« Nous sommes conscients que nous pouvons réécrire une belle page pour ce club »

« Nous sommes conscients que nous pouvons réécrire une belle page pour ce club »
« Nous sommes conscients que nous pouvons réécrire une belle page pour ce club »

Bruno, vous avez pris les rênes des Girondins dans une situation complexe, avec tout à reconstruire. Comment avez-vous abordé ce défi ?

C’est un choix de ma part. Je savais où j’allais. Ce n’est plus un club professionnel, il évolue au quatrième échelon national. Mais il a une grande histoire. En effet, il y a tout à reconstruire. Il y a évidemment beaucoup de travail, notamment avec John Williams côté recrutement. Quand je suis arrivé, le championnat avait déjà repris depuis deux jours. Je n’avais aucun joueur. Nous sommes en train de monter un projet de jeu, un projet de vestiaire. C’est à la fois long et passionnant.

Il a fallu gérer deux groupes distincts, constituer un nouveau staff et mettre en place un modèle de jeu. Comment s’est déroulée cette phase de construction ?

Ce n’est pas fini. Cela a lieu quotidiennement. Les joueurs sont arrivés lentement. Le personnel a également été modifié. Le club est en redressement judiciaire. Malheureusement, il y a eu une vague de licenciements. Il faut intégrer les nouveaux. À part mon adjoint Dado Prso, peu de gens me connaissaient. Il faut faire passer le message rapidement car chaque week-end nous avons une obligation de performance vis-à-vis de la concurrence.

Pourquoi avoir choisi de rejoindre Bordeaux dans un contexte aussi délicat ? Quels ont été les arguments de la direction pour vous convaincre de relever ce défi ?

J’ai été convaincu par deux éléments. C’était une page blanche à écrire avec John Williams (en charge du recrutement, ndlr). Au contraire, c’est aussi excitant de chercher des joueurs qui correspondent à ce que l’on veut faire dans cette division. Cet aspect défi est donc la première raison. La seconde, c’est que j’ai rejoint un club de football français historique.

Quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés cette saison, en championnat et en Coupe de ?

Aucun objectif ne m’a été fixé. Vous savez, quand on arrive dans un club fin août et que le championnat a déjà commencé, ce n’est pas possible d’établir une feuille de route. Nous avions un premier objectif qui était de redonner le sourire à tous les supporters des Girondins de Bordeaux. Ils souffrent depuis plusieurs années. Ils doivent se reconnaître dans l’équipe et prendre du plaisir même si on joue en National 2. Le deuxième objectif, c’est de se reconstruire. Pour ce faire, il va falloir gravir les échelons. Nous voulons tous le ramener à la vie. Maintenant, nous verrons si nous sommes capables de le faire cette année. Pour l’instant, nous sommes en retard sur le calendrier.

Justement, la paie était supervisée par la DNCG. Quelles sont les conséquences pour le club ?

La masse salariale des Girondins de Bordeaux est régulée depuis le début de la saison. Le club est en redressement judiciaire. Les gérants travaillent en étroite collaboration avec le tribunal de commerce. Nous ne pouvons donc pas faire n’importe quoi. Malgré tout, l’effectif saura évoluer sans payer outrageusement un joueur et sans sortir des sentiers battus. Il peut y avoir des départs. Mais aussi, les joueurs peuvent nous rejoindre sous forme de prêt. Aujourd’hui, les Girondins sont étroitement surveillés et encadrés. Tout ce que nous faisons ou devons faire est propre et respectueux pour respecter les décisions de justice et de la DNCG.

Bordeaux reste un club sous le feu des projecteurs, avec des critiques fréquentes sur la direction. Comment gérez-vous cette pression en interne, et comment protégez-vous votre groupe de ces turbulences ?

Nous nous occupons exclusivement de l’athlète. Bien entendu, la situation sportive découle des problèmes et des tensions qui ont pu exister les années précédentes. L’équipe n’est pas en Ligue 1 ou en Ligue 2 mais en National 2. D’un autre côté, on est aussi conscient qu’on peut réécrire une belle page pour ce club historique.

«Nous sommes encore dans cette phase de construction»

Crédit Photo – Icon Sport

Votre équipe s’est qualifiée pour les 32èmes de finale de la Coupe de France (victoire 2-0 contre Les Herbiers). Quelle importance accordez-vous à ce concours ?

