Djokovic à la recherche de son nouvel entraîneur et probablement de « nouvelles idées »

Novak Djokovic, tout juste sorti d’une cuvée 2023 couronnée d’un petit chelem, n’était pas vraiment à ce qu’on pourrait appeler un tournant dans sa carrière. Au sommet, à 36 ans, le Serbe a vu se dessiner un nouveau tournant, avec sa défaite en demi-finale de l’Open d’Australie en janvier et sa chute surprise au troisième tour d’Indian Wells mi-mars. Une courbe qu’il a décidé de négocier au plus près en se séparant de son entraîneur avec qui il a tout gagné, Goran Ivanisevic, après cinq années de collaboration fructueuse.

Le tournant du match ? Le moment où Djokovic s’est effondré après le bluff de Nardi

« Il y avait une saturation. Et il en avait marre de moi et j’en avais marre de lui», s’est déversé le désormais ex-entraîneur, dans les colonnes du média serbe Sportklub. Compte tenu du contexte sportif délicat, ou du moins pas à la hauteur du standing de « Djoko », la nouvelle ressemble à une petite catastrophe. Mais aux yeux de notre consultant Matts Wilander, il faut regarder un peu plus loin.

Évidemment, c’est très surprenant quand on a deux hommes qui semblent si proches en dehors et sur le terrain, comme Goran Ivanisevic et Novak Djokovic.», résume-t-il. Pourtant, au vu des déclarations post-rupture, dans lesquelles les deux ex parlent des « hauts et des bas » ou des tensions dans leur relation, il serait presque approprié de lire qu’ils se sont séparés pour le mieux.

“Je pense qu’il a besoin d’un peu d’enthousiasme pour son tennis, non pas pour gagner, mais pour le style qu’il devra adopter à l’avenir pour continuer à vouloir gagner des matchs de tennis.», rebondit Wilander. Le Suédois va même un peu plus loin : «En fait, j’aime ça. Je pense que si cela arrivait à un joueur moins sérieux, je serais inquiet. Mais Novak Djokovic continuera à faire tout ce qui est en son pouvoir pour avoir l’avantage dans tous les domaines. Je pense qu’il a besoin de trouver quelqu’un qui lui dise : ‘Hé, j’aimerais que tu frappes la balle un peu plus fort parfois, ou que tu fasses un service et une volée un peu plus.’ je pense que ça lui donnera de la fraîcheur».

Si à Monte-Carlo (6-14 avril), qui marquera son retour à la compétition après la déroute d’Indian Wells, il n’est pas sûr que Djokovic aura déjà décidé d’un nom pour l’accompagner, ce sera l’héritage d’Ivanisevic qui sera avoir la priorité. Et quel héritage : «Goran Ivanisevic est un génie absolu en matière de servicemerveilles Mats Wilander. Il a réalisé l’un des meilleurs services de tous les temps. […] Les améliorations qu’il a apportées à Novak Djokovic lui ont permis de servir un peu plus fort, je crois, mais aussi avec plus de précision et de variété, en frappant plus de services au corps, en visant le deuxième service, en frappant parfois un as.». Une imprévisibilité qui l’a aidé à devenir le joueur le plus titré de tous les temps

Mais alors comment apporter quelque chose à un joueur qui semble déjà tout avoir ? “‘Il a juste besoin de nouvelles idées», répond Wilander. Passé 35 ans, le Serbe ne va évidemment pas révolutionner son tennis, qui l’a fait régner sur le circuit, il a plutôt besoin d’un homme de confiance, qui saura lui insuffler quelques idées d’amélioration. Le profil de Nenad Zimonjic, aperçu à l’entraînement aux côtés du Djoker après l’éviction de son entraîneur, plaît beaucoup à notre consultant : «Je pense que quelqu’un qui est un spécialiste du double, comme Nenad Zimonjic, pourrait très probablement convaincre Novak d’essayer au moins d’aller au filet, de servir et de voler un peu plus. […] Si ces nouvelles idées s’accompagnent d’améliorations techniques, comme au filet, alors je pense qu’il aura frappé un grand coup..»

Le profil de l’entraîneur est d’autant plus intéressant que le joueur ne s’apprête pas à embaucher un entraîneur pour construire une carrière, mais plutôt à intégrer son entourage pour la terminer en apothéose. C’est en tout cas l’avis de Mats Wilander : «Parler la même langue est très important quand on est un peu plus âgé pour que l’entraîneur puisse s’intégrer, non seulement dans l’esprit de Novak, mais aussi dans sa famille, avec ses enfants, et devenir pour ainsi dire un membre de la famille. Ce n’est pas une relation qui durera 15 ans. Nous parlons de 2 à 5 ans. J’aime qu’il parte avec quelqu’un de chez lui.»

Plus que sur l’aspect tactique ou technique, le futur technicien en charge du numéro 1 mondial devra savoir plier le dos. Car « Djoko » est un champion exigeant, pas forcément toujours facile à gérer au quotidien sous pression. Début 2023, à Adélaïde, après une difficile victoire en finale face à Sebastian Korda, il présente ses excuses à son clan : «Je tiens vraiment à remercier mon équipe. Merci de m’avoir supporté, merci de m’avoir toléré dans les bons et les mauvais moments, comme aujourd’hui« . La raison? Il les avait littéralement pourris tout au long du match, de son frère à Ivanisevic, tout le monde en avait pris pour son grade. Un personnage capable d’en prendre, mais pour qui Djokovic devrait aussi avoir beaucoup de respect.

Les enjeux sont immenses. Car maintenir au plus haut niveau le joueur le plus titré de l’histoire du sport, c’est avant tout assurer une partie du spectacle sur le circuit. Mais pas seulement. Aux yeux de Mats Wilander, “Djokovic est très important pour les deux ou trois prochaines années car il sera le gars qui posera ces questions tactiques compliquées à Jannik Sinner et Carlos Alcaraz, et même à d’autres jeunes joueurs qui arrivent.”. C’est lui qui les poussera à trouver des solutions, à progresser et à travailler avec l’idée de dépasser, enfin, celui qui gagne (presque) tout.

Une question demeure. Et si le meilleur coach pour accompagner Djoko jusqu’au bout était lui-même ? Le bonhomme se connaît bien et a même laissé planer le doute lors d’une énigmatique sortie médiatique. “Concernant la recherche d’un nouvel entraîneur, je n’ai pas d’idée précise et je ne sais pas s’il y en aura un”, a-t-il soufflé.