Et si c’était ça le secret. Les petits plats concoctés par Manu Tuilagi pour son nouvel ami Sireli Maqala, pétillant de Bayonne depuis le début de la saison. “On passe beaucoup de temps ensemble, on se raconte des histoires, on dîne ensemble mais, c’est vrai, c’est toujours lui qui cuisine”, éclate en riant le Fidjien de 24 ans, plus doué pour la rédaction d’essais. Six en sept matches. Ils ont fait de lui le meilleur buteur du championnat.
“Je n’ai pas attendu cette année pour savoir que Sireli est l’un des meilleurs joueurs du Top 14”
Le trois-quarts centre n’est pas qu’un finisseur. C’est aussi un incroyable joueur de duel. Avant de se reposer le week-end dernier à Lyon (38-49), il avait battu le plus grand nombre de défenseurs (32) de toute la division. « C’est l’un des meilleurs crossers du championnat, apprécie son manager Grégory Patat. Il adore les duels avec des espaces. » Yannick Bru s’en souvient bien. Le technicien de l’UBB l’avait sous sa coupe en 2021-2022. « J’ai plus que suivi son évolution puisque nous en avons également été victimes à Chaban. » Maqala n’a pas marqué le 5 octobre, mais il a fait souffrir la défense bordelaise (30-27). « Malgré mes avertissements au cours de la semaine, il a réussi à remporter de nombreux duels avec la facilité qu’on lui connaît. Et j’ai vraiment cru qu’il nous crucifiait en fin de match. Sur un crochet intérieur, il échappe à Mamad’ Diaby. Je pensais qu’il allait entre les poteaux. C’est un miracle que nous ayons réussi à le récupérer. »
“Il est capable de tout”
Avec Bielle-Biarrey, Capuozzo, Jalibert, Couilloud et Attissogbe, Maqala fait partie des meilleurs trois-quarts depuis la reprise. « Je n’ai pas attendu cette année pour savoir que Sireli est l’un des meilleurs joueurs du Top 14 », s’amuse son coéquipier Cheikh Tiberghien. Quand j’étais à Clermont, c’était déjà monstrueux. En Pro D2, idem. Il m’impressionne vraiment. Il est capable de tout. Dès qu’il touche le ballon, quelque chose se passe. Il faut être dans son soutien et avancer aussi vite que lui dans sa tête car tout peut arriver. »
“J’aime ce joueur car il fait revivre une époque où les centres ne pesaient pas 120 kg”
En match, mais aussi à l’entraînement. “Toute la semaine, il est comme le week-end : à fond !”, apprécie le 3e ligne Baptiste Chouzenoux. C’est un joueur explosif. Un vrai Fidjien. Un vrai joueur de ballon. Il sent le rugby. C’est génial de jouer avec ces gars-là. C’est aussi génial de les voir jouer parce qu’ils font un spectacle. » confirme Jonathan Wisniewski. Désormais consultant pour Canal+, l’ancien ouvreur de Lyon et Grenoble a commenté Bayonne à deux reprises, face à Perpignan (21-19) et au Racing (32-15). Le petit bonbon (1,72 m, 88 kg) de Rowing a marqué à chaque fois. « J’aime ce joueur car il fait revivre une époque où les centres ne pesaient pas 120 kg. Il cherche l’extérieur, les épaules fragiles plus que l’entrée dans l’homme. Il joue dans l’espace, il a du punch, du gaz et du talent en face-à-face. Son énergie est intéressante, tout comme son activité sans ballon. Il fait des efforts sur les causes perdues : dans une action à six périodes de jeu, il intervient à trois reprises car il est toujours en appui. »
L’arrivée de Tuilagi l’a piqué
Bien entendu, tout n’est pas parfait. Le « Fidjien volant » (8 sélections), qui rejoindra sa sélection après la réception de Toulouse ce dimanche, garde parfois un peu trop les ballons. « Il peut s’améliorer en lâchant des ballons vers l’extérieur », note Grégory Patat, prenant l’exemple de « trois ou quatre occasions » contre La Rochelle (37-7). Il doit progresser là-dessus. »
« C’est un chat dans la zone de ruck. Il n’a pas une taille énorme mais il a une grande puissance dans les jambes et une grande souplesse dans ses appuis.
Cependant, c’était le jour et la nuit lors de sa dernière saison où le futur père – sa compagne est la fille de l’ancien pilier international Peio Dospital – est revenu épuisé de la dernière Coupe du monde, et pas toujours motivé, a eu une série de problèmes physiques, jusqu’à une opération à la cheville. Bien loin des standards affichés lors de ses deux premières années en France. À le voir accomplir une série de courses et de tâches obscures, les problèmes semblent loin. « En plus de pouvoir jouer dans les meilleures attaques du Top 14, c’est un félin dans la ruck zone », ajoute Yannick Bru. Il n’a pas une taille énorme mais il a une grande puissance dans ses jambes et une grande souplesse dans ses appuis. » Son passé de septiste y est pour beaucoup : il a été champion olympique en 2020. « Quand il est à ce niveau, il est incroyable. C’est l’un des meilleurs du championnat. »
Top 14 : L’Aviron Bayonnais en mode « Tous Basks »
Troisièmes du Top 14 avant de recevoir Toulouse ce dimanche à 21h05, les bleu et blanc disposent également de la troisième attaque du championnat. Les statistiques sont encore meilleures sur leurs cinq derniers matches. Explication
L’une des raisons réside peut-être dans l’assiette. Ou plutôt derrière les fourneaux. « L’arrivée de Tuilagi lui donne une autre importance, pense Jonathan Wisniewski. C’est un Insulaire, comme lui, arrivé avec la culture du combat et de l’engagement. Ça piquait un peu. Il fait un effort supplémentaire. C’est une question de cohérence, de sérieux, d’évolution. La combinaison des deux est tout simplement exceptionnelle. Tuilagi monopolise l’attention et Maqala, plus il joue, meilleur il est. Et il est toujours bon, même quand Bayonne l’est moins. » Pour l’instant, les deux vont de pair.
Le match
Aviron affronte Toulouse lors d’une période en double équipe. C’était déjà le cas lors des quatre derniers matches entre les deux équipes. Conséquence directe, le Stade sera privé de Dupont, Mauvaka, Flament, Meafou, Cros, Roumat, Costes et Ramos, retenus avec le XV de France. Leurs absences s’ajoutent à celles des blessés (Ntamack, Arnold, Placines, Marchand, Laulala, Baille, Chocobares). Côté Bayonne, le principal absent est Tevita Tatafu, également en Bleu. Aviron (3e) a donc un véritable défi à jouer, ce dimanche à 21h05, pour se rapprocher de Toulouse et de l’UBB.