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« Il a tout pour devenir le patron »

Damien Traille, 45 ans : 101 matches avec la Section Paloise (1998-2004 puis 2014-2016), international français 86 fois de 2001 à 2011

« Il aurait pu avoir sa chance dans les grands matches bien avant car il a fait quelques déplacements à Paris, ce qui lui a aussi fait apprendre le haut niveau. Il a fait des débuts tonitruants à Pau. Sa deuxième saison a été plus compliquée mais c’est normal, il a été plus suivi et attendu. Même si chaque étape était importante, j’aurais aimé qu’il soit davantage sollicité un peu plus tôt avec les Bleus.

J’ai l’impression que c’est une force tranquille. J’ai vu quelques reportages sur lui, il est consciencieux dans ses tâches, très réfléchi. Il s’impose un cadre, est très concentré sur sa performance et se donne les moyens d’y arriver. Il n’attend pas que les travaux soient faits, il étudie tous les aspects et axes d’amélioration. C’est ce qui fait sa force. Le rugby actuel veut ça aussi. Désormais, les jeunes sont mieux entourés et ont plus d’opportunités de jouer tôt dans un club.

Les Blacks, une étape importante

Aujourd’hui, il peut occuper deux postes, centre ou ailier. Il est toujours constant dans ses performances, c’est une donnée importante. Il fait peut-être moins de éclaboussures qu’au départ, mais il n’a pas non plus de creux. Il a progressé mais a encore beaucoup à apprendre et son expérience avec le XV de lui sera bien utile.

Il manque de confiance, ce qui viendra peut-être du fait de jouer avec les meilleurs Français. Il a débuté contre le Japon alors que la compétition était rude, et a rejoué contre les Noirs. Affronter (et battre, NDLR) la Nouvelle-Zélande, c’est quelque chose d’important dans une carrière. Tout cela le fera évoluer et sera également bénéfique au club.

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Julien Fumat, 37 ans : 308 matches avec la Section Paloise (2005-2021)

« Ses dernières sélections sont tout à fait méritées. Il entre en concurrence avec Fickou qui est installé depuis un moment. Mais au vu de ce qu’il produit depuis trois saisons, Émilien Gailleton est déjà une référence au niveau français.

Là où il fait le plus de progrès, c’est dans les petits espaces. Lors de sa première saison à Pau, il a surtout brillé grâce à ses courses à intervalles larges, profitant des écarts des autres. Maintenant, c’est lui qui met ses coéquipiers dans des trous, les fait jouer. Il est super fort, sa justesse technique est impressionnante à ce petit jeu. Il s’est vraiment développé offensivement.

Je vois beaucoup de similitudes avec Conrad Smith, avec qui j’ai travaillé à la Section Paloise, par rapport à ces premiers appuis pleins de vitesse et de changements de direction dans ces espaces restreints. Défensivement aussi, ils ont des attitudes parallèles, la même capacité à lire les attaques adverses. Pour moi, Gailleton, c’est une assurance tous risques pour la défense. Il possède une excellente vision et compréhension du jeu, des qualités physiques qui lui permettent de tacler bas ou haut.

« Des choses simples bien faites »

Je dirais qu’il peut s’améliorer techniquement sur ses passes larges, quand il y a des espaces plus grands. Il joue bien ses duels mais peut améliorer ses transmissions.

Il se développe beaucoup, est beaucoup plus complet. Et même s’il est traqué, il s’adapte. Il a tout l’avenir devant lui, il va devenir le patron, a tout pour s’imposer comme 13ème en équipe de France. Il assimile tout, le niveau et les exigences attendues à chaque fois. Il a la tête sur les épaules, cela se voit dans la rapidité avec laquelle il s’est adapté au niveau Top 14. Il est fait pour ça, a tous les arguments pour réussir sur et en dehors du terrain.

Comme le disaient les Néo-Zélandais à Pau, il faut des choses simples bien faites. Il l’illustre parfaitement, son niveau moyen est très bon. Vous vous en doutez, il était capitaine de la Section à 21 ans contre Toulouse. D’accord, il lui manquait du monde, mais cela témoigne de sa place dans le groupe et de sa capacité à gérer la pression, les attentes, dans une position où peu de joueurs, encore moins les jeunes, assument ce rôle.


Incontournable à Pau, Emilien Gailleton brille notamment par la qualité de son accompagnement.

Nicolas Sabathier

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Jean-Charles Cistacq, 50 ans : 128 matches avec la Section Paloise (2000-2007), international français une fois en 2000

« Tout le monde est là pour cette tournée d’automne au centre, sauf Nicolas Depoortere, qui est blessé. Je veux dire que si on ne le met pas contre le Japon, c’est compliqué de gérer son effectif après. Galthié est très doué pour ça, il n’a pas peur de la compétition ni de l’intégration des jeunes.

Gailleton est déjà très bon et a la marque des très grands joueurs : techniquement et physiquement, tout le monde en Top 14 est à peu près égal. En revanche, les meilleurs anticipent davantage et se positionnent mieux sur le terrain. Quand on le voit, on se dit : ‘Merde, il est partout.’ Mais en fait, il est souvent en avance et toujours au bon endroit, car il possède une grande intelligence situationnelle. Il l’avait déjà mais l’accentuait encore plus.

Petits détails manquants au niveau international

À un moment donné, quand tu vas très vite (il a été flashé à 35,5 km/h à Marcoussis, NDLR), quand tu es technique et que tu sens les coups, ça fait la différence offensivement et défensivement. Et en plus, il est régulier… Même s’il est moins bien physiquement, mentalement il s’accroche et fait le job. Il est peut-être moins brillant mais ne sous-performe pas, alors qu’il est toujours difficile de digérer une première saison à haut niveau. Sur un ou deux ans, on peut faire des matchs fous. Sur dix, c’est beaucoup plus difficile.

Au niveau international, il lui manque encore deux ou trois petits détails, notamment en défense. Il est bon mais peut atteindre un niveau. Physiquement, il n’est pas impressionnant donc il se rattrape. Contre le Japon, il a raté deux fois. A ce niveau, ça se voit plus vite et ça peut effrayer le staff. Un centre efficace doit anticiper les mises en place des gardiens et récupérer les ballons.

L’avenir est tellement lié à différents facteurs. S’il est épargné par les blessures et que les résultats en club suivent, je pense qu’il restera en équipe de France. Actuellement, il fait déjà partie des six centres potentiels des Bleus avec Costes, Depoortere, Frisch, Fickou et Moefana.

Une progression évidente selon les chiffres

Contrairement aux impressions, si la première saison d’Emilien Gailleton en Béarn a été flamboyante, avec 14 essais, soit le meilleur total du Top 14 2022-23, la seconde a été bien plus aboutie dans tous les secteurs. Déjà, l’ancien international U20 s’est imposé comme un titulaire indiscutable à la Section Paloise (1632 minutes contre 1906).
Même si l’on pondère les statistiques du DSAS avec cet écart de temps de jeu, tous les chiffres étaient nettement à la hausse. En 2023-2024, le centre a perdu moins de ballons (22 contre 16), a réalisé plus de centres (16 contre 18), a battu beaucoup plus de défenseurs (23 contre 41) et a multiplié les courses avec le ballon de manière spectaculaire (129). contre 161).
Logiquement, Gailleton a gagné plus de mètres ballon en main (786 contre 817) et s’est montré plus menaçant sur la ligne d’avantage (88 centres contre 104). Symbole de l’évolution de son rôle dans le jeu béarnais, il a surtout réussi beaucoup plus de passes (62 contre 97). En revanche, il a toujours été un peu bancal défensivement (48 plaquages ​​manqués contre 44). Et sur le premier tiers de la saison en cours, la plupart de ces chiffres sont proportionnellement en baisse.

 
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