Le prix de l’essence augmente au printemps

Le prix de l’essence augmente au printemps
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Chaque jeudi, nous revenons sur un sujet marquant dans le monde, grâce au regard et à l’expertise d’un chercheur du Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal ou de la Chaire Raoul-Dandurand de l’Université du Québec à Montréal.


Publié à 1h22

Mis à jour à 13h00

Yvan Cliche

Fellow et spécialiste en énergie au Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CERIUM)

C’est devenu un rituel printanier : alors que les beaux jours apparaissent peu à peu, les prix de l’essence montent en flèche. Les médias tendent le micro aux automobilistes faisant le plein qui, sans surprise, se plaignent de ces augmentations désagréables et malvenues.

Mais ont-ils vraiment quelque chose pour nous surprendre ? Le prix du pétrole a toujours été régi par un marché internationalisé. Ce système fonctionne comme une grande vente aux enchères, avec un marché en temps réel et un marché à terme. L’équilibre entre l’offre disponible et la demande anticipée détermine le prix. D’autres facteurs jouent également un rôle, comme le niveau des stocks conservés par les économies développées pour faire face aux événements imprévus et la capacité opérationnelle des raffineries.

La santé de l’économie mondiale est directement influencée par le prix du baril, le pétrole restant au cœur de cette économie, notamment en raison du transport de marchandises. Les acteurs du marché prendront des décisions sur le prix du baril en fonction des prévisions économiques et de l’évolution des taux d’intérêt qui, en elles-mêmes, peuvent stimuler ou ralentir l’économie et donc la consommation. .

Qui tire les ficelles ?

Du côté de la demande, la Chine joue un rôle important, car ce pays a considérablement augmenté sa consommation de pétrole : elle importe désormais plus de 10 millions de barils par jour, soit le double de la quantité il y a dix ans, selon l’Energy Information Administration des États-Unis.⁠1. Sa situation économique est un élément important pour le marché pétrolier, car tout ralentissement de l’importante consommation chinoise entraîne généralement une baisse des prix.

De leur côté, les pays producteurs, l’OPEP+ (Organisation des pays exportateurs de pétrole), dont la , restent des acteurs influents. Ce regroupement d’une vingtaine de pays est responsable d’environ 40 % de la production mondiale.⁠2 et possède près de 80% des réserves⁠3. L’OPEP+ établit régulièrement des quotas de production pour chaque pays membre.

Ces dernières années, l’Arabie Saoudite, leader de cette organisation, a su instaurer plus de discipline dans ses rangs : l’OPEP+ a pour politique de limiter sa production, afin de maintenir les prix à un niveau relativement élevé, autour de 80 à 90 dollars le baril. Pour les États membres de l’OPEP+, ce prix représente un enjeu important, car les revenus issus de la vente des ressources pétrolières comptent pour une grande part dans les revenus nationaux de ces pays.

En fait, la zone de confort des pays de l’OPEP+ est un prix élevé et stable. La stabilité est une valeur cardinale, car elle assure la prévisibilité des revenus pétroliers, permettant ainsi une meilleure planification des dépenses publiques.

Depuis la révolution du gaz de schiste dans les années 2000, grâce aux technologies de fracturation hydraulique et de forage horizontal, les États-Unis sont devenus un acteur majeur de l’économie pétrolière et gazière mondiale. Depuis 2018, ils sont le premier producteur de pétrole, devant l’Arabie Saoudite et la Russie.

Il s’agit d’un revirement majeur de l’industrie : l’arrivée forte des États-Unis a permis une augmentation significative de l’offre pétrolière et une concurrence avec les prix visés par l’OPEP+. L’augmentation de leur production en 2023 et 2024 a permis de rassurer le marché sur une éventuelle hausse des prix suite à une baisse de l’offre.

Le fameux risque géopolitique

Les analystes citent souvent les facteurs géopolitiques comme éléments de risque et de variabilité des prix. Des événements politiques imprévus alimentent les craintes d’une baisse de la demande, ce qui tend à faire baisser les prix, et donc les revenus. Ils alimentent également les craintes de ruptures d’approvisionnement qui, au contraire, font souvent monter les prix à des niveaux plus élevés.

Conséquence : le prix variera ainsi en fonction de l’importance des bouleversements politiques dans les pays producteurs, de la durée de la crise et de la perception de son évolution par le marché.

Ces risques sont réels, car les précieuses ressources pétrolières se trouvent dans des pays plutôt instables politiquement.

La région du Moyen-Orient, avec ses principaux producteurs comme l’Arabie saoudite, l’Irak et l’Iran, est responsable de près d’un tiers de la production mondiale. Or les crises majeures dans cette région se sont multipliées ces dernières décennies (révolution iranienne, guerre Iran-Irak, guerre du Golfe, chute du régime irakien…).

Au Québec, même si nous achetons notre pétrole dans des pays sécuritaires comme le Canada et les États-Unis, nous sommes toujours soumis aux aléas de ce marché mondialisé.

Comme ailleurs, les prix de l’essence augmentent au printemps. À l’approche de l’été, le marché s’attend à une augmentation de la demande d’essence de pétrole raffinée pour les déplacements en automobile.

En général, les prix à la pompe culminent à la fin de la période estivale, puis redescendent progressivement à l’automne. Mais personne ne s’en plaint !

1. Lisez une analyse de la US Energy Information Administration

2. Lisez une analyse de la US Energy Information Administration

3. Afficher les données de l’OPEP

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