa doit entraîner des coureurs de demi-fond dans toutes les catégories.
« À mon retour des Jeux Paralympiques, une vingtaine d’enfants sont venus m’accueillir. Ils étaient satisfaits de ma performance. Le président et le trésorier étaient là. Ils ont fait scandale devant les enfants”confie-t-elle.
« Tout est fait pour me mettre de côté »
« Un autre exemple, fais confiance à Rosa : Ce week-end du 10 novembre, il y a un cross country. Je suis le seul du club à ne pas avoir été informé de cette compétition. Je ne sais rien. Ils ont décidé de me mettre au placard. C’est un frein au bon fonctionnement de mon entreprise, c’est insupportable. Je ne pense pas que ce soit lié à mon handicap, mais ils s’en servent pour trouver la moindre excuse. Mon handicap ne m’empêche pas d’entraîner mes athlètes et de concourir. insiste-t-elle.
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Tentative de déstabilisation avant les Jeux Paralympiques ?
Alors que Rosa venait de partir pour les Jeux Paralympiques, son club lui a envoyé un mail lui demandant de reprendre le travail le 4 septembre.Ils savaient très bien que je courais le marathon le 8 septembre. Deux jours avant l’épreuve, j’ai reçu un autre mail m’informant que j’avais une nouvelle mission, que désormais je n’entraînais plus les plus jeunes, mais les oisillons. Tout cela est fait pour me déstabiliser. Heureusement, mon mari a gardé les emails. Il ne me les a lus qu’à mon retour. Tu sais, J’ai les Jeux en 2028, je veux être calme« .
DONC est-ce de la jalousie ? « J’ai du mal à comprendre. Je m’étonne que le club de Béziers ne profite pas de ma popularité. Vous savez, j’ai été contacté par beaucoup d’autres clubs, qui m’ont appelé depuis cette prestation, mais le BCAM ne s’inquiète pas pour moi. C’est de la jalousie déplacée. Libre à moi de vous raconter tout ça, libre de porter plainte. Je veux que la vérité éclate. sincèrement.”
Récemment, Rosa a rencontré l’élu chargé des Sports à la mairie de Béziers ainsi que l’ancienne députée Emmanuelle Ménard. Fin novembre, elle devrait être reçue par le maire de la ville, Robert Ménard.
Plusieurs témoins
“Depuis trois ans, J’ai accumulé les preuves, les témoignagesJe les ai prévenus, ils ont continué. Le harcèlement n’a pas cessé.“
L’un des témoins confie : «Ce harcèlement dure depuis plusieurs années. J’en ai encore été témoin tout récemment. J’ai dû intervenir. Le président du club est arrivé de manière agressive. Il s’en est pris à Rosa pour l’empêcher de former son groupe de jeunes. Il y avait des parents et des enfants à proximité. Il était très agressive envers elle le jour même de son retour des Jeux« .
Un autre déclare : «J’ai été choqué propos odieux et dénigrants tenus par le président envers Rosa sur son incompétence à encadrer des jeunes en raison de son handicap visuel. Qu’elle ne pouvait pas voir à 10 mètres, que sa place n’était pas ici, que le club était prêt à se débarrasser de ses services, quitte à aller au tribunal.»
Un voyage exceptionnel
Rosa a à son actif 28 sélections en équipe de France entre 1985 et 2000. Elle a couru de nombreux marathons et 10 000 mètres. L’Audoise d’adoption, qui vit près de Narbonne, a participé aux Jeux olympiques de Barcelone sur 10 000 mètres en 1992, en étant championne de France sur cette distance, ainsi qu’à un marathon d’Helsinki en 1994.