C’est une histoire effrayante. William Vainqueur, ancien milieu de terrain de l’Olympique de Marseille et du FC Nantes, s’est retrouvé impliqué dans l’une des plus grandes affaires de pédocriminalité de l’histoire du football français. Pour cause, plus jeune, il a été repéré par le recruteur du FC Nantes, Ahmed Gueninèche, condamné à 18 ans de réclusion criminelle pour viol et agression sexuelle sur mineure en 2022. Si le joueur de 35 ans est passé par les gouttes à l’époque, il découvre avec crainte la vraie nature de celui qu’il considère comme son mentor.
«Quand elle (la commissaire) m’a tout révélé, j’ai été interloqué, ça a été un vrai choc. C’est elle qui m’a expliqué qu’il utilisait mon nom pour parvenir à ses fins auprès des enfants. J’étais si loin de me douter de tout cela. Ma première fille, à sa naissance, je l’ai mise dans les bras d’Ahmed…», se souvient l’ancien Nantais dans la longue enquête de L’Équipe sur l’affaire Gueninèche.
L’ancien recruteur des Canaris a effectivement utilisé le cas de William Vainqueur, un professionnel après avoir été déniché par lui, pour attirer ses prochaines victimes en quête de gloire dans le monde du football. Une donnée qui a été initialement perçue par les enquêteurs, comme une potentielle complicité de l’ancien international espoir français, mais tel n’a pas été le cas. Désireux de faire sa part, l’ancien de l’AS Roma a accepté de témoigner au procès. «Je me sentais redevable envers toutes les victimes. Au procès, ça m’a frappé en plein visage : parmi eux, j’ai reconnu un gars que j’avais rencontré lors d’un tournoi. Un joueur dont je me souvenais très bien, qui avait un fort caractère. Imaginer que même une personne comme lui ait pu être maltraitée par Ahmed… A la fin du procès, je suis allé le voir et je lui ai dit : franchement, mon frère, je suis vraiment désolé”, a expliqué Vainqueur, toujours sous le choc, même quelques années plus tard.