« Explosion d’insécurité, écologie punitive… Johanna Rolland est à Nantes ce qu’Anne Hidalgo est à Paris »

« Explosion d’insécurité, écologie punitive… Johanna Rolland est à Nantes ce qu’Anne Hidalgo est à Paris »
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FIGAROVOX/ENTRETIEN – Guillaume Richard, conseiller municipal Horizons à Nantes, réagit aux propos de la maire socialiste, Johanna Rolland, qui estime que sa ville est « plus écologique, plus féministe, plus créative » qu’il y a dix ans.

Guillaume Richard est conseiller municipal Horizons à Nantes.


LE FIGARO. – Dans une interview accordée à Ouest de la France , Johanna Rolland a dit revenir sur dix années de mandat qui ont rendu la ville « plus écologique, plus féministe, plus créative ». Nantes serait aussi « une ville qui soigne et protège ». Comment percevez-vous ces déclarations ? Comment la ville a-t-elle évolué en dix ans ?

Guillaume RICHARD. – Albert Camus a dit que“En nommant mal les choses, on ajoute aux malheurs du monde”. Cet article dans le journal Ouest de la France montre l’incapacité de Johanna Rolland à poser le bon diagnostic de la situation de la ville.

Certaines politiques ont été couronnées de succès, comme c’est le cas de Citad’elles, un centre d’accueil pour victimes de violences conjugales. Johanna Rolland présente d’ailleurs ce projet comme la réussite de son mandat dans l’entrevue accordée à Ouest de la France. Pour le reste, tous les grands projets ont échoué, que ce soit le Parc Jaune ou l’Arbre aux Hérons, projets hérités de Jean-Marc Ayrault. Mais surtout, le point noir de ses mandats reste l’insécurité. En 2014, j’avais défendu – en tant qu’élu – la structuration des forces de l’ordre, affirmant également qu’il fallait installer rapidement des caméras de surveillance dont nous disposions seulement très récemment. L’objectif : préparer l’évolution de notre ville et proposer une vision à long terme car la ville devenait de plus en plus dense et grandissait. Il fallait pouvoir assurer la sécurité des résidents. Cela n’a pas été fait.

Affirmer que la ville est devenue « plus féministe » cela me semble très péremptoire. La première liberté est l’égalité dans le droit de circuler, d’aller et venir. Quand l’ancien préfet de Nantes annonçait, il y a quelques années, qu’il n’était pas raisonnable de circuler dans les rues de la ville après 21 heures, difficile de parler de réussite dans ce domaine. On ne peut pas parler d’égalité des sexes quand les femmes ne peuvent pas sortir dans la rue, au risque d’être agressées. Tout cela n’est que la conséquence d’une alliance politique entamée en 2014 avec l’extrême gauche et poursuivie en 2020 avec le Nupes. Johanna Rolland souhaitait rejoindre Nupes car elle ne pourrait pas être élue autrement.

Le maire n’a pas été à la hauteur des enjeux de la ville de Nantes. Comme Anne Hidalgo, Johanna Rolland a hérité d’une couronne bien trop grosse pour elle. Et l’interview – une double page – en Ouest de la France n’est rien de moins qu’une justification ; Cependant, si l’on peut l’expliquer, c’est parce que les résultats ne sont pas bons.

La ville a été le théâtre de nombreux événements d’actualité ces dernières années. Début janvier, une femme a été violée devant le château des ducs de Bretagne. L’insécurité a-t-elle gagné du terrain à Nantes ? Comment l’expliquer ?

L’insécurité a gagné du terrain, affectant les femmes et les plus vulnérables. Il y a eu – entre 2017 et 2021 – une explosion de l’insécurité, qui s’est manifestée par l’augmentation des violences contre les femmes. Cela s’explique par l’arrivée massive de migrants, comme le reconnaît l’adjoint à la sécurité de l’époque, Pascal Bolo. Nous avons ainsi laissé les gens se débrouiller seuls, produisant des viols et des agressions, car ces populations arrivées en masse n’ont pas été correctement accueillies. Ensuite, nous ne pouvons pas exercer d’autorité lorsque nous dirigeons la ville avec ceux qui prétendent que “la police tue”. On ne peut pas exercer d’autorité et vouloir lutter contre l’insécurité si le comportement des élus est à l’opposé de l’autorité requise dans une ville comme Nantes.

Lire aussi« Ce qui se passe dans d’autres grandes villes nous rattrape » : plongée au cœur du centre-ville de Nantes, miné par l’insécurité

Désormais, on ne peut que constater l’explosion démographique de la ville face à une mairie débordée. Et installer des caméras est nécessaire, mais trop tard pour juguler la crise sécuritaire de la ville…

La situation des femmes s’est-elle améliorée à Nantes ? Peut-on, dans ce cas, parler de ville « féministe » ?

