L’enquête sur la disparition en mer, début août, au large de l’Afrique du Sud, du rugbyman Medhi Narjissi, membre de l’équipe de France des moins de 18 ans, a été requalifiée en homicide involontaire.
L’information judiciaire, menée jusqu’ici pour des disparitions inquiétantes, devra désormais « établir si une ou plusieurs maladresses, une ou plusieurs imprudences, une ou plusieurs inattentions, une ou plusieurs négligences, un ou plusieurs manquements à une obligation de sécurité ou de prudence ». “Des faits ont pu être commis, a indiqué le procureur du parquet d’Agen, Olivier Naboulet.
« Un palier supérieur » dans les investigations
Medhi Narjissi, 17 ans, a été balayé au large le 7 août sur une plage réputée dangereuse près du cap de Bonne-Espérance, en Afrique du Sud, où il était présent pour un tournoi international avec l’équipe de France U18. Le parquet d’Agen a été saisi fin août par la famille du joueur.
Me Édouard Martial, avocat de la famille Narjissi, s’est félicité du passage « à un stade supérieur » des investigations. Cette information judiciaire « est l’accélérateur de la procédure de responsabilisation », a-t-il déclaré. “Cela signifie que les responsabilités peuvent être dégagées avec les conséquences que l’on connaît, c’est-à-dire une éventuelle comparution devant un tribunal pénal”, a-t-il soutenu.
« Qui a pris la décision ? » »
“Le juge d’instruction veut avoir des explications, il veut savoir pourquoi ce jour-là nous y sommes allés, qui a pris la décision, alors que la plage de Dias Beach, tout le monde le sait, est réputée comme l’une des plus dangereuses”, a-t-il ajouté.
La Fédération française de rugby (FFR) a mis en cause, dans un rapport d’enquête interne, la direction des U18 présents lors du rassemblement. “La décision d’organiser une séance de récupération dans l’eau sur la plage de Dias a été prise sans tenir compte de la dangerosité du site”, a-t-elle expliqué.
Une enquête administrative est également en cours, menée par l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche, qui doit rendre ses conclusions « avant fin novembre ».
« Les responsabilités se transmettent »
D’ici là, les conseillers techniques sportifs de l’équipe U18 ont « été suspendus à titre conservatoire » par le ministère des Sports à la demande de la FFR. Le manager U18 a, de son côté, porté plainte pour dénonciation calomnieuse, son avocat estimant que la FFR avait tenté de le « mettre au pilori » pour lui faire assumer la responsabilité de la disparition du jeune international. “Ce qui est terrible, c’est que les responsabilités se transmettent les unes aux autres”, a déploré M. Martial.