Le club est très heureux de disputer la Coupe de France. Avec l’enchaînement des matchs, je peux faire travailler mes joueurs physiquement et tactiquement. Cet été, nous n’avons pas eu de préparation estivale, donc ça permet à l’équipe de rattraper son retard. Pour l’heure, nous n’avons toujours pas joué devant nos supporters dans la compétition. Nous avons à cœur de leur offrir une affiche afin de partager avec eux une rencontre face à un adversaire prestigieux dans cette belle compétition.

L’arrivée d’Andy Carroll a été marquante. Quel est l’impact de son expérience et de son leadership sur le groupe ?

Côté état d’esprit, il est impeccable. Il rejoint les Girondins de Bordeaux en respectant les conditions du club, notamment sur le plan financier. Les joueurs qui viennent chez nous aujourd’hui ne viennent pas pour cet aspect-là. Cela correspond très bien à ce que nous souhaitons mettre en œuvre. Il prend plaisir au quotidien. C’est pour cela que les joueurs sont venus. C’est ce que nous voulons transmettre et inspirer à nos supporters.

Après plusieurs mois à la tête de l’équipe, quel bilan tirez-vous de ce début de saison, tant sur le plan sportif qu’humain ?

L’équipe réserve, qui évolue en National 3, a été aidée par d’anciens joueurs comme Rio Mavuba et Paul Baysse. Ils ont pris une licence pour que nous n’ayons pas de problèmes administratifs. Il y avait aussi cet aspect à prendre en compte. Nous pouvons tirer des conclusions, mais ce n’est pas fini. Cela signifie que mon recrutement n’est pas terminé. Un entraîneur des gardiens est arrivé récemment. En janvier, l’effectif pourrait être renforcé par un ou deux joueurs. Nous sommes donc toujours dans cette phase de construction. Nous ne sommes pas à notre vitesse de croisière. Je pense que nous pouvons l’avoir en février. Malgré tout, nous progressons bien car nous avons posé les bases en termes d’état d’esprit. Avec le travail qu’on peut faire au quotidien avec le staff, on arrive à gagner des matchs pour se rapprocher du haut du classement.

Le championnat de National 2 est assez particulier. Quel est votre avis sur le niveau de ce championnat et ses spécificités ?

Comme le National, il a beaucoup évolué. Il y a de très bons joueurs car ils ont été formés par des clubs professionnels. Avec le passage de vingt à dix-huit équipes en Ligue 1 et Ligue 2, on assiste à un afflux de joueurs vers les troisième, quatrième et cinquième divisions françaises. Évidemment, le niveau augmente. Aujourd’hui, c’est très compliqué car il y a beaucoup de bons clubs qui ont des moyens. Dans notre groupe, vous avez des formations avec des budgets plus élevés que nous. Quand je parle de budget, je parle de masse salariale. A la fin de la saison, les vainqueurs de groupe (soit trois équipes, ndlr) seront promus en National. La tâche sera difficile, mais il faudra se battre jusqu’au bout.

Les supporters girondins vivent une saison particulière, souvent privés de déplacements ou confrontés à des matchs à huis clos. Quel message souhaitez-vous leur adresser dans ce contexte ?

Oui, la situation est difficile. Nous jouons en National 2. Je parle au nom des joueurs et du staff, nous avons toujours ressenti beaucoup de bienveillance à notre égard. Concernant les interdictions de voyager, il y a eu des erreurs. Si la préfecture prend des décisions, elle ne les prend pas de bon gré. Les partisans doivent créer une dynamique positive et faire en sorte que les institutions qui les empêchent aujourd’hui de nous suivre puissent changer d’avis. Nous sommes meilleurs avec eux, c’est un fait. Nous sommes tristes de ne pas pouvoir partager plus souvent des moments avec eux, notamment en extérieur. Maintenant, il faut se débrouiller pour le moment. C’est à nous et à eux de montrer que la beauté du football peut changer certaines attitudes.

Pour résumer

Arrivé cet été à la tête des Girondins de Bordeaux, Bruno Irles a hérité d’un défi colossal : reconstruire une équipe et un staff dans un contexte particulièrement délicat, alors que le club évolue désormais en National 2. L’ancien entraîneur de QRM et de Pau a embarqué sur ce projet ambitieux avec des objectifs clairs et une vision à long terme. Entre les résultats du début de saison, les ambitions en championnat et en Coupe de France, la gestion des critiques extérieures, et l’impact positif d’un joueur comme Andy Carroll dans l’effectif, il se confie sur son quotidien au sein d’un club historique en pleine reconstruction.

 
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