On peut parler d’égalité des sexes dans la fonction publique en termes de salaires ; Nantes Métropole s’engage dans la lutte contre les inégalités salariales, avec cinq ans de retard par rapport à toutes les autres grandes métropoles. Les améliorations ont été nombreuses, mais cette égalité au quotidien ne veut pas dire grand-chose si l’on ne peut pas voyager en toute sécurité. Tous les efforts déployés pour avoir de beaux discours trahissent la réalité : des femmes sont attaquées dans la rue. Heureusement, le gouvernement a envoyé des renforts permettant une plus grande présence policière dans les rues de Nantes, améliorant ainsi la situation, sans toutefois parvenir à une situation optimale.

Nantes était classée parmi les villes préférées des Français dans les années 2010. Selon le dernier classement établi par Ouest de la France en mars 2023, Nantes était en 55ème position…

Ce classement montre que Johanna Rolland est déconnectée de son territoire ; le maire est responsable de ce déclassement. A l’inverse, nous sommes responsables de ce qu’est encore notre ville : une belle ville. Si elle attire moins en raison de la politique menée qui a laissé exploser l’insécurité, elle reste la plus grande métropole d’Occident, qui a toujours su montrer qu’elle pouvait se relever.

Dire à Nantes qu’il y a un vrai problème d’insécurité et que le problème migratoire a été particulièrement mal géré, ce n’est pas être extrémiste, c’est nommer les choses.

Guillaume Richard

Nantes reste une ville merveilleuse avec un énorme potentiel, à condition de lui offrir une nouvelle structure ; nous devons travailler pour une vision à long terme. Nantes a besoin d’un nouvel élan pour redéfinir les besoins locaux et cela doit se faire sans extrêmes politiques.

Qu’en est-il de la politique environnementale de la ville ?

Nous avons laissé à Nupes le sujet le plus stratégique et le plus important : l’écologie. Je crois, pour ma part, que Nantes doit devenir le fer de lance de l’écologie bleue, celle de la mer, l’enjeu stratégique de demain, notamment pour les grandes métropoles de l’Ouest. Malheureusement, à Nantes, les sujets d’écologie et de développement durable ont été laissés à l’extrême gauche qui prône la décroissance et s’oppose au nucléaire, loin d’une politique de long terme.

Le plan vélo aurait pu être intéressant. Dans d’autres villes – comme Lyon – le plan vélo a toujours été construit selon d’autres moyens de déplacement pour structurer et refléter l’organisation de la ville. A Nantes, tout a été organisé pour les vélos, sans penser aux bus et aux voitures. Et cette écologie négative et punitive oppose constamment les peuples les uns aux autres plutôt que de poser l’écologie comme un sujet d’avenir générateur de consensus. Quant à la Place du Commerce, Johanna Rolland souhaite la rendre plus verte après l’avoir entièrement bétonnée, créant des îlots de chaleur… Il y a là un manque de cohérence flagrant et dangereux pour notre territoire.

Je crois aussi qu’à l’échelle métropolitaine, nous devons, comme Christelle Morançais, présidente de la région Pays de la Loire, œuvrer pour l’avenir de notre indépendance énergétique : le nucléaire n’est pas un gros mot, c’est l’avenir de la France. Et sur fond de crise en Ukraine, notre pays a réussi à faire face à l’explosion des coûts de l’énergie, grâce à sa capacité de production nucléaire.

En décembre, vivement attaquée par ses opposants et certains médias, Johanna Rolland s’est défendue ainsi : « Le bruit crée le terreau de l’extrême droite » . Que répondez-vous à cet argument ?

Cet argument est l’arme de ceux qui n’y parviennent pas et qui ont besoin de se justifier. Des mairies comme Montpellier ou Clermont-Ferrand – socialistes – n’ont pas eu besoin de menacer leurs adversaires d’extrémisme. Il est facile d’en parler “l’extrême droite” pour cacher ses échecs. Avec Johanna Rolland, on finira par croire qu’être d’extrême droite, c’est ne pas être d’accord avec les socialistes. Maintenant, il me semble qu’il faut être plus nuancé ; être d’extrême droite, c’est plutôt adopter un discours démesuré, populiste, radical, immédiat… Dire à Nantes qu’il y a un vrai problème d’insécurité et que le problème migratoire a été particulièrement mal géré, ce n’est pas être extrémiste, c’est nommer les choses. .
Pour ma part, je nomme les choses. C’est en faisant cela que nous travaillons et préparons l’avenir, loin des réactions politiques immédiates. Voir loin pour bien faire, comme le dit à juste titre Édouard Philippe.

 
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