Que risque un mineur soupçonné de meurtre ? – .

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Un adolescent de 15 ans est le principal suspect du meurtre de Matisse, 15 ans également, avec plusieurs coups de couteau à Châteauroux, samedi 27 avril. De la garde à vue à un éventuel procès, que risque un mineur dans une telle affaire ?

Matisse avait 15 ans lorsqu’il a été tué de plusieurs coups de couteau ce samedi 27 avril, dans le quartier Saint-Denis de Châteauroux. Même si les circonstances précises n’ont pas encore été établies, un suspect a été arrêté. Il s’agit d’un autre adolescent, également âgé de 15 ans.

Suite à cette révélation, plusieurs personnalités politiques ont appelé à faire un exemple du suspect, à commencer par le maire (DVD) de Châteauroux, Gil Avérous : «La justice doit désormais être intransigeante et extrêmement sévère.», a-t-il écrit sur X (anciennement Twitter).

Placé en garde à vue samedi, le jeune garçon doit être présenté à un juge d’instruction le 29 avril, en vue d’une éventuelle mise en examen. Pour y voir plus clair et comprendre ce que risque un adolescent soupçonné de meurtre, 3 a interrogé Jérémy Schuletzki, avocat au barreau de Châteauroux.

La semaine dernière, le suspect a été interpellé suite à des faits de vol aggravé, placé sous contrôle judiciaire et libéré. Est-ce le réglage normal ?

Maître Jérémy Schuletzki : C’est un cadre tout à fait logique. Les faits qui lui sont reprochés sont de nature correctionnelle. La seule issue possible après une mise en accusation, et sans casier judiciaire, est le contrôle judiciaire. Différentes mesures le couvrent, les obligations et interdictions doivent être respectées. Mais le principe ne souffre aucune exception.

Une enquête a été ouverte pour homicide volontaire. Que risque le suspect, mineur, s’il est mis en examen ?

Maître Jérémy Schuletzki : Un mineur de plus de 13 ans est pénalement responsable, il peut donc faire l’objet de poursuites pénales. Ce sont des faits de nature pénale, c’est différent du premier cas dont nous parlions. Le juge d’instruction saisira un juge des libertés et de la détention, qui statuera sur la liberté du mineur. S’agissant d’une infraction pénale, la plus grave sur l’échelle pénale, il pourrait cette fois faire l’objet d’une détention provisoire pendant que l’enquête se poursuit.

La sanction peut aller jusqu’à des peines de prison ?

Maître Jérémy Schuletzki : Oui, mais après un très long processus. A l’issue des investigations, le juge d’instruction rendra une ordonnance. S’il estime qu’il est nécessaire de soumettre cette affaire à un jugement, le tribunal pénal pour enfants sera saisi, et il statuera sur la culpabilité et, en cas de culpabilité, sur la sanction la plus appropriée.

Il est mineur, il y a une excuse minoritaire dans la loi, qui oblige le magistrat à réduire la peine de moitié. Cette excuse minoritaire peut être levée dans des cas très rares, voire exceptionnels. Je ne pense pas que cela se soit produit beaucoup dans l’histoire. C’est le tribunal pour enfants qui en décide.

Un mineur est-il jugé comme un adulte, avec les mêmes accusations ?

Maître Jérémy Schuletzki : Le délit est le même, il est prévu de la même manière par le Code pénal et par le Code pénal des mineurs. C’est le décorum qui change. Il ne s’agit pas d’une cour d’assises, mais d’un tribunal présidé par un juge des enfants. L’aspect éducatif et personnel est plus important lorsqu’on juge un enfant que lorsqu’on juge un adulte. L’ordonnance de 1945 donne la priorité aux mesures éducatives avant de passer aux mesures punitives.

Nous sommes ici face à des faits d’une telle gravité que l’aspect pédagogique sera peut-être laissé de côté. Le juge des enfants chargé de juger cette affaire tranchera en sa conscience.

La pression politique peut-elle influencer un magistrat ?

Maître Jérémy Schuletzki : Le magistrat reste libre. Il doit rendre la justice avec des preuves à charge et à décharge, des éléments probants rapportés par le juge d’instruction, des arguments avancés par les parties… L’aspect politique s’arrête aux portes de nos tribunaux, et très heureusement.

 
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