« Cuadrilátero », famille nucléaire au bord de l’explosion

Présenté en première mondiale lors de la dernière édition du FIFF, « Cuadrilátero » du Péruvien Daniel Rodríguez Risco est un film aussi corrosif dans son humour que dans sa dénonciation du conformisme qui ronge la classe moyenne.

(Une critique d’Eleo Billet du FIFF 2024)

Adrien (Lizet Chávez), son mari et leurs deux enfants ne font jamais rien l’un sans l’autre. Quatre assiettes sur la table, quatre verres remplis à la même hauteur, quatre sièges dans leur voiture composent leur quotidien. La grossesse d’Adriana va alors bouleverser ce précieux équilibre. Surtout lorsque le plus jeune enfant revendique sa place dans la famille. Sera-t-il possible de remonter le temps ou devront-ils vivre une vie à cinq ?

Il y a tellement de choses à saluer dans le nouveau film de Daniel Rodríguez Risco, qui mérite amplement son Prix spécial du Jury au FIFF. Reprenant le thème de la grossesse de Le Vientre (2014), ici indésirable, le réalisateur interroge, à travers ses décors d’une redoutable précision, les limites de la famille nucléaire. Son obsession de la précision et de l’ordre se reflète dans les gestes synchronisés et les expressions faciales des personnages, vidés de toute âme, de toute émotion.

Presque à huis clos, dans cette belle maison à la piscine d’un bleu irréel, se déroule le drame humain de l’égoïsme et de l’exclusion. La tension vient finalement moins de la grossesse elle-même que de l’arrivée de l’enfant perturbateur, symbolisé par sa naissance, stérilet à la main. Si « Cuadrilátero » manque parfois de subtilité dans sa moralité, ce défaut, seulement en apparence, n’en est pas un, tant le film reste grotesque et explicite dans le reste de sa démonstration. La philosophie qu’il combat est largement illustrée par les livres, tous identiques, d’Ayn Rand, que lisent les enfants du couple.

Composé de nombreuses scènes où l’intérêt réside dans le défilé de visages ou de corps qui se chevauchent dans leurs répétitions, « Cuadrilátero » est un film où la mise en scène statique a toute sa place. Comment mieux représenter l’enfermement de l’individu dans des formes géométriques stériles qu’en filmant, en plans fixes, les fermetures de portes les unes après les autres ou un terrain de volley parfaitement carré où le sang tache la blancheur d’une limite ?

Au-delà de l’exercice de style, tenu jusqu’au bout, « Cuadrilátero » est une comédie noire efficace, ouvertement politique et jouissive qui saura, on l’espère, trouver son public.

4/5 ★

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