« J’en ai marre qu’on me parle de mon âge » – Coupe de – 16e tour – Cannes-Lorient

« J’en ai marre qu’on me parle de mon âge » – Coupe de – 16e tour – Cannes-Lorient
« J’en ai marre qu’on me parle de mon âge » – Coupe de France – 16e tour – Cannes-Lorient

Qu’est-ce qui fait encore courir Cheikh Ndoye ?

Pour le moment, ce n’est pas la fin de sa carrière ! Je joue encore, ça se passe très bien, je suis en forme, je joue beaucoup de matches. Je travaille, j’aime jouer. Qu’est-ce qui me fait encore courir ? La passion, toujours. Je ne me fixe pas d’âge pour arrêter. Tant que le corps va bien, je continue.

Vous avez rejoint Cannes, en National 2, début octobre.

Le directeur sportif, Sébastien Pérez, m’a contacté et m’a présenté le projet. Cela me convenait. Après l’Étoile Rouge (où il a joué de 2020 à 2024 en National, NDLR)Je voulais rester en .

Avez-vous changé de poste ? Nous vous le demandons car dans le communiqué annonçant votre arrivée, l’AS Cannes indique avoir recruté Cheikh Ndoye, l’attaquant…

Les quatre ou cinq premiers matchs, j’ai joué en attaquant. Ensuite, j’ai été repositionné au milieu. Au fond, le numéro 9 n’est pas mon poste idéal, même si j’ai joué attaquant au Sénégal au tout début. Sinon, j’ai passé toute ma carrière en Europe au milieu. Au Red Star, Habib (A M.) m’a fait jouer attaquant, ça a bien marché, j’ai marqué 11 buts en National (2021-2022). Mais là, je suis revenu à ma position idéale.

Aujourd’hui encore, je cours plus vite que les plus jeunes. Cheikh est vieux, OK, c’est la réalité, je ne peux pas le nier. Mais, à un moment donné, parlez de ma performance.

Cheikh Ndoye

Parfois, pensez-vous à l’époque où vous étiez encore chez vous, à Rufisque, au Sénégal ? Tu étais menuisier…

Bien sûr. Nous ne devons pas oublier d’où nous venons. Quand j’y pense, cela me donne encore plus de force. Je me souviens de m’être levé le matin, de m’entraîner, de prendre mon petit-déjeuner et d’être ensuite allé travailler. Puis j’ai repris l’entraînement. C’est bien que, dans la vie, tout soit possible. Il faut juste s’en donner les moyens et avoir confiance en soi. Nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers. J’ai toujours rêvé de devenir footballeur professionnel.

Racontez-nous le jour où Salif Diao, ancien international sénégalais, vous a envoyé en jugement à Stoke City.

Juillet 2007. Premier voyage en Europe. J’ai 21 ans. Même si rien n’est sûr, je suis heureux et fier. Par rapport aux conditions administratives en Angleterre, on sait que c’est compliqué. J’ai fait dix jours, puis je suis rentré à la maison. Oui, je ne suis pas resté, mais pour moi, c’était une motivation supplémentaire pour montrer que c’est possible. Et ça allait le faire !

L’autre tentative pour lancer votre carrière vous emmène en Arabie Saoudite…

2009. Du jour au lendemain, trois d’entre nous y sont allés pour des tests. Je ne me suis posé aucune question. C’était un contrat de six mois. Malheureusement, je n’ai pas signé. Je me blesse pendant que nous négocions le contrat. Ce n’était pas facile, mais j’ai réussi à le surmonter. Mentalement, j’étais fort.

Cheikh Ndoye, Créteil era (August 2014)

Vous êtes-vous déjà dit que vous deviez dire au revoir à vos rêves de football professionnel ?

Non, même pas. Je savais que j’allais signer professionnel un jour.

Si on vous dit le 25 septembre 2009…

Mon arrivée à Épinal ! Avec Christophe Diedhiou et Ibrahima Seck. Je nous vois descendre à la gare de Nancy, puis monter dans ce minibus en direction d’Épinal. Nous étions trois, nous nous sommes ensuite suivis jusqu’à Créteil. Notre force était la solidarité, l’abnégation et la détermination.

La Ligue 1 vous a découvert lorsque vous avez signé à Angers en 2015. Vous aviez 29 ans. Vous êtes dominant au milieu, vous marquez, le SCO est deuxième derrière le PSG. On a l’impression de marcher sur l’eau. Qu’avez-vous ressenti à ce sujet ?

Je n’ai pas abandonné. J’ai beaucoup marqué (9 buts cette saison en L1). J’ai toujours été attiré par le but. Je me souviens du doublé contre Ajaccio, de celui contre Monaco… Mais le plus marquant reste le doublé à Lyon, lors du dernier match à Gerland (2-0). Bakary Koné était à mon marquage. Ses coéquipiers m’ont dit de ne pas m’abandonner. Je marque deux buts identiques, sur coups de pied arrêtés, avec un coup franc de Thomas Mangani et un corner de Billy Ketkeophomphone. Je fais appel – contre-appel à chaque fois. Cette saison-là, les Français m’ont découvert. Tout le a dit : « Cheikh Ndoye, Cheikh Ndoye, Cheikh Ndoye ! »

Vous vivez beaucoup de choses avec le SCO. En 2017, vous avez atteint la finale de la Coupe de France. Et vous perdez à la dernière minute contre le PSG sur un but contre son camp d’Issa Cissokho.

J’ai toujours cette action en tête. 92e minute de la finale de la Coupe de France. L’histoire retiendra malheureusement que la chance n’a pas été de notre côté. Nous avons un match complet. Le football est cruel.

Vous partez à Birmingham, en Championship, à l’été 2017. Aujourd’hui, feriez-vous le même choix ?

Ce n’était pas un mauvais choix ! Le problème c’est qu’après six matchs, l’entraîneur qui m’a amené (Harry Redknapp) est viré. Toutes les cartes ont été redistribuées. Et, souvent, ce sont les recrues qui sont mises de côté dans ces cas-là. Après, j’ai joué beaucoup de matches, sauf que je n’ai pas toujours commencé (37 matchs en 2017-2018, 28 titularisations).

Avez-vous des nouvelles de John Terry ?

Ce n’est pas mon petit ami.

Votre confusion a provoqué un peu de buzz.

C’était lors d’un derby entre Birmingham et Aston Villa. Un derby toujours chaud. Il a commencé à insulter, ça a commencé comme ça au match aller. Au match retour, j’avais oublié ça. Je pense qu’il s’était bien préparé avec un de ses coéquipiers. Il y a une touche pour nous, j’essaye de mettre la tête. Je les vois parler. L’autre vient et me tamponne. Il tombe et il (John Terry) vient et me pousse. Je l’ai attrapé par le cou. Je prends un deuxième carton jaune et donc rouge.

Si je n’avais pas eu cette blessure, je pense que je jouerais au moins encore en Ligue 2.

Cheikh Ndoye

Dans votre story, il y a bien sûr la sélection du Sénégal. Vous disputez la Coupe du Monde 2018 avec les Lions de la Téranga. Vous êtes éliminé au premier tour en fonction du nombre de cartons jaunes. Vous avez notamment reçu un avertissement en toute fin de match lors de la finale face au Japon…

Je saute, je pousse le ballon, puis il y a (maigre) Sakai pleure. J’ai toujours eu cette étiquette selon laquelle j’étais dur. L’arbitre n’a pas cherché à comprendre et m’a donné un carton jaune lorsque j’ai touché le ballon. Mais ce n’est pas seulement moi qui ai été prévenu…

Avec le Sénégal, en 2019, vous aviez subi une grave blessure aux ligaments du genou. Peut-on parler d’un tournant dans votre carrière ?

Oui, même si je ne peux pas regretter cette blessure car tout enfant rêve de défendre les couleurs de son pays. Je méritais seulement mieux que ça avec l’équipe nationale. Et si je n’avais pas eu cette blessure, je pense que je jouerais encore au moins en Ligue 2. En 2019, j’avais encore un contrat de deux ans avec Angers en Ligue 1, avec une éventuelle reconversion avec eux. Tout a changé à cause d’une blessure.

Vous vous retrouvez sans club en 2019-2020, poussant la porte de France Travail.

C’est dur, parce que tu es footballeur, tu es passionné, tu ne joues pas parce que tu es blessé et peut-être aussi parce que tous les clubs se disent : « Il n’a plus son niveau précédent. Il est vieux. » Ça, en France, c’est quelque chose : dès qu’on atteint un certain âge, on est vieux, on est épuisé. Comme je l’ai dit, je ne suis pas allé dans un centre de formation, je viens du Sénégal… J’en ai eu marre et j’en ai marre qu’on me parle de mon âge : ce ne sont que des chiffres ! Il faut regarder ce que je fais sur le terrain. Aujourd’hui encore, je cours plus vite que les plus jeunes. Cheikh est vieux, OK, c’est la réalité, je ne peux pas le nier. Mais, à un moment donné, parlez de ma performance.

Au Red Star, vous avez connu Habib Beye. On parle beaucoup de lui pour un poste en Ligue 1. Que retenez-vous de lui ?

Honnêtement et sincèrement, il est passionné. Il aime et connaît le football. Il est exigeant. Il aime son travail.

Le terme « faute grave » a toujours été pour moi. Quand je prenais un coup ou une semelle, il n’y avait rien. Cela n’allait que dans un sens.

Cheikh Ndoye

Y a-t-il quelque chose dans votre carrière que vous feriez différemment si c’était à refaire ?

J’ai fait de bons choix, je pense. A l’époque, Angers ne voulait pas renouveler mon contrat et ils m’ont laissé partir. (à Birmingham, 2017). Ce n’est pas moi qui voulais partir. Puis ils ont tout fait pour me récupérer (2018). Derrière, quand j’ai eu cette fameuse blessure, ils m’ont tourné le dos. (Il est toujours en conflit avec son ancien club.) Aujourd’hui, je ne dis pas que c’est un regret, mais c’est mon destin.

Tout à l’heure, vous parliez de ce label comme d’un joueur grand et fort. Cette image vous a-t-elle blessé ?

À un moment donné, cela m’a été préjudiciable. Dès que je suis allé au duel, une faute a été sifflée et j’ai facilement reçu un avertissement. Parfois j’ai fait de mauvais matches parce que je faisais trop attention aux duels… Ça m’a mis en retrait sur le terrain. Cela m’a pénalisé. Les arbitres m’ont dit : « Tu es fort, fais attention. » Le terme « faute grave » a toujours été pour moi. Quand je prenais un coup ou une semelle, il n’y avait rien. Cela n’allait que dans un sens.

Vous avez donc souvent ressenti de l’injustice.

Tout le temps, tout le temps, tout le temps. Je me sentais un peu injuste, oui.

Avez-vous déjà été confronté au racisme ?

Je n’ai jamais été insulté dans les stades. Mais, de temps en temps, j’avais l’impression d’être l’homme noir, l’Africain. Notamment par rapport à mes performances. La saison que j’ai faite en 2015-2016, je ne dirais pas que je n’ai pas été mis en valeur… Mais si c’est quelqu’un d’autre qui fait ça, Angers aurait pu le vendre pour au moins 10 millions d’euros. Mais à l’époque, j’avais aussi 31 ans. Et je le répète, on m’a traité de vieux.

Les joueurs d’Angers seront enfin payés

 
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