Minuit avait sonné depuis longtemps lorsque Pierre Ferracci décrocha son téléphone, le 10 octobre. Au bout du fil, une voix sympathique, mais moins sympathique que d’habitude. “Pourquoi ne me l’as-tu pas dit?” » Emmanuel Macron vient d’apprendre que son interlocuteur – le père d’un de ses meilleurs amis, Marc Ferracci, récemment nommé ministre délégué à l’Industrie – est en pourparlers très avancés pour vendre son club de football. Il s’apprête à vendre le Paris FC (PFC) à un tandem d’actionnaires composé de la famille Arnault, propriétaire du géant du luxe LVMH, et du groupe autrichien Red Bull. Au téléphone, Pierre Ferracci a réussi à convaincre son interlocuteur que la réussite du projet de vente nécessitait une confidentialité absolue. “Je n’ai pas osé dire au chef de l’Etat que si on l’informait, tout Paris le saurait”confie aujourd’hui le président du club du sud de la capitale.
Depuis des semaines, depuis fin avril, les visites se multiplient au siège du PFC. Des commissaires aux comptes ont examiné les livres de comptes, des avocats d’affaires ont été mis au secret, des représentants du groupe Red Bull, dont l’ancien international allemand Mario Gomez, directeur technique de football du cabinet, sont venus observer les modalités de fonctionnement au centre d’entraînement de la Plaine d’Orly ( Val-de-Marne).
Miracle, rien ne s’est passé… jusqu’au début octobre, où L’équipe a révélé les premiers détails de l’opération. Les Arnault, à travers la holding familiale Agache, acquerront dans un premier temps 55% des parts. Le groupe Red Bull, qui possède plusieurs équipes de football à travers le monde et apporte son expertise sportive, investira 15 %. Pierre Ferracci conserve 30% du capital, qu’il devrait céder en 2027, tout comme la présidence du club, qui reviendra alors à Antoine Arnault, fils aîné du patriarche Bernard Arnault. Les deux hommes devraient clarifier leurs motivations respectives lors d’une conférence de presse mercredi 20 novembre.
Pour Pierre Ferracci, cette vente envisagée “pendant longtemps” C’est un soulagement, c’est aussi la promesse d’une grande opération financière, même si aucun chiffre n’a circulé. L’homme d’affaires corse, président du groupe d’audit et de conseil Alpha, est à la tête du Paris FC depuis 2012. Fondé en 1969, le club s’est développé dans l’ombre de son volumineux voisin, le Paris Saint-Germain (PSG). Il existe une rivalité territoriale entre leurs sections de jeunes, tout comme leurs équipes féminines, mais chez les hommes, il n’y a pas de match. Le club de M. Ferracci a stagné dans les divisions inférieures jusqu’à atteindre la Ligue 2, deuxième division du football professionnel français, en 2015.
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