Elise Marc, le caméléon du triathlon

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Elise Marc, lors des Championnats du monde de paracyclisme sur route, à Baie-Comeau (Canada), le 12 août 2022 JEAN-BAPTISTE BENAVENT

Tous les triathlètes vous le diront, le triathlon est par définition un sport d’adaptation, où il faut savoir jongler entre trois disciplines – la natation, le vélo et la course à pied – aussi différentes qu’exigeantes. D’autant plus avec les aléas de la météo, qui obligent à apprivoiser les courants et les vagues et à éviter les pièges des routes mouillées ou pavées. Elise Marc a un peu plus aiguisé cette capacité à jouer au caméléon depuis que sa catégorie a « disparu » des Jeux paralympiques.

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La triple championne du monde de para triathlon et championne d’Europe en titre évolue habituellement sur le circuit mondial dans la catégorie PTS3 – pour « para triathlon debout 3 », réservée aux athlètes présentant un handicap important mais pouvant concourir debout. A Paris, elle s’élancera lundi 2 septembre dans la catégorie au-dessus (PTS4). La sienne n’a pas été retenue « Tout simplement parce qu’il n’y a pas assez de monde »explique la femme de 36 ans qui a eu les jambes amputées sous les genoux des deux côtés, après un accident sur lequel elle ne souhaite pas s’attarder, alors qu’elle avait 17 ans.

Pour boucler les 750 m de natation, 20 km de vélo et 5 km de course à pied, son handicap est plus pénalisant que celui de ses nouvelles concurrentes. « Normalement, en PTS4, ce sont des amputés « simples », donc d’un seul côté. Là où je perds le plus de temps, c’est sur la partie natation et la première transition », il est temps de mettre ses deux prothèses après être sorti de l’eau et avant de monter sur son vélo.

Déjà à Tokyo, en 2021, sa catégorie n’était pas au menu des Jeux. « C’était une grande déception, concède l’ingénieur civil, qui aurait eu la possibilité d’être évolutif dans le PTS5, soit deux catégories de différence. C’était trop, je n’avais même pas envie d’essayer. Je me suis dit : « autant en profiter pour découvrir une autre discipline ». C’est pour ça que j’ai commencé par l’aviron en premier. Elle a été sacrée championne du monde d’aviron en salle dans sa catégorie, mais après un an et demi, elle s’en est lassée.

« Perdre le moins de temps possible »

Puis vient le confinement. Le home-trainer devient son meilleur allié et, dans le même temps, les Jeux sont décalés d’un an. L’idée du paracyclisme lui vient à l’esprit à ce moment-là. Sa deuxième place aux championnats du monde de paracyclisme lui assure son billet pour Tokyo dans ce sport, où elle se classe dixième de la course en ligne et douzième du contre-la-montre. « La sélection était déjà une victoire en soi, met en perspective ce pionnier, cinquième de la première épreuve de para triathlon de l’histoire des Jeux paralympiques, à Rio en 2016. Vivre dans un autre collectif, voir une autre façon de s’entraîner, ça m’a nourri, tout ce sur quoi j’ai pu travailler [en para cyclisme] ça me sert aujourd’hui.

Au Japon, en réalité, son esprit est déjà à 10 000 kilomètres. Pour Paris 2024, Elise Marc compte renouer avec ses premières amours, en s’alignant sur le triathlon. Elle s’y remet à 100 %. La natation a longtemps été son point fort, puis le vélo. Désormais, c’est la course à pied. « C’est vraiment là que j’ai une chance de revenir en tête de la course. Mon état d’esprit sur la natation et le vélo est de perdre le moins de temps possible par rapport à la concurrence. »raconte la résidente du Centre de Ressources, d’Expertise et de Performance Sportive de Boulouris, à Saint-Raphaël (Var), où elle est formée par Nicolas Becker.

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À l’été 2023, pendant la événement testrépétition générale avant les Jeux, Elise Marc a traversé le pont Alexandre-III en deuxième position. « Cela montre que j’ai une bonne carte à jouer. » Et, encore une fois, elle a le sens de l’adaptation. La natation avait été annulée en raison de la qualité de l’eau de la Seine et l’épreuve avait été transformée en duathlon.

Elisabeth Pineau

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