Persévérance académique | Le sac à dos léger de Théresa Mwanga

« Chaque jour, c’est comme si elle arrivait à l’école avec un sac à dos rempli de cailloux. Avec une pression énorme sur les épaules. Vivre dans un environnement familial difficile bouleverse la vie des jeunes. »


Publié à 00h42

Mis à jour à 5h00

Ces mots sont ceux de Martin Dusseault, coordonnateur professionnel du programme de basketball Bien dans mes baskets de l’école secondaire Jeanne-Mance. Celles d’une assistante sociale qui a vu passer des centaines de jeunes par cet établissement en quartier défavorisé.

Peu d’entre eux ont fait preuve d’autant de courage que Théresa Mwanga, lauréate du prix de persévérance scolaire et sportive du Réseau québécois du sport étudiant (RSEQ). Contrairement à d’autres adolescentes, Theresa a été privée d’une famille stable pour l’aider à grandir. Soutenue par le DPJ, elle passait son temps dans ses valises, changeant de maison. Traîner un lourd bagage pour son jeune âge.

« En une seule année, j’ai dû traverser quatre milieux familiaux différents et surtout plusieurs tribunaux », raconte-t-elle dans un entretien avec La presse. Vivre autant d’instabilité quand on vient de devenir adolescent n’est décidément pas facile. »

Theresa a d’abord vécu avec sa mère, avant d’emménager avec son père. Comme il détestait le froid, il quitta tout simplement le pays un hiver.

« Avec lui, ce n’était pas une relation enfant-adulte. Les rôles étaient inversés, c’était moi qui devais m’occuper de lui », explique Théresa Mwanga.

Quand tu as 13 ans, tu ne devrais pas être celui qui s’occupe de tes parents.

Thérèse Mwanga

Comme elle était seule, la DPJ l’a placée dans une famille d’accueil. Mais les choses ont empiré. La nouvelle famille a donné un peu de surveillance à Therese et lui a même demandé de s’occuper de l’autre enfant dont elle avait la garde, de trois ans son cadet.

« Notre relation n’était pas saine. Je ne savais pas où en être avec eux. Je devais être très mature pour mon jeune âge. »

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PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Thérèse Mwanga

Parfois, ses parents adoptifs lui proposaient même de l’alcool, malgré ses 13 ans. « Je ne trouvais pas ça bon, mais je me sentais obligée d’en boire », confie-t-elle.

Après un conflit avec sa famille adoptive, Thérèse s’enfuit. Elle est revenue vivre avec son père, de retour de voyage, faute d’autres options.

Stabilité retrouvée

Ce n’est que plus tard qu’elle a trouvé la famille qu’elle recherchait depuis toujours. Elle vit désormais avec son frère, de 15 ans son aîné. Elle ne l’avait pas vu depuis 10 ans lorsqu’ils se sont reconnectés.

L’instabilité vécue par Theresa a cependant laissé des traces. Au cours de ses trois premières années de lycée, elle sautait constamment des cours ou échouait constamment. Son bulletin de troisième année était carrément catastrophique. « Cela m’a ouvert les yeux. J’ai compris que je devais tout faire pour reprendre le contrôle », commente-t-elle.

Au-delà de ses mauvais résultats, Theresa était rongée par l’anxiété. Le résultat d’années sans savoir sous quel toit elle dormirait la semaine suivante. “Elle était tellement anxieuse qu’elle est venue me voir avant les matches pour me demander de ne pas la faire jouer”, a expliqué son entraîneur, Erica Godinho.

Erica, ancienne membre de l’école Jeanne-Mance, agit à titre de travailleuse sociale en plus de son rôle de coach. Elle a mis en place un plan d’intervention précis pour permettre à Théresa de se remettre sur les rails, tant sur le plan sportif que scolaire.

Les résultats ont été frappants. La moyenne scolaire de Theresa en mathématiques, par exemple, est passée de 60 à 86 %. Elle ne sautait plus ses cours, bien au contraire. Elle a suivi des séances de tutorat deux fois par semaine pour améliorer ses compétences en mathématiques et en sciences. « Je dois travailler deux fois plus que les autres, mais quand je m’y mets, je réussis », raconte celle qui est née au Congo, avant de s’installer au Canada à l’âge d’un an.

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PHOTO FOURNIE PAR LE RSEQ

Thérésa Mwanga a reçu le prix de la persévérance scolaire et sportive du Réseau sportif étudiant du Québec.

En basket-ball, elle a été nommée joueuse défensive de l’année dans son école. Cette année, elle a demandé à son entraîneur de rejoindre la meilleure équipe. Quelque chose qu’elle avait refusé auparavant, de peur d’échouer.

C’est le basket qui m’a permis de comprendre mon anxiété. Maintenant, je ne suis presque plus stressé, sauf avant un match ou un examen.

Thérèse Mwanga

“Ce n’est plus la même personne”, estime Erica Godinho. Elle est passée de la fille qui évitait de sortir de sa zone de confort à celle qui en avait besoin. »

Après le lycée, Theresa espère jouer au basket-ball universitaire. Elle rêve de travailler un jour comme parajuriste, avocate ou psychologue. Des carrières dont elle ne s’était pas permis de rêver avant sa dernière année.

« Avant, je pensais juste à passer mes années. Maintenant, je peux penser à l’avenir », dit-elle.

Ainsi, avec un sac à dos plus léger, il est beaucoup plus facile d’atteindre de nouveaux sommets.

Se sentir bien dans ses baskets

À l’école secondaire Jeanne-Mance, située sur le Plateau Mont-Royal, à Montréal, le programme de basketball Bien dans mes baskets (BdmB) est proposé à tous les étudiants. Il cible les adolescents présentant différents facteurs de risque de décrochage scolaire ou de délinquance. Grâce à ce programme, des entraîneurs de basket-ball ayant également une formation en travail social encadrent les jeunes joueurs. Plusieurs anciens élèves participent à leur développement. Le programme est le résultat d’un partenariat entre l’école et le CSSS Jeanne-Mance. C’est grâce à ce programme que Théresa Mwanga a connu des progrès académiques et sportifs importants.

 
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