Décès d’Aly Kalidou Ba, ancien directeur informatique et…

Décès d’Aly Kalidou Ba, ancien directeur informatique et…
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Après son frère Abdoul Aziz Ba décédé le 28 mai 2012, les frères Mohamed El Bachir Bal et Mohamed El Habib Bal décédés le 24 février 2018 et le 19 juillet 2020, Abdoulaye Sow le 22 juillet 2020, Demba Seck et Satigui Oumar Hamady Sy décédé les 13 et 14 novembre 2022 puis son cousin Mohamed Abdallahi Ba décédé le 4 février 2023, tous signataires du Manifeste du 19, la Mauritanie perd une nouvelle fois l’un de ses premiers cadres qui avait fait le choix de la dignité , de vivre loin des sombres éclats du compromis.

Né en 1939 ou 1940 à Gouriki, notre regretté Aly Kalidou Ba est décédé ce mercredi 24 avril 2024 peu avant 1 heure du matin à Nouakchott. Qu’Allah l’accueille dans son paradis. Nous adressons nos sincères condoléances à la famille, à sa veuve Gorgol Ndira Barry, à ses enfants Abdoul Aziz dit Zeus, Mariame, Coumbis, Hamidou et Sidi Mahmoud, à ses frères et sœurs, ainsi qu’à tous ses proches.

La Mauritanie a perdu l’un de ses premiers cadres supérieurs. « Déjà en 1966, il était inspecteur du trésor (finances) formé à Grenoble puis il a poursuivi sa formation à Washington. Il a ensuite été nommé directeur informatique au ministère des Finances. Un poste qu’il cumule avec celui de gouverneur adjoint de la Mauritanie auprès du FMI et de la Banque mondiale », explique son fils Abdoul Aziz.

La disparition dans l’anonymat et l’indifférence d’Aly Kalidou Ba, comme les autres auteurs du Manifeste des 19, est le reflet d’une Mauritanie raciste qui assume ouvertement la suprématie et le contrôle total d’une seule communauté sur tous les leviers du pouvoir. Assuré de sa « victoire », le système dominant ne fait plus semblant.

Le temps a fait son œuvre. Les uns après les autres, ces pionniers, précurseurs et visionnaires disparaissent. Pas leur œuvre malgré la détermination avec laquelle les dirigeants de leur pays s’emploient à les couvrir d’un oubli qui est le lot commun de ceux qui dérangent mais à qui l’histoire a donné raison. Vous perdez votre souffle. La preuve en est que beaucoup d’entre nous s’en souviennent.

Qu’Allah accueille ces grands hommes dans son paradis. Des 19 visionnaires, à notre connaissance, restent Daffa Bakary et Traoré Souleymane dit Jiddou. Nous leur souhaitons une très bonne santé.

Pour lui rendre hommage et l’immortaliser, nous republions ce texte daté du 11 février 2022

Le 11 février 1966, arrestations des auteurs d’un texte de référence : le Manifeste du 19

Il est des faits auxquels leur évidence immédiate donne une force singulière et durable. Le Manifeste des 19 conserve, cinquante-six ans après sa publication, un impact qui non seulement n’a pas diminué, mais s’est renforcé. Le texte a plus de sens et de référence que jamais. Devenu flambeau et cri de ralliement, il contient une démarche, une séquence historique, un jalon dans l’histoire politique de la Mauritanie. Jamais un texte n’a eu une telle portée iconique. On sait à quel point le recul peut être sévère. Pourquoi la postérité est-elle devenue plus généreuse d’année en année ?

Le Manifeste est une réussite à bien des égards

Tout d’abord par la simplicité des mots destinés à exprimer la réalité. « Manifeste », il fallait y réfléchir. Pas de déclaration, pas de résolution, pas de charte, pas d’appel… juste un manifeste. Un texte pour avertir, montrer et révéler des évidences dans leur simplicité et leur vérité et d’autres qui couvent sous les cendres.

La réussite d’un écrit ou d’une démarche n’est jamais gagnée d’avance. C’est le temps qui lui est consacré même si, dans ce cas, il y avait de multiples raisons pour que ce texte ait rencontré, non pas avec succès, une expression subordonnée dans ce cas, mais avec un soutien. Il y a d’abord le profil des auteurs. Ils appartenaient à toutes les ethnies négro-africaines comme en témoignent leurs noms. Issus de l’élite noire africaine, les rédacteurs du Manifeste avaient beaucoup à perdre de leur initiative. Et d’abord leur statut ou, pour être trivial, leur place. En fait, ils l’ont perdu. Leur liberté avant tout. Il leur a également été confisqué. C’étaient des ingénieurs, des hauts fonctionnaires, des enseignants. Ils constituaient l’épine dorsale de l’administration et savaient ce qui se passait, ce qui était prévu et ce qui allait probablement se produire.

En un mot, et l’essentiel est là. Les faits leur ont donné raison. Le jugement de l’histoire a suivi. Ils avaient raison trop tôt. Ce qui est difficile à pardonner. Ils ont compris très tôt que l’élément déclencheur de leur soutien au mouvement lycéen initié le 4 janvier 1966, l’introduction aléatoire de la langue arabe dans l’enseignement secondaire, ne pouvait s’analyser simplement en termes de réforme du système éducatif. Loin d’être anodin, le fait brut a constitué une étape importante. Ce fut une étape essentielle qui a donné le signal de ce qui se passe aujourd’hui : une arabisation massive à vocation assimilatrice, une politique discriminatoire par l’instrumentalisation d’une langue, la promotion d’une identité culturelle et raciale unique, hégémonique, voire exclusive, d’un monde multiculturel. pays.

La force du Manifeste est son actualité

Des phrases écrites il y a cinquante-huit ans et dont la résonance est telle aujourd’hui qu’il n’est pas nécessaire de les revisiter. Tout est là. Sous toutes ses formes, la politique d’effacement et d’invisibilité des Noirs africains de l’espace public est décrite dans ses mécanismes et chiffres qui la soutiennent. Le seul changement intervenu, à plus de cinquante ans d’intervalle, est l’ampleur de ce qui est décrit et son caractère désormais systématique.

Parmi tant d’autres, un exemple montre la vigilance perspicace des guetteurs de 1966. Et l’actualité leur donne raison au moment même où les chevaux de retour nous vendent leur projet d’assimilation sous couvert de l’Islam, « notre religion commune ». Une communauté qui d’ailleurs n’a jamais fait obstacle au racisme, à l’injustice, aux pogroms, à la torture ou aux déportations mais qui réapparaît dès qu’il s’agit de transcription des langues nationales, de l’influence de l’arabe sur la scène nationale. Plus que jamais, les auteurs du Manifeste ont eu raison de dissocier ce qui, en fait, doit l’être : l’appartenance à une religion et la préemption de cette religion par un groupe dominant à des fins hégémoniques et d’exclusion. Les auteurs du Manifeste avaient vu venir et avaient annoncé les partisans d’une « politique de civilisation » ayant le credo religieux comme « pilier fondamental ». Au « Vous êtes musulmans, devenez donc Arabes » murmuré en 1966, les rédacteurs du Manifeste répondaient : Musulmans mais pas Arabes. C’était il y a cinquante-six ans. Aujourd’hui, d’autres, assurés de leur victoire, ne se contentent plus de murmurer. Ils commandent.

Cire Ba Et Boubacar Diagana – Paris, le 24/04/2024

 
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