La colère monte chez les joueurs des plus grands clubs de football. Exposés à un calendrier de plus en plus surchargé, ils accusent la FIFA de ne pas prendre en compte leur santé. Cette saison 2023-2024, les grands clubs européens connaissent une explosion du nombre de matches, en raison la réforme des concours européens (deux matches supplémentaires par rapport au format précédent) et l’élargissement de la Coupe du Monde des clubs, dont la prochaine édition est prévue à l’été 2025.
Les ligues européennes et plusieurs syndicats de joueurs prévoient de déposer une plainte contre la FIFA auprès de la Commission européenne le 14 octobre.. « Une première plainte a été déposée auprès du tribunal de grande instance de Bruxelles. Une autre est en préparation par les ligues européennes (Bundesliga, Liga, Serie A et Premier League, mais pas la LFP) et certains syndicats de joueurs. Elle devrait être lancée le 14 octobre devant la Commission européenne.“, a expliqué à l’AFP David Terrier, le président de la Fifpro (Fédération internationale des syndicats de football) Europe et vice-président de l’UNFP, le syndicat des joueurs français.
En juin dernier, l’UNFP et la PFA, le syndicat des joueurs anglais, ont déposé une plainte contre la FIFA, concernant l’établissement unilatéral du calendrier international des matches et la décision de créer une Coupe du monde des clubs. L’objet de la seconde plainte déposée devant la Commission européenne concerne le droit à la compétition, les différentes ligues européennes estimant que la multiplication des compétitions internationales nuisait à l’attractivité des championnats nationaux.
Risque de blessure au-delà de 55 matchs par saison
La Fifpro s’appuie sur un rapport annuel qui précise que plus d’un footballeur sur deux a déjà disputé plus de 55 matches par saison. Que près d’un tiers d’entre eux ont participé à six matches consécutifs pour leur équipe. Qu’un joueur type ayant participé à l’Euro au début de l’été en plus des coupes européennes des clubs n’a en moyenne, au cours de la dernière saison, bénéficié que de 12% de temps libre.
«Maintenant, c’est établi, explique le président de la Fifpro Europe, David Terrier, qu’un joueur qui joue plus de 55 matchs par an perd en intensité physique, est plus exposé au risque de blessure physique et à la fatigue mentale« . « L’industrie du football est également menacée“, poursuit Terrier, également vice-président de l’Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP), le syndicat des joueurs français.”Les entraîneurs peuvent être tentés par des stratégies de jeu qui gâcheront le spectacle, mais préserveront la santé de leurs joueurs et les intérêts de leurs clubs.« .
Les joueurs menacent de faire grève
Plusieurs joueurs de renom ont profité cette semaine du début du nouveau format de la Ligue des champions, prolongé de deux matches supplémentaires, pour brandir la menace d’un mouvement de grève.Si cela continue comme ça, à un moment donné, nous n’aurons plus d’autre choix.“, a expliqué mardi RodriMilieu de terrain de Manchester City et champion d’Europe 2024 avec l’Espagne, qui a disputé près de soixante matches en 2023-2024, club et sélection confondus.
«Si vous demandez à n’importe quel joueur, il vous dira que c’est une opinion générale parmi les joueurs, ce n’est pas seulement l’opinion de Rodri.“, a-t-il répondu aux médias avant d’affronter l’Inter Milan. En fait, beaucoup avant lui, ont exprimé leur “regret“, leur “colère“, leur “incompréhension« face à un emploi du temps qu’ils ne peuvent plus gérer, ni physiquement ni mentalement. »Les spectateurs veulent du bon jeu, mais c’est compliqué de produire du bon jeu avec tous les matchs” a expliqué par exemple le défenseur du Bayern Munich Dayot Upamecanoavant un match opposant l’équipe de France en Ligue des Nations à la Belgique début septembre.
«J’espère qu’ils (les décideurs du football, ndlr) comprendront un jour qu’on joue trop de matches, ça amène aussi des blessures, on a eu deux blessés en sélection et si ça ne se calme pas il y en aura d’autres.“, a ajouté le défenseur du Bayern Munich. Le Madrilène Dani Carvajal, le gardien brésilien Alison, Didier Deschamps et Carlo Ancelotti sont également allés dans le même sens ces derniers jours, regrettant que les joueurs ne soient pas impliqués dans l’établissement du calendrier.
La Fifpro soutient les menaces de grève proférées par les joueurs.Cela peut prendre plusieurs formes : cela peut être de refuser de jouer pendant 15 minutes et de perturber le bon déroulement d’un match, d’utiliser la plateforme de la FIFA pour signaler d’éventuelles violations des droits humains en lien avec ses compétitions, ou encore de ne pas se rendre à la Coupe du monde des clubs.“s”.
Une future Coupe du Monde des Clubs en vue
Au cœur de ce conflit se trouve la future Coupe du monde des clubs à 32 équipes, une nouvelle compétition qui se tiendra à l’été 2025 aux États-Unis et qui, ajoutée à celles déjà existantes, rend «un calendrier international au-delà de la saturation (…), devenu intenable pour les ligues nationales et dangereux pour la santé des joueurs“, estiment la Fifpro Europe et l’association des ligues. En réponse à ces plaintes, la FIFA avait brandi comme norme, en août dernier, une étude du CIES (Centre international d’études sportives) expliquant que “les clubs ne jouent pas plus de matches par saison, ce qui va à l’encontre de la conviction d’un calendrier de plus en plus chargé (…)« .
De 2012 à 2024, «le nombre moyen de matchs par club et par saison est resté stable à un peu plus de 40. Seulement 5% des équipes jouent en moyenne plus de 60 matchs par saison (hors matchs amicaux)“, précise cette étude indépendante